If You Only Knew... ♫♪

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une. J'avais compris ce soir, compris que je n'avais qu'une seule vie et que j'étais prêt à la voir se terminer dans les bras de Swan. Compris que cette fausse seconde existence allait être brève mais bien assez intense pour compenser sa durée. Tant pis pour les risques encourus, tant pis pour la faucheuse que j'entendais déjà rire de l'autre côté de la porte... Je me sentais vivant comme jamais auparavant, entier et libre. Douce illusion amplifiée par la confiance qu'elle me portait, par ses regards tendres et ses sourires. La lumière dans l'obscurité, lumière qui n'était en fait qu'un reflet sur la lame tranchante de la guillotine. Mais je lui confiais volontiers tout ce que j'avais, mon âme, ma carcasse, mes espoirs. Plus rien n'avait d'importance et ce moment n'avait pas de prix.

Je savais que j'étais privilégié d'être ici, que c'était inespéré. Quelles étaient les chances qu'elle m'accepte ? Qu'elle me trouve digne de partager ces quelques heures avec elle ? Étais-je un second choix ? Avais-je simplement eu la fortune d'être au bon moment au bon endroit ? J'aurais dû me poser la question à deux fois, réfléchir, renoncer même. Il était égoïste de profiter ainsi de sa faiblesse, de cette inattention qui était la seule explication de mon bonheur. Une torsion de l'espace temps, un problème quelconque de continuum... J'avais tenté d'y renoncer, d'être raisonnable, de lutter. Mais je n'ai qu'une vie et je peux au moins essayer, tenter d'être à la hauteur, lui offrir tout ce que je possède pour la rendre au moins un peu heureuse, pour qu'elle ne regrette pas trop... Qu'elle garde un bon souvenir de cette erreur au moment de me jeter comme une vieille chaussette.

Et pourtant les cicatrices que je devienne sous mes doigts font renaître un espoir improbable au fond de mon être. Elle est profondément gênée par leur présence, lourd secret que nous n'avions qu'évoqué dans la rue, pas du genre à être exhibé au premier venu... Ai-je raison de croire que je ne suis pas n'importe qui ? Puis-je réellement croire en ma chance ? Il me reste encore quelques neurones mais ils sont concentrés sur elle, sur son regard si triste, sur la douleur que je ressens sous ses traces indélébiles. Swan m'offre un bout de son âme, une partie de sa vie, un trésor. Et il m'est insupportable qu'elle puisse penser un instant que ce cadeau puisse me dégoûter, qu'elle puisse imaginer une seule seconde ne plus être désirable pour avoir trop souffert. Elle n'en est que plus magnifique encore, plus admirable et merveille... Ne me rendant que plus amoureux encore, la mort se marre derrière la porte, elle attendra l'aube.

Elle attendra que j'ai terminé mon aveu silencieux, que j'ai offert mon âme à Swan. Car c'est l'idée, je veux lui faire cette offrande et quitter la chambre en n'étant plus qu'une enveloppe vide. Autant me préparer à l'inévitable non ? Cette unique chance d'effleurer le bonheur avant que la belle ne réalise que je ne suis que la bête et que ses baisers ne me changeront pas en prince charmant. Je lutte encore contre le monstre en moi mais il est là et, même sans lui, je ne suis que moi, un triste rien qui ne lui arrive pas à la cheville. Dévorer son corps dans un ultime effort de lui prouver sa valeur, m'imprégner de son odeur pour ne pas partir les mains vides, vivre chaque seconde comme si c'était la dernière... Je n'ai pas le droit de lui dire ce que je ressens, ce serait faire tomber la lame beaucoup trop tôt... Mais je peux lui montrer et je ne vais pas me priver. Je n'ai qu'une vie qui commence et s'achève ce soir, plus de temps à perdre.



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♛ If You Only Knew...

