♛ Confidences pour confidences

C'est lors d'une belle matinée de novembre que je décide de prendre la route jusqu'à l'appartement de Ruby. Le ciel est lumineux de par son soleil éclatant mais l'atmosphère reste fraîche. Halloween est à peine terminé que Noël pointe déjà le bout de son nez avec ses températures de saison. J'ai toujours bien aimé cette période hivernale où le sol enfile sa couverture de neige et où ont ne vois plus la couleur verte des sapins. C'est tellement différent du mois de novembre Indien où les températures ne dépassent pas les vingt-huit degrés. Je dit ça comme si j'y avais vécu alors que ce n'est pas le cas, je suis simplement très attachée à mes origines. 
C'est donc vêtue d'un long trench et de bottines rembourrées que je part à l'assaut du vent pour rendre visite à mon amie. C'est devenu une habitude pour moi de débarquer spontanément chez la belle blonde, même son fiancé s'est habitué à mes visites et n'émet plus aucune opposition à ma présence. Faut dire qu'il n'a pas trop le choix, c'est tout bonnement impossible de passer plus d'une semaine sans parler à Ruby, ou inversement proportionnelle. Plus qu'une meilleure amie, elle est au courant des moindres détails de ma vie et des maux qui en font partie. Je ne peux rien lui cacher, elle lis en moi comme dans un livre! Consciente de la situation de précarité dans laquelle je suis avec mes frères, elle a souvent voulu apporter sa contribution financière pour me venir en aide. Mais je ne voulais rien lui devoir, préférant me débrouiller seule. Le seul fait qu'elle soit présente dans ma vie pour me soutenir moralement était déjà suffisant! 
Sur le chemin menant au loft de la belle, je passe dans une boulangerie pour acheter des viennoiseries. En sortant du commerce pour me remettre en route, je me demande si apporter une bouteille de vins n'aurait pas été plus adéquate ? De toute façon, je ne doute pas du stock personnel de la belle blonde qui est digne d'une cave à vins Bordelais. 

« Bonjour bonjour belle hirondelle!! » je m'exclame gaiement en passant la porte du loft de Ruby. Ça faisait bien longtemps que je ne faisait plus de manières à toquer pour signaler ma présence, connaissant les codes de l'entrée et la disposition des clés de secours. Une vraie squatteuse! Je me déchausse en fredonnant, portant à bout de bras les petits pains frais du matin. Dans ma tête c'est la mélodie du bonheur qui se joue en boucle, une parfaite représentation de mon humeur depuis quelques jours. C'était d'ailleurs la raison de ma présence ici, en plus de vouloir faire des bisous à la belle blonde. Il c'était passé tant de choses qui avait fait basculer ma vie, je devais lui faire part de ce renouveau sentimentale et bénéficier de ses conseils pour ne pas tout foirer. Ruby et moi, c'est l'opposé parfait : elle est belle, forte, indépendante et la grande gueule. Moi ça fait des années que je vie à travers elle, cachée dans son ombre, plus discrète. Et ça me va très bien comme ça! Nous étions comme le ying et le yang, deux opposés qui s'attirent et qui se complètent. 
« Coucou Simbaaaaa!» je minaude à l'attention de son chat Savannah qui m'accueille d'un miaulement avant de se frotter à mes jambes. Nala ne tarde pas à le rejoindre en trottinant pour l'accompagner dans la chorale de miaulement et de câlins. Je sais pertinemment qu'ils me font de la lèche pour ce que j'ai dans les bras mais je ne céderait pas! C'est mal me connaître. Même si je suis extrêmement gaga de ses bêtes ! Je pénètre dans le loft parfaitement éclairé par les premières lueurs du jour. Quelle beauté.. jamais, même en économisant toute une vie, je n'arriverait à me payer un tel luxe! Faut dire que Ruby ne chôme pas et travaille énormément pour obtenir de telles choses. Avec sa bouille d'ange et son caractère de feu, on pourrait lui donner le bon dieu sans confessions.
« Tu sais, si tu ne veux plus de cet appartement, n'hésite pas à me le céder pour une bouchée de p.. » alors que je lançait un regard panoramique à la pièce, que je connaissait pourtant si bien, mon regard s'arrête net au détour d'un couloir. J'étais habituée que Ruby ne vienne pas tout de suite à ma rencontre, parfois à la douche ou lézardant encore au lit. Ce que je pouvais comprendre, c'était tellement cocooning ici! Si j'habitais ici, je n'aurait même plus la force de partir. Mais ce matin n'était pas pareil que les autres, il régnait une atmosphère froide et triste entre ces murs. Sensation dérangeante que je n'avais pas ressentis en passant la porte mais qui me happe à présent de pleins fouet en croisant le regard de mon amie. Fine ombre blanche dans l'obscurité du couloir à peine éclairée, elle était rayonnante mais semblait si blafarde, telle un fantôme. Le sachet m'échappe des mains pour s'écraser au sol. Je suis tétanisée de découvrir le visage de Ruby, la joue partiellement colorée de tâches de couleurs qui ne me sont pas inconnues. J'avais l'impression de me revoir il y a de ça quelques années, le visage boursoufflé et tâché de ce même aspect violacé que je retrouvais à présent sur les traits de mon amie. Il n'y avait donc pas de fins à ce cauchemar ?
« Je t'en supplie, dit moi que tu t'es seulement prise une porte.. » je dit dans un murmure, la boule au ventre. Je ne pouvais pas croire que quelqu'un ai récidivé, pas sur elle! Moi j'étais faible et je me sentais coupable de cet acte cruel, mais Ruby? Elle n'avait pas à être rabaissée de la sorte. 

