Le samedi soir est un moment dans la vie d'un animateur qui est crucial : il se caractérise par la fameuse réunion du soir pour " bilantiser " la semaine qui s'est achevée, revoir les points essentiels à corriger et/ou améliorer selon les besoins.
Cette réunion est surtout nécessaire pour établir les prochaines animations et proposer nos idées pour divertir le public chaque soirs.
C'est une partie qui me concerne plus que les autres car je m'occupe essentiellement de l'organisation des spectacles et de la mise en scène artistique.
Pour le reste, savoir que le campeur monsieur Parisot n'a pas ranger son rouleau de P.Q avant de partir ne m'intéresse que très peu...
« ... C'est pourquoi Swan je compte sur toi pour me transmettre ton brainstorming demain soir ? Je te pousse un peu mais on prévoit ça pour dans trois semaines donc faut que ça urge tu comprend ? » le directeur du camping est quelqu'un de bien qui a toujours su me donner ma chance et qui me fait confiance. Mais quand il ordonne quelque chose, je ne fait pas ma maligne et j'obéis au doigts et à l'oeil. Pour répondre à ses exigences, je fait un salut militaire qui s'accompagne d'un rire de mes collègues. Ils savent tous que je suis au taquet pour la fin de saison et que le spectacle va roxer du poney. Je croise le regard de Mélanie qui se dessine derrière les nuages de cigarette de l'équipe qui me regarde d'un air malicieux. Ma collègue qui s'occupe principalement de l'espace entretien sais que rien ne m'arrête et que je suis déterminée à faire de ce spectacle le plus beau de tous.
Sous ses yeux, je mime un pistolet sur ma tempe et fait mine de me suicider parce que la réunion est interminable. Heureusement pour moi, la réunion s'achève et après un dernier bonsoir nous rejoignons l'air frais d'un camping endormis.
« Ce soiiiiiiiir je t'emmèèèèène derrière le miroiiiiir de l'auutrreee côtééééé » fredonne Mélanie en se dandinant autour de moi alors que je tente de rejoindre le parking.
Je ne suis pas dupe.
Quand elle se met à chanter du France Gall un samedi soir à 22h30, c'est que la nuit risque de se prolonger indéfiniment.
« Non non non noooooon, je ne veux pas prendre l'air. Non non non noooooon je ne veux pas boire un verre ! » je rétorque à mon tour en chantant. Bien que j'impose une résistance aussi robuste que le mur de Berlin, je sais pertinemment qu'elle trouvera les mots juste pour me faire craquer. Comme à son habitude.
« Allleeeezzzz juste un verre prooooomis !!! » elle s'empare de mon bras qu'elle secoue en sautillant comme une enfant en pleins caprice qui demande des bonbons.
« Je te jure qu'à minuit pétante on virevoltera dans nos casba comme Cendrillon !! » je pousse des grands soupires théâtrales en cherchant la clé de ma voiture dans les méandres de mon sac à main.
« Tu as entendu Olivier, je doit reprendre mon devoir demain soir ! » je lui souris, sachant que mon excuse ne tenait pas la route : elle sais aussi bien que moi que j'ai déjà terminé ma synthèse de présentation et que rien ne m'empêche d'allez papillonner tel un oiseau de nuit.
La jolie blonde au visage en coeur me fixe d'un oeil accusateur, elle n'est pas dupe et ne compte pas me laisser filer comme ça. Or de questions !
« Tu parles. Si on était au lycée, tu serais le genre intello modèle qui rappelle au professeur qu'on a des devoirs ! » elle continue à me secouer en geignant. Décidément, elle est aussi fine que moi mais qu'est-ce qu'elle a comme force !
« En plus tu comprends... depuis que Nicolas m'a larguée, j'ai besoin de ... me changer les idées tu sais... » dit-t'elle d'une voix toute mignonne en faisant toucher ses deux indexes comme une petite fille qui vient de faire une bêtise.
Je la regarde en plissant les yeux. Depuis qu'elle s'est fait plaquer, Mélanie a tendance à sortir beaucoup plus souvent que prévu. En même temps, voir son ex tout les jours ce n'est pas forcément évident...
Quel idée de se mettre en couple avec le mettre nageur dans le lieu dans lequel tu bosses.
Malgré mes conseils de séparer le boulot du privé, elle n'en a fait qu'à sa tête et voilà où nous en sommes aujourd'hui...
Je me garde toutefois de lui rappeler " je te l'avais bien dit " pour la ménager.
« BON. » je cède en levant les yeux au ciel.
« Si il faut changer les idées à une âme brisée... » je dit sur le ton de l'humour avec un petit sourire.
La joie de la blondinette se lit sur son visage et m'embrasse sur la joue avant de filer vers sa voiture. On a pas besoin de se concerter, nos habitudes ne changent jamais : elle passe me prendre dans une heure et direction le bar. Je secoue la tête en riant et monte en voiture pour partir me préparer.
A FEW MOMENT LATER
Bien qu'au départ j'ai accepté pour faire plaisir à mon amie, je me devais d'avouer que plus je me préparait, plus j'avais envie de boire un verre.
La magie de l'Outfit du soir certainement ?
J'enfile une paire de talons qui me donne l'air d'avoir enfin une taille normale, ce n'est pas facile d'être un hobbit que voulez-vous, et me regarde une dernière fois dans le miroir : je suis particulièrement satisfaite d'avoir laissé mes cheveux naturellement lâchés dans mon dos et maquillés mes yeux de noir, me donnant l'allure d'une panthère.
Espérons que je ne me casse pas la figure avec mes chaussures, j'aurais plus l'air de bambi qui apprend à marcher sinon...