Je ne méritais pas tout cet élan de bonheur. Je ne méritais pas même que Nathan daigne poser son regard sur moi. Je n’avais rien de plus que certaines, au contraire j’avais tout à envier. Je ne suis pas de celles qui ont une personnalité forte, celle capable de lutter ou de taper du poing sur la table. Je n’ai rien d’une guerrière quand bien même je le revendique, je ne suis qu’une fille de la rue, abandonnée par ses piliers et cherchant à se battre pour survivre. Saltimbanque de la vie, amoureuse de celle-ci malgré les hauts, malgré les bas. Nathan n’avait pas tort me concernant : je suis une âme en péril, divaguant entre le mal, le bien, penchant toujours plus pour l’un malgré l’envie d’aller vers l’autre. Je ne méritais pas ses mains, douce caresse sur ma peau informe. Je ne méritais même pas qu’il découvre ce triste rouage de mon passé. Je ne mérite pas Nathan Carter, beau blond au regard perçant. Un visage angélique encadré par sa chevelure d’or et ses traits emplis d’une certaine candeur. “ Où étais tu quand j’avais le plus besoin de toi ? “ semblait demander mes yeux, le contemplant avec tendresse alors qu’il explore mon corps, en devinant les moindres détails sans en omettre un hectare. A-t-il seulement conscience de l’attraction physique créé par ses mains sur mon organisme interne ? Une myriade d’étoiles qui explorent mes veines, naissant sous ses empreintes. Je n’étais qu’une petite chose fragile entre ses mains, le laissant me manipuler et décider de lui-même de la marche à suivre. Je venais de faire un pas en avant, acceptant sans sourciller s’il devait préférer en faire deux en arrière. Je me pliais à sa volonté, soumise à ses mots comme à ses lèvres, le corps pratiquement offert à la torture. Je ne voulais pas l’obliger à m’aimer comme j’étais réellement, prête m’éteindre éternellement s’il devait fuir ce soir, écœuré par la vision de ces cicatrices.

Elles ne me facilitent pas la vie, c’est le moins que l’on puisse dire. Déformation physique qui fait penser à des boyaux serpentant sur mon ventre, parfaite représentation de mon entêtement. Celle de ne pas vouloir écouter les médecins, vivre dans le déni et s’imaginer que rien ne pourrait jamais nous atteindre. Le même déni que j’ai eu au sujet d’Alfonso, incapable d’ouvrir réellement les yeux sur les sévices qu’il m’infligeait. Aveuglée par quelque chose qui ressemblais à de l’amour, douce escroquerie et contrefaçon. Je me pensais invincible, celle qui pense que sa peau ne marque pas malgré les coups. Malgré les hématomes et les entorses. Celle qui ne vois même pas les bleus se former sous ses yeux, nourrissant le déni comme on nourris l’espoir de nouveaux jours. Ne pas se plaindre, accepter en espérant que cela change. Laisser le karma se charger de la négativité et attendre son heure. Je n’étais pas patiente, sombrant jours après jours accompagnée de mon amie la douleur. Cette dernière me mettait souvent en garde, me confiant que notre prochaine rencontre serait probablement la dernière. Pas un adieu définitif, juste ployer sous les coups libérateurs. Peut-être était-ce mon désir le plus profond ? Laissez faire pour mieux m’enfuir. Attendre que la faucheuse vienne me tendre la main. Juste partir et accéder à une vie moins oppressante. Une vie où je ne comblerais pas un manque affectif dans les bras du premier pervers venu, où je serais écoutée et guidée par des figures parentales descentes. Juste un semblant de normalité dans un monde devenu fou. Me laisser l’occasion de pouvoir hurler et ne pas être ignorée, inquiéter les gens de mon état de santé. Passer prioritaire dans la valse des déprimés, juste une fois ! Penser un peu à moi.