A secret for a secret

Ses doigts aux ongles encore abimés découvraient soigneusement l’hématome bleu et encore douloureux. Il rappelait que trop les évènements de la nuit dernière. Le miroir renvoyait son visage, lui qui devrait être d’un maquillage parfait, d’une sculpture travaillée. Il ne reste que la fatigue du dernier jour, la fébrilité d’une nuit d’insomnie et d’un verre de whisky de trop. Elle ne voulait pas s’endormir, par une peur qu’elle ne s’avouerait pas, celle de le revoir venir à la charge après ces enregistrements faits.

Il y avait la colère aussi, d’avoir été impuissante, d’avoir été en cette défaite physique, sous le joug d’un homme, elle se voulant si forte. Ruby entendit la voix familière de Swan au rez-de-chaussée. Quand bien même elle était toujours ravie d’avoir la jeune femme chez elle, il s’agissait d’un souci dont elle voulait se passer, de part le passé de Swan.

« Et merde… » Murmura-t-elle dans un soupir.

Nala laissait ses oreilles se guider avec curiosité par le bruit de cette invité habituée. Sa maîtresse redéposa le bandage sur la moitié gauche de son visage, et remit en place son pull sur son épaule blessée. Elle noua soigneusement son petit foulard luxueux à son cou pour cacher d’autres hématomes. La rage humaine était immonde, et si elle n’avait jamais douté de cette vérité, en être la victime était une autre chose.

La sénatrice inspira longuement, comme revêtant une armure pour se protéger de sa propre fragilité, pour protéger la jeune Swan de souvenirs sombres. Ruby se tint droite tandis qu’elle descendait avec calme les escaliers, étirant ce sourire délicat quand bien même son amie semblait choquée par son visage.

« Une très grosse porte alors. » Ironisa-t-elle.

C’était hors du temps. Ruby ne semblait pas se rendre compte de cette impression qu’elle dégageait. Elle agissait comme si la réalité ne la touchait pas. Ses doigts vinrent caresser le crâne de Simba, passant avec élégance près du feu de cheminée mourant.

« Qu’apportes-tu donc là ? » demanda-t-elle d’un oeil taquin.

Sa paume montra le canapé sur lequel elle s’assied elle-même, croisant ses jambes et attrapant une cigarette déposée prêt de l’allume-cigare. Elle aspira une bouffée de nicotine, voyant bien que le silence de Swan en disait long. Une expiration plus tard, et l’odeur de tabac vint dominer l’atmosphère. Ruby leva les yeux au ciel, sentant la souffrance lancinante de ses muscles faciaux.

« Disons qu’on a eu une confrontation. Il est dehors maintenant. »

Ruby attrapa son verre de whisky qu’elle termina, sentant le liquide brûler sa gorge avidement. Si elle ne buvait qu’à certaines occasions, elle se permettait une exception cette fois-ci. Se s’adossant au dossier du canapé, Ruby cerna du regard Swan, laissant Simba venir s’allonger entre elles deux. Elle se racla la gorge, ajoutant :

« J’ai seulement un service à te demander. »