Deux coups de klaxons m'informent de l'arrivée de Mélanie.
J'attrape mon sac et m'envole dans la nuit.
Nous arrivons au bar un peu avant 23h.
Il s'agit d'un bar où nous avions l'habitude de nous rendre, malgré qu'il est parfois réputation à être mal fréquenté. Pour ma part, au-delà des regards lubriques et des commentaires mal placés, je n'ai jamais eu le moindre problèmes.
Le seul défaut que je pourrait lui donner, c'est que mon frère y squatte parfois avec ses potes. Rien qu'à l'idée de peut-être le croiser et me faire sermonner m'énerve un peu, mais je ne compte pas reculer.
Rapidement, nous trouvons une table en nous faufilant entre les gens. C'est bondé ce soir, c'est à peine si nous pouvons circuler...
Quelqu'un pourrait me glisser une main aux fesses que je ne pourrait même pas identifier sa provenance.
« Santé !! » s'exclame la jolie blonde au bustier flashy en faisant sonner son cocktail contre le mien. Prête à bouffer du lion, elle s'est autant pimpé que moi. C'est plus par envie de faire des story instagram pour rendre jaloux Nicolas que de vraiment profiter de sa soirée.
On enchaîne rapidement les verres et un sourire béat s'accroche rapidement à mes lèvres, enivrée d'alcool jusqu'au bout de mes doigts de pieds.
« Ce soir, c'est aussi ta soirée ! » s'exclame Mélanie beaucoup trop fort en tapant dans les mains.
« La règle du soir c'est : je ne rentre pas seule ce soir. Alors ma petite Black Swan, tu vas pécho du Viking ce soir et t'as pas intérêt à refuser ! » je ris sous son doigts accusateur.
« Je ne suis pas douée pour la drague, Mél ! » « Qui te parle de drague ? Tu fais comme ça ... » elle se met à mimer une canne à pêche à l'aide ses petits bras
« ... et tu en as cent cinquante qui rapplique. Putain, Swan, réveille la Beyoncé qui est en toi ! » elle finit sa phrase en sirotant sa vodka pomme avec une grimace.
L'alcool aidant, je ris de la situation. Depuis ma mésaventure amoureuse, je n'ai jamais plus ouvert mon coeur à quiconque. Je me suis même mise à être bordeline avec les hommes et à pousser les limites du raisonnable. Ce n'est pas très politiquement correct, mais ça aide à faire moins mal de se sentir désirable. Affronter le mal par le mal comme on dit...
« Swan ! » reprend vivement Mélanie. Cette fille me fait penser à ma mère tant par son énergie que par son incapacité me laisser en placer une.
« Tu vas draguer ce mec là-bas. » Elle pointe un doigts derrière moi et je ne prend même pas la peine de me retourner. Elle est vraiment du genre à m'inscrire à Next ou La belle et ses princes pour que je puisse à nouveau me maquer. La pauvre ne connait pas mon passé amoureux tumultueux et elle cherche à bien faire.
Je peux comprendre son intérêt, ça fait plus d'un an que ma vie amoureuse est sur pause et elle cherche à me rendre heureuse. J'apprécie l'intention.
« Swan.» répète-t'elle avec un regard plus sérieux mais toujours aussi malicieux.
« Hot combien tu vas draguer le mec au bar ? » son sourire carnassier me fait frissonner. Elle m'a eu. Elle sais que je ne peux pas résister à parier avec elle...
Par curiosité, je jette un bref coup d'oeil par-dessus mon épaule. Mon coeur rate un battement et le feu s'imprègne de mon corps. La vie est faite de circonstances très étranges, et d'autant plus ce soir.
Je me tourne à nouveau vers mon amie. A son étonnement, je suis plus souriante et, l'alcool aidant, prête à rentrer dans le game.
« Hot 4... » je lance, joueuse. Son regard pétille d'excitation et nous enchaînons le compte à rebours. Au fond de moi, étrangement, j'espère tomber sur le même chiffre qu'elle...
«3,2,1... » nous comptons à même voix
« 2. » .
Le cris de joie de Mélanie rebondis sur les murs et elle applaudis comme une enfant dans ses deux mains. Je fait mine d'être dégoûtée d'avoir perdu le jeu, mais à la fois ravis d'avoir une bonne excuse pour allez à la rencontre de Deran.
Deran.
Un très bon ami à mon grand-frère. Celui-ci m'a toujours interdit de lui adresser la parole, ce que j'ai toujours trouvé étrange.
Ce garçon est le plus intriguant que je connaisse, me faisant penser à Thor avec sa carrure mythologique.
Je descend de mon tabouret et , sous les encouragements de blondinette, me rend d'un pas assuré jusqu'au bar où il est attablé. L'alcool aidant, j'ai l'air beaucoup plus sûre de moi que ce que je ne suis à l'intérieur de mon coeur.
Je regarde vivement autour de moi pour m'assurer que le grand-frère ne va pas débouler de nul part pour jouer son rôle de protecteur. La blague...
Sans un mot, je m'assois à ses côtés et prend une pose nonchalante en le regardant avec un petit sourire en coin. Je pense qu'il doit me reconnaître, il est souvent passé avec mon frère et nous en pouvions que nous regarder de loin sans échanger un mot. Je me demande ce qu'il va penser de moi, maquillée et habillée de la sorte...
« Enfin je peux t'approcher sans craindre que mon garde du corps ne m'enferme... » je lui susurre prêt de l'oreille en faisant référence à Jackson. Je m'empare de la bière qu'il est entrain de boire et, sans le quitter des yeux, en bois une gorgée avant de me lécher la lèvre.
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