Peut-être que je suis morte finalement ? Gisant sur l’asphalte humide, le sourire aux lèvres et la jambe en angle droit. Le bitume scintillant, un peu rougeâtre par le sang qui s’écoule trop rapidement, allongée sur le dos mais insensible à l’éclat de douleur lancinant dans mon corps. J’étais trop habituée à avoir mal, imperméable à la souffrance. Juste une poupée de chiffon jetée au sol, offerte à la pluie qui clique sur le revêtement déchiré du casque semi-ouvert sur mes yeux. J’avais rendu mon dernier souffle trois ans plus tôt, suivant la lumière blanche prometteuse d’un meilleur avenir. Ce phare dans la nuit qui me guide, m’attire à lui jusqu’à m’emmener dans un ailleurs. Cet univers parallèle dont je ne soupçonnais pas l’existence. Un univers où je suis là, dans les bras de Nathan Carter. L’ange gardien attitré qui a mis du temps à arriver, qui n’a malheureusement pas pu influer sur ma vie avant que je ne rende l’âme. Je regrette d’ailleurs tellement qu’il n’ait pas été là, capable de me protéger de ce démon au sourire faussement angélique. Réparé un honneur perdu à jamais, me protéger des futurs coups et me promettre que jamais plus on ne me fera de mal. Si seulement j’avais croisé plus tôt sa route, provoquant le destin mais m’attendant à ce que le futur ne soit plus celui que l’on connaît aujourd’hui. Comme nous le disions plus tôt au restaurant, si nous en sommes là aujourd’hui c’est pour une bonne raison. “Back to the futur” m’a appris très jeune que changer son passer pourrait avoir des conséquences gravissimes sur notre avenir. Alors le mieux c’est d’accepter. Accepter la négativité pour mieux apprécier la positivité. Parce que je ne pouvais pas rêver meilleur tournant dans ma vie si triste que des baisers enflammés de la part de Nathan Carter.  

If You Only Knew... ♫♪

J'avais envie de lui dire, de tout avouer, d'ouvrir mon cœur une bonne fois pour toute afin de mettre fin au doute et à cette torture atroce qui traumatisait mon âme. Lâcher ces deux petits mots pourtant si lourd de sens pour ne plus lui mentir et pour lui permettre de faire demi-tour dès maintenant. Finalement, il était égoïste de les garder ainsi pour moi, de les taire sous des baisers pour lui faire croire que j'étais normal... Qu'allait-elle penser en réalisant que ce n'était pas le cas ? En apprenant que j'étais un vil menteur qui s'était joué d'elle ? Elle allait fuir... Mais elle allait fuir de toute façon alors pourquoi ne pas retarder un peu l'échéance et en profiter pour lui apporter un peu de plaisir ? Plaisir égoïste là aussi car j'en prenais sans doute autant qu'elle à dévorer ainsi son corps si parfait malgré les traces d'un passé trop douloureux. Soudainement, je comprends mieux la peur du personnage dans Qui es-tu Alaska qui était de perdre quelque chose d'important qu'il ne peux pas retrouver alors que qu'il en a besoin. Cette peur du type qui a perdu ses lunettes et à qui l'opticien annonce qu'il n'y en a plus une seule paire dans le monde entier, qu'il devra faire sans dorénavant... Swan est cette chose dont j'ai besoin et que j'ai peur de perdre, cet être bien trop précieux qui s'est emparé de mon âme avec un seul sourire. Comment avais-je pu ne pas m'en rendre compte avant ? Comment avais-je même pu exister sans elle ? Triste destin de retrouver quelque chose de si important pour le perdre presque immédiatement mais, au moins, je mourais en ayant été heureux et en ayant frôler le paradis de très près.



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♛ If You Only Knew...

Je me sentais comme Cendrillon après minuit, dévalant les marches d’un château trop grand en quête d’un peu plus de temps. Prolonger la valse de l’euphorie qui n’est plus dû à l’alcool, profiter éternellement de cet instant jusqu’à succomber dans ses bras au douzième tintement. Juste ignorer les conseils d’une marraine trop permanentée, braver les interdits et embrasser les vices. Parce que ça ne pouvait pas finir autrement. Mon corps partiellement dénudé réclamant déjà ses caresses, pointilleux sous la brise trop légère qui glisse sur ma poitrine. Parce que je ne voulais pas que ça finisse autrement, trop proche de lui pour m’en séparer. Trop dépendante de ses lèvres pour espérer m’en passer. Je commençais à m’imprégner de Nathan Carter comme on cède à un virus, le laissant glisser dans mon organisme jusque dans mes veines. Je savais qu’il me serait néfaste, que j’allais mourir d’une overdose. Mais c’était plus fort que moi, je ne voulais pas le laisser partir. Je ne pouvais pas. Plutôt perdre la vue et progresser à reculons. Mais ça finirait par arriver. Ses mains sur mes blessures, il finira un jour par se rendre compte que ce n’est pas ce à quoi il aspirait. Que ça ne l’attire pas, se mentant à lui-même en pensant avoir déjà été épris par cette informité. Il ouvrira un jour les yeux, se rendant compte qu’il mérite mieux qu’une Indienne au bagage émotionnel trop important. Parce qu’espérer vivre sa vie avec une ingérable, ce n’est pas envisageable. Les larmes, cette facilité lamentable à ployer sous l’angoisse et l’anxiété. Ressentir tout trop fort, comme au bal d’Halloween où j’ai cru mourir, oppressée par le noir environnant. Offrant par ailleurs une image de moi qui devais être triste à voir. Ceci explique cela. Son absence tout ça... CQFD.