Codage par Libella sur Graphiorum

♛ Confidences pour confidences

Paralysée par l'effrois, je ne pouvait rien faire de plus que contempler mon amie de mes yeux ronds. J'ai toujours trouvé Ruby d'une beauté renversante, élégante à la moindre occasion et un visage digne d'une poupée de cire. Mais ce qui faisait également sa beauté c'était sa ténacité, son côté lionne qui avait toujours eu le don de m'impressionner. Nous étions d'un opposé parfait, moi prête à apaiser ses maux tandis qu'elle, elle les combattais sans rechigner. Une véritable femme fatale, chose que je ne serait jamais! Et ce n'est pas faute de prendre parfois exemples et conseils auprès d'elle, mais je n'arrive pas à dompter cette bonté naturelle qui me pourris parfois la vie. J'aurais tant aimé pouvoir être comme Ruby, pouvoir me rebeller et montrer que je ne suis pas qu'une poupée qui dit oui en pensant non. Je pense que ça m'aurait évité bien des dégâts physique.. 
Mais je constate que même en étant solide et robuste comme un chêne, nous ne pouvions pas échapper à la violence des hommes. La belle blonde en face de moi en était la preuve vivante : sa joue striée de pastels, les traits tirés et cette impression de ne pas avoir dormis de la nuit. Sentiment que je ne connaissait que trop bien, le sommeil n'a pas été d'une compagnie bien fidèle à une certaine époque, de peur que le réveil ne soit encore plus douloureux.

« Une très grosse porte alors. » même dans cette situation qui se voulait critique, elle n'avait pas perdue  de son sens de l'humour et son sourire à faire pâlir miss univers. Encore une fois, elle faisait de sa faiblesse une force. Bouleversée, je la regardait avec une expression indéchiffrable. Moi-même je ne savais que penser de tout ça. J'en voulais profondément à son fiancer qui me paraissait.. bien? Digne de confiance et protecteur envers elle. Mais je me voilais la face, comme les spectateurs de ma souffrance il y a six ans de cela. Alfonso aussi semblait bien sous tout rapport, acteur oscarisé en public et bête féroce dans l'ombre des projecteurs. Les gens préfèrent ne pas voir les blessures et hématomes, prospérant dans l'illusion parfaite qu'on veux bien donner, un sourire, du maquillage, des excuses vaseuses. Tout sauf la violence conjugale qui se multiplie et devient de plus en plus récurrent, la preuve en est aujourd'hui. Ruby savais qu'elle ne pouvait pas me duper, je ne connaît que trop bien cette situation pour en avoir même été l'actrice. Elle pouvait bien être fière et se perdre dans ses excuses, rien ne passera. Mais elle sais aussi pertinemment qu'elle pouvait tout me dire, elle-même confidente de mes maux d'adolescente. 

« Qu’apportes-tu donc là ? » comme si on venait d'allumer la lumière dans mon cerveau, je tressaille et me penche pour ramasser mes bêtises. Heureusement que le sachet est solide, je m'en voudrait de tâcher son beau tapis avec des miettes. « Oh euh .. je pensais qu'acheter des viennoiseries te ferait plaisir! » je dit, l'esprit encore embrumé par ma découverte. Je n'était pas aussi douée qu'elle pour faire semblant, cacher mes émotions ce n'est pas ce que je sais faire de mieux. Je sais parfois jouer de l'indifférence mais c'est rare, il faut vraiment m'avoir beaucoup déçue pour que ça arrive. C'était notamment le cas pour Nathan quand il a disparu des radars pendant cinq jours avant de réapparaître comme une fleur au spectacle. La plus belle soirée de ma vie.. 
Mais elle me paraissait si loin à présent, envolée dans un monde parallèle en comparaison à cette journée qui virait au cauchemars à mes yeux. Docilement, je me rapproche d'elle en me posant sur le divan, déposant délicatement le sachet sur la table basse à côté du verre de whisky. Je fronce un peu le nez, ne partageant pas forcément son amour pour cet alcool fort, surtout de bon matin. Mais comment pourrait-je lui en vouloir? Elle venait de vivre un événement traumatisant..
Je passe une main distraite autour de moi pour que l'odeur de cigarette s'évapore, pas très fan non plus de l'odeur mais sans pour autant la sermonner. Je ne suis pas chez moi, elle fait bien ce qu'elle veux. Je n'ai jamais été attirée par la cigarette, même si elle avait pu m'être d'un grand secours pour calmer mes nerfs en pelote il y a six ans de cela, je n'y ai jamais touché.

« Disons qu’on a eu une confrontation. Il est dehors maintenant. » elle me répond sans même que j'ai besoin de lui poser la question, mon regard parlait pour moi. Je suis bien heureuse qu'il ne soit pas présent, je n'aurait pas été en mesure de venir à bout de lui, armée de mes petits poings. « Il ne t'as vraiment pas loupé.. » je constate, une fois un peu plus prêt de son visage pour contempler les dégâts. « Tu as mis de la glace dessus..? » histoire de dégonfler un peu tout ça et que ça finisse par virer au jaune avant de disparaître. Même si ça risque de mettre pas mal de temps, je sais ce que c'est.. quinze jours en moyenne, parfois ça pouvait m'être plus d'un mois avant qu'il n'y ai plus une seule trace..
Je la regarde finir son verre, une expression inquiète qui étire mes traits, les sourcils froncés en virgule. Comme je pouvait envier son audace et sa confiance en elle, incassable fasse à de telles épreuves. Et dire que moi j'était en position latérale de sécurité au fond de mon lit, pleurant toutes les larmes de mon corps. On a vraiment pas les mêmes valeurs..
« J’ai seulement un service à te demander. » je caresse distraitement Simba qui s'est allongé de tout son long entre nous. Le ronronnement d'un chat est un véritable anti-stress, j'en ai bien besoin dans l'instant T. 
« Oui, tout ce que tu veux.. » je dit, un peu méfiante mais toujours prête à lui venir en aide. Surtout si c'est dans un contexte comme celui-ci dont je ne suis pas étrangère. « Tout sauf te prêter de l'argent, par contre.. » je dit dans un petit rire, ironique. Ruby est bien la seule personne d'Ottawa que je connaisse à ne pas avoir besoin d'argent. Mais ça reflète aussi mes problèmes personnels.

A secret for a secret

Ruby sembla faussement embêtée par l’idée de voir ces viennoiseries. À vrai dire, elle appréciait ce genre de petits cadeaux, et se le permettait bien quelques fois. L’ennui était qu’elle devait faire attention à sa ligne, pour son image. Ce qui lui rappelait à quel point Vidarr était un amateur invétéré de ces démons sucrés, et à quel point elle le jalousait pour garder le cap sans faire une overdose au glucose.

« Actuellement, je ne dirais pas non. »

Un clin d’oeil plus tard, et la sénatrice fit un geste à Swan pour ouvrir le joli paquet. Ce n’était pas forcément la journée pour garder ce côté bien strict chez elle. Et dans l’état d’inquiétude qu’elle voyait Swan, il était préférable de rester malléable, en particulier lorsque l’on savait la requête qu’elle avait en tête.

Sa jeune amie se rapprocha pour l’observer de plus près. Ruby resta immobile, telle une statue de cire, comme si un mouvement aurait pu la faire fondre. N’était-ce pas le cas ? Depuis cette action, tout avait été organisé, expliqué, acheminé, dans une fournaise terrible dans laquelle elle ne devait pas suer. Elle le devait pour sa carrière, elle le devait pour ne pas le laisser gagner contre elle. Alors Ruby opina doucement du chef, ne cherchant pas à détourner le regard, ni à le baisser.

Oui, elle avait mis de la glace, et oui il ne l’avait pas raté. Certains bien mal placés auraient même pu ajouter qu’elle l’avait cherché. Elle se savait grande gueule, capable de dire bien des choses impies, il n’en est que ce n’était pas une justification pour son état actuel. La raison d’ailleurs était plutôt liée à sa requête. Elle avala une gorgée de whisky puis tira une latte sur sa cigarette avant d’enfin faire sa demande :

« J’aimerai que tu n’en parles pas à Vidarr. »

Ou à qui que ce soit d’ailleurs. Néanmoins, elle n’avait pas besoin de dire cette dernière partie. Swan n’irait au grand jamais en parler sur tous les toits. Pour autant, leur passé commun avec le jeune homme… Ruby ancra son regard asymétrique dans le sien, sembla bien sûre d’elle.

« Le plus tard il le sait, mieux ce sera pour tout le monde. Tu sais comment il est. »

Son ton semblait presque condescendant ; un voile de mensonges. La vérité était tout autres : c’était sa relation avec Vidarr, sa propre action malsaine qui avait conduit à de telles extrémités. Elle ne l’assumerait pas, tout autant qu’elle redoutait le regard de cet homme sur elle, dans cet état. Comment réagir si ce n’était s’effondrer ? Elle ne voulait pas qu’il la voit pleurer, pas une seconde fois. Les larmes étaient pis que d’être nue à son regard.

« Donc… Tu as besoin d’argent ? »

Ruby n’avait pas oublié la fin de sa phrase, mettant bien à plat le sujet des finances a contrario de la pensée sociale. C4est à dire qu’elle ne voyait pas l’intérêt des non-dits, et si Swan avait besoin d’argent ou même d’un toit, sa maison lui était ouverte. Elle était même prête à lui offrir un emploi.