Si sensible dans un monde si cruel, la marguerite sur un champ de bataille. Douce et candide jeune femme qui ne trouve pas sa place. Intégrée dans un puzzle où il n’y a pas sa forme, errant sans cesse comme à la recherche de son âme sœur. Nathan n’avait pas tort me concernant : je suis une véritable âme en perdition, déchue du paradis et cherchant à accomplir son dessein. Comme dans ce livre dont je parlais à l’appartement, trouvant des similitudes entre nous et les personnages principaux. Deux corps à la dérive en quête de l’amour, clé de la paix entre le ciel et les bas-fonds. Nate était mon ange gardien comme j’aime le lui rappeler, sauveteur de mon cœur prêt à s’éteindre. Ce dernier trop malmené par les défis de la vie, prêt à rendre son dernier souffle. C’était sans compter sur l’apparition soudaine de ce beau blond dans ma vie, bouffée d’oxygène dans un monde qui me paraissais immergé dans l’océan. Une ville sous-marine où j’étais la seule à me noyer. Jusqu’à ce qu’il m’attrape, m’aidant de son baiser à trouver la force nécessaire pour me faire pousser des bronchites. Je ne remercierais jamais assez le ciel pour ce cadeau, me considérant encore comme pourris gâtée et ne méritant pas autant d’amour et de tendresse. C’était trop. Trop agréable. Trop impressionnant. Trop salvateur. Trop de trop mais jamais trop. Je brûlais d’envie de lui révéler mes sentiments, crever l’abcès pour me décharger de l’entièreté des poids sur mes épaules. Lui offrir une chance de s’échapper, de m’abandonner pour la dernière fois et de vivre la vie qu’il méritait. Mais le paradoxe voulait que je ne puisse pas trouver le courage de le faire, les mots se bloquant dans ma gorge, incapable de sortir. J’avais peur de le perdre, qu’il disparaisse à nouveau et ne plus trouver aucun sens à ma vie. Un nouvel abandon est un fort risque pour ma santé mentale. Nous voici dans une impasse : je voulais lui laisser le choix mais ne pouvais pas prendre le risque de me révéler un peu plus à lui. Souffrir éternellement de mon mutisme et nager dans les regrets jusqu’à la fin de mes jours, c’était ça mon destin. Rien ne sert de lutter, il faut savoir se laisser bercer...

Et c’est un courant de sensations divergentes qui traverse mon corps, m’emportant au loin dans les abysses profonds d’un océan de sentiments.

If You Only Knew... ♫♪

Je ne découvrais pas que le corps de Swan ce soir, je découvrais aussi tout un panel de sentiments nouveaux et une nouvelle partie de moi dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence. Nathan Carter tel que je le connaissais était mort avant même de franchir la porte de cette petite chambre d'hôtel, il était mort à la sortie du spectacle, perdu contre les lèvres de cette femme bien trop parfaite pour lui... Ce qui était né à sa place ? Je l'ignore encore, trop emporté par la rafale de sentiments qui ravageaient mon être et me rendaient fou, trop hypnotisé par sa peau si douce et la chaleur de son corps offert ainsi à ma vue. Je crois en fait que je n'étais plus rien, juste une enveloppe charnelle incapable de raison et ne vivant que pour les soupirs de la belle. Mais que demander de plus ? Pourquoi exister autrement que pour ça ? J'étais heureux, plus vivant que jamais malgré tout, sa peau ayant un goût de paradis sur mes lèvres indiscrètes. Jamais je n'avais pris autant de temps et de plaisir à explorer le corps d'une femme et je ne voulais plus en explorer aucun autre, celui-ci était bien trop parfait et me faisait bien trop d'effet. Swan l'ignorait encore mais elle me possédait tout entier à tout jamais, c'était la seule chose dont j'étais absolument certain.  