Codage par Libella sur Graphiorum

♛ Confidences pour confidences

La journée prenais un tournant inattendue suite à cette découverte accablante. Moi qui étais si heureuse de raconter ma soirée parfaite en compagnie de Nathan, je venais de faire face aux démons de mon passer de la pire façon possible. Je ne souhaitais à personne de vivre une expérience pareille, même pas à mon pire ennemi. C'était comme s'abaisser à n'être qu'un objet aux yeux des hommes, simple marionnette sexuelle bonne qu'à assouvir leurs besoins. Je ne pouvais pas concevoir Ruby dans cette situation, c'était contraire à ses principes et à son caractère de feu.


« Actuellement, je ne dirais pas non. » le but premier des viennoiseries était de lui faire plaisir, même si je savais pertinemment qu'elle n'aimais pas s'adonner à ce genre d'excès. C'est plus fort que moi, mon régime alimentaire riche en sucre comblé par une pratique sportive intensif n'est pas toujours aux goûts de tout le monde. Mais je voulais aussi lui annoncer la grande nouvelle sur mon avenir amoureux qui n'est désormais plus réduit à néant. Mais je doute que ce soit le genre de nouvelles dont elle a besoin à cette heure-ci.
Je m'installe à ces côtés sur le canapé confortable, prenant soin de ne pas trop m'approcher d'elle pour respecter son espace vitale. Même si elle paraissait sereine et en pleine maîtrise de sois, je préférais ne pas trop la brusquer pour éviter qu'elle ne se braque. Je ne connaissait que trop bien cette sensation de peur au moindre mouvement brusque. Même si je ne doute pas de sa capacité à rebondir sur ses pattes comme un félin, je préférais ne pas prendre de risques. Nous nous connaissions depuis toujours, je sais qu'elle n'est pas aussi fragile qu'elle en a l'air avec sa petite taille. Mais de la voir dans une position aussi contraignante me bouleversais, d'habitude c'est à moi que ça arrive ce genre de mésaventures. Comment réagir dans une situation pareille...?

« J’aimerai que tu n’en parles pas à Vidarr. » je regarde mon amie comme si elle venais de perdre les pédales avant de soupirer profondément. « Putain Ruby.. » je détourne les yeux, un peu embarrassée par sa demande. Vidarr est un ami que nous avons en commun depuis le lycée, il a toujours été là pour moi dans les moments les plus douloureux de ma vie. « Le plus tard il le sait, mieux ce sera pour tout le monde. Tu sais comment il est. » Elle devait certainement faire référence à cette fois où il s'est bagarré avec Alfonso en découvrant les bleus qu'il m'avais laissé sur le corps. Un geste héroïque mais que mon ex petit copain de l'époque m'a fait payer par la suite... comme quoi, des fois il ne vaut mieux rien faire et laisser les choses se tasser. Même si je sais pertinemment que ce ne se serait pas tassé avec le temps!
« Je ne vais rien dire, mais je ne vais pas mentir non plus.. » je concède à contre cœur en la regardant du coin de l'œil. Je sais que Ruby voudrais éviter à Vidarr de s'enflammer comme il a pu le faire pour moi à l'époque du lycée. Même si je ne suis pas particulièrement bavarde à raconter les secrets des uns et des autres, je n'aime pas mentir non plus! Si Vidarr me pose des questions, ça tombais sous le sens que je lui dirais la vérité. Heureusement je vois moins le jeune homme ces derniers temps, ça m'évitera de me sentir mal à l'aise devant lui. Sachant qu'on lis en moi comme dans les pages d'un livre, ça n'aurais pas été en mon avantage.

« Donc… Tu as besoin d’argent ? » Ruby n'est pas bête, elle est même la femme la plus intelligente que je connaisse. Il est donc difficile de lui la faire à l'envers, elle trouve toujours le moyens de remettre le sujet sur le tapis. 
« Ce n'est pas bien différent de d'habitude, tu sais ce que c'est.. » je dis dans un petit rire triste, n'arrivant pas à faire abstraction à l'aquarelle bleuté de sa pommette. « .. Enfin..non tu n'sais pas ! » je reviens sur mes paroles en admirant la beauté des lieux dans lequel nous nous trouvons. J'ai toujours été fascinée par son appartement, le miens ne dépassant même pas les cent m². 
Ruby a toujours été très au courant de ma situation précaire, je ne lui ai jamais caché. Tout comme elle sais mon parcours chaotique avec mon père disparu, ma mère alcoolique et mes frères.. je ne sais pas ce qu'ils font de leurs journées. Bref, c'est comme si elle connaissais mieux ma vie que moi!