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♛ If You Only Knew...

Je n’ai plus conscience de rien. Que ce soit le corps de Nathan sous le miens ou la nébuleuse qui me sert de pensée, j’ai l’impression de planer. Virevoltante, trop heureuse pour former une ébauche cohérente. Le seul fait de sentir ses mains parcourir mon ventre a suffi, délicieuse irruption volcanique qui se déchaine dans mon cœur. Je n’ai plus le contrôle, même pas mon souffle qui se joue de moi et me met en apnée pendant plusieurs minutes. Il est le seul maitre de mon état, propageant cette douce folie en laissant ses doigts me découvrir un peu plus en profondeur. Propager la dépendance, laisser ce poison s’insinuer dans mes veines. Je suis déjà tellement folle de lui, impossible d’imaginer pouvoir ressentir davantage. Et pourtant, ce besoin quasi obsessionnel est bien présent, ce besoin de vouloir simplement me fondre en lui et me lover contre son âme. Je suis irrécupérable, plongeant la tête la première dans cette malédiction appétissante qui nous relie. Je n’ai pourtant mordu dans aucune pomme, croisé la route d’aucune sorcière aux idées vengeresses. J'ai seulement vendu mon âme et à des fins tendancieuses, me lançant à corps perdu dans l’exploration de son corps que je devine parfaitement bien dessiné. Il n’était pas question de plus jusque-là, le semblant de pudeur qu’il me restais semblait être un parfait obstacle. De qui je me moque ? La fureur dans mes reins voulait bien plus qu’une simple étreinte, trop désireuse de connaître la sensation d’une peau contre peau. Malgré la peur et l’impression de sombrer dans l’inconnu, je voulais me laisser allez à ce désir trop important pour être ignoré. Parce qu’il n’existait plus que lui et ce besoin trop pressant. Un besoin mêlé à la peur de tout perdre au petit matin. J’étais réellement Cendrillon, me battant avec l’aube pour prolonger le rêve. Avec l’aube et mes craintes de ne pas être à la hauteur.  

If You Only Knew... ♫♪

C'était à la fois étrange, effrayant et grisant. Un monde à part, un nouvel univers duquel je n'avais même jamais osé rêver. Je me sentais être le plus heureux des hommes tout en me sachant condamné, je voulais que le temps ne s'arrête jamais tout en étant impatient de découvrir la suite, un paradoxe improbable qui me faisait me sentir tout à la fois. Perdu contre ses lèvres, enivré par son parfum et le goût trop sucré de sa peau, je perdais bien à une vitesse folle, comme en chute libre dans un gouffre sans fond. Allais-je y survivre ? À en juger par mon souffle trop court et mon rythme cardiaque trop rapide, il y avait fort à parier que non mais qu'importe, je ne voulais échanger ma place pour rien au monde, trop docile et trop béat pour souhaiter ma propre survie. Swan tenait ma vie entre ses mains si douce qui semblaient si fraiches sur mon corps brûlant. Qu'arrivera-t-il demain ? Quelle importance ! Aujourd'hui et le seul moment qui compte, ces précieuses secondes dans ses bras sont la seule chose qui ait de l'importance. Demain est un autre jour que je ne verrai peut-être pas.



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♛ If You Only Knew...

Il y a dans l'amour quelque chose qui ressemble à la foi. C'est une sorte de confiance aveugle. L'euphorie la plus douce. La magie d'établir une relation avec un être au-delà de notre moi familier, limité. Mais si on se laisse emporter par l'amour il devient une sorte de dogme une fixation. La douceur se change en amertume. Nous souffrons entre les mains des dieux que nous avons nous mêmes crées. C’est paradoxal : l’amour provoque la douleur qui engendre l’amour. Délicieuse boucle temporelle qui se répète en boucle. Nous créons notre propre malheur en espérant avoir trouvé le bonheur, bien conscient qu’il existe une date de péremption.  
J’avais comme l’impression d’être l’héroïne d’un Thriller des années 2000, bousculée par le temps mais cherchant quand même à le prolonger.  

Je cherchais un sens à ma vie, voyant les minutes défiler et disparaître sans jamais pouvoir les rattraper, spectatrice démunie d’une vie qui s’écourte. Contempler la lente ascension des aiguilles qui progressent dans un tic dans un tac oppressant, prête à ployer le genou aux derniers tintements de minuit. Je me sentais prisonnière d’une attirance vouée à l’échec, m’offrir à Nathan sans concessions et espérer qu’il n’y ai pas d’Iceberg pour faire sombrer mon cœur. Le Titanic était mon cœur, Nathan son Iceberg. Un jour viendra où il me brisera, détruisant tout sur son passage sans possibilité de survie. Je le savais, c’était écrit dans les étoiles que je m’obstinais à contempler, regrettant de ne pas en comprendre les prédictions. Aveuglée par la chaleur de son corps, par ses battements qui se fient aux miens, je me meurs dans ses bras à mesure que mon temps s’écoule. J’étais condamnée, dépendante de lui, incapable de me satisfaire d’autre chose que de ses caresses.

Mon corps le voulait, il en redemandait, m’empêchant presque de respirer pour satisfaire ce besoin lancinant. J’étais capricieuse envers moi-même, désireuse de préserver le peu de barrières qui reste autour de mon cœur mais brûlante de tout envoyer valser pour l’encourager à me toucher plus profondément. Indécise, je le contemplais les joues brûlantes, prête à susurrer des mots que je censure par principe. Je voulais lui prouver la force de mes sentiments à travers des mots, ceux qui ne sont pas anodins, ceux qui bouleversent une vie en si peu de temps. Je voulais lui offrir comme une promesse, douce certitude de ne plus pouvoir avancer sans lui. Déclaration prématurée qui risque de ne pas passer. Penser qu’il partage ne serait-ce qu’un quart de ce que je pourrais ressentir à cet instant ? Ce serait miraculeux. Mais impossible. Quoi qu’il en dise, je me doute que l’euphorie du moment nous pousse à assouvir le moindre vice, tous deux conscients que demain sera un autre jour. L’aube est destructrice, annonciateur d’un lendemain qui sera moins bien que le précédent. Je vais défaillir sous le joug de mes sentiments naissants et je m’en moque. Tout ce qui compte à cet instant c’est qu’il me touche, qu’il lise mon amour à travers mes yeux ébahis, qu’il ressente les frissons qu’il provoque en me caressant. Je veux qu’il me sente, qu’il succombe à l’appelle du démon comme je l'ai fait. Et advienne que pourra...

If You Only Knew... ♫♪

Croire que nous avons le choix, qu'il est possible d'avoir un semblant de contrôle sur notre cœur et sur nos sentiments, espérer pouvoir raisonner clairement et en toutes circonstances. Quelle belle erreur ! J'ai pourtant tenté de me convaincre que je ne devais rien ressentir pour elle qui était trop parfaite pour moi. J'ai tenté de taire mes sentiments à son égard en sachant qu'ils ne pouvaient pas être réciproques et que cette histoire ne pouvait que mal se terminer. Douce illusion soldée par un cuisant échec que je ne pouvais pas regretter alors que nous étions seul dans cette chambre à atteindre en choeur un paradis que je ne pensais jamais pouvoir apercevoir. Tant pis. Tant pis pour ma sanité, tant pis pour mon âme, tant pis pour mon cœur. Quelles que soient les conséquences de ce moment trop pur, rien n'avait plus d'importance. Je voulais juste perdre le contrôle, perdre tout ce que j'avais en échange de ce frisson bien trop intense et délicieux. Si je devais mourir demain, j'aurais au moins pu mourir plus heureux que je n'aurais jamais pensé pouvoir l'être. Chaque seconde compte bien que le temps semble étrangement suspendu. Tout est plus précieux que le plus précieux des trésors et j'en capture l'essence du mieux qu'il m'est possible de le faire, cherchant à garder en mémoire ses courbes parfaites, la douceur de sa peau sous mes doigts, ses soupirs délicats à mon oreille... Je ne veux rien oublier, rien perdre... Un réel paradoxe qui me transporte dans une autre dimension que j'aimerai ne jamais devoir quitter.



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