Comme tout le monde, j'avais reçu l'invitation au grand bal d'Halloween auquel je m'étais résolu de ne pas me rendre. Non pas que je n'aime pas le concept ou le fait de me déguiser hein... J'aimais juste moyennement l'idée d'y aller sans cavalière et encore moins l'idée de devoir en trouver une sur place. Avec ma timidité maladive et ma maladresse chronique, autant directement me vider un sot de tomates pourries sur le coin de la gueule en place publique ! Non, bien trop ridicule et trop risqué, l'enthousiasme de la colocation ne pouvait rien y changer. Voilà, j'allais passer ma soirée comme un geek de première, en pyjamas devant la télé avec un énorme paquet de bonbon sur les genoux, le tout en prenant soin de débrancher l'interphone pour ne pas être embêter par des gamins. Excellent programme, j'étais impatient de m'y mettre !

Quoi qu'il en soit, la fête n'était pas encore là, il me restait une bonne semaine pour choisir LE paquet de bonbon idéal et LE film qui allait accompagner ma soirée. Un film d'horreur bien sûr, autant rester dans le thème. Puis j'avais environ une tonne de cupcakes à préparer, prix de ma liberté pour la soirée. Car oui, mes colocataires étaient durs en affaire et j'avais donc dû payer mon absence à la soirée contre des pâtisseries... Cher payé me direz vous ? Pas pour moi ! J'étais nettement plus à l'aise dans la cuisine que sur une piste de danse même si mes parents avaient eu le présence d'esprit de m'apprendre à danser plus que convenablement. Mais pour danser il fallait se lancer et autant dire que ça, c'était une autre paire de manches. Ainsi donc j'étais satisfait de mon sort et avait décidé de profiter de ma fin d'après midi pour faire quelques courses en sortant du travail.

Et bien sûr, en énorme boulet que j'étais, je n'avais pas prévu de prendre de sac de course et j'avais espéré en avoir assez d'un seul pour tout ce que j'avais à acheter... Heureusement quand même que les œufs étaient déjà en sécurité dans notre frigo depuis la veille ! Ou pas remarque, leur présence m'aurait peut-être poussé à plus de précaution. J'étais donc chargé comme un mulet, mon énorme sac de course devant le nez à tenter de me frayer un chemin jusqu'à l'appartement quand ce qui devait arriver arriva... Un coin de rue, une légère perte d'équilibre, deux seconde d'inattention et BAM collision. Le drame même pour être exact : le sac de farine qui s'explose au sol dans un nuage blanc et tout qui s'éparpille pitoyablement sur le trottoir... C'est bien ma chance !

« Et bouse ! »

M'exclamais-je, secouant la main devant moi pour écarter la poussière de farine qui m'arrivait droit dans les bronches. Je n'avais pas encore vu qui était ma victime ni son état mais, pour l'instant, je ne voyais rien et mon souffle était trop court. Pour ce qui est de ce magnifique gros mot d'une autre époque, disons simplement que mes parents m'avaient toujours apprit à ne pas en dire alors j'avais rapidement dû trouver des alternatives que j'avais décidé de garder. Il n'était donc pas rare de m'entendre dire ce genre de chose... Sans jamais m'entendre prononcer la moindre insulte moderne (bien que j'en pense assez fréquemment paradoxalement...). Un vrai gentleman en somme, si on oublie les deux mains gauche bien entendu.

« Mince, je suis terriblement désolé c'est... Pouah c'est atroce pardon. »

Toussais-je à moitié, cherchant à mieux voir la pauvre personne que j'avais bousculé. Les courses pouvaient bien attendre, elles ne tomberaient pas plus bas ! Puis, en vue de toute la farine qui volait encore je n'allais pas me risquer à me pencher de si tôt ! Et je risquais d'avoir du mal à le faire tant le sentiment de honte suprême venait de me couper la chique... De toutes les femmes d'Ottawa il avait fallut que je tombe sur elle ! Il avait fallut que je me ridiculise devant elle ! S'il y avait un Dieu j'avais sûrement dû faire une sacré connerie...

« S... Swan ? »

Bafouillais-je alors que la farine était suffisamment dissipée pour que je puisse reconnaître ses traits. La jolie Swan, cette jeune femme qui passait parfois à l'appartement pour travailler sur je ne sais quel projet avec Ezra... Oui bon, je ne comprenais plus grand-chose à ce qui se passait autour de moi quand elle était dans la pièce, trop concentré à ne pas dire ou faire de trucs ridicules et, croyez moi, ça demandait un effort intensif et de chaque seconde.

« Punaise je suis vraiment le premier des crétins... Je suis vraiment navré, je ne t'ai pas fait mal au moins ? »

Arrivais-je à articuler après quelques secondes de black-out durant lesquelles j'avais dû ressembler à un poisson hors de l'eau... Entre ça et la farine qui devait trôner dans mes cheveux, le spectacle devait vraiment être... Spectaculaire ? Bravo Nate, tu es définitivement le gars le plus ridicule de la planète ! Si elle avait un doute, elle était maintenant sûre... Déjà que je devais pas mal bafouiller et rougie en sa présence... Mais pourquoi moi bordel !?

♛ Princess & The frog

L'invitation pour le bal d'Halloween trône sur ma coiffeuse depuis que je l'ai ouverte, attendant tristement que j'y donne suite favorablement. 
De toute façon, je ne pense pas que je vais y allez : je n'ai aucune idée de comment me déguiser et, en plus, je suis très nulle en maquillage. La preuve étant : mon visage est quotidiennement enjolivé d'un minuscule trait d'eye-liner et de mascara premier prix trouvé au intermarché.
N'ayant pas eu une enfance ordinaire, je n'ai jamais eu l'occasion de demander à maman des cours de maquillage et je suis trop impatiente pour me fier aux tuto-youtube.
En me regardant dans le miroir ce matin-là, je pousse un profond soupire à mon reflet. Je me cherche des excuses, me cachant derrière un pseudo manque de créativité. La véritable raison de mon refus, c'est que je risque d'y allez seule et ne connaître personne... je vais avoir l'air bête, tout le monde va se moquer de moi.
Sandro, un de mes grands-frères, me pousse depuis plus de trois jours à y allez, même toute seule. D'après-lui, je pourrait sûrement y rencontrer des gens formidables et même un garçon qui sais...?
Loin d'être à l'aise de parler de ma vie sexuelle avec lui, je l'ai repoussé en restant campée sur mes positions : non, c'est non je n'irait pas. Je passerait mon halloween devant " The Shinning " avec un paquet de bonbons qui piquent.
De plus, j'ai encore bien trop de boulot avec la comédie musicale qui devait se tenir fin de semaine prochaine... il me reste encore tellement à faire, je ne sais plus où donner de la tête !

En parlant de la fameuse comédie musicale, je doit me rendre chez Ezra pour jeter un oeil à ses créations. Ezra est la petite demoiselle absolument adorable que j'ai eu la chance de rencontrer au détour d'une tasse de café. Rencontré pas vraiment puisque je l'avais déjà découverte sur son compte instagram... Mais une belle collaboration et amitié est née entre nous et je suis contente de bénéficier de son aide, déléguant un peu de ma montagne de travail. Ce spectacle signe la fin de la période de vacances pour les campeurs et sera peut-être un tremplin dans ma carrière de danseuse qui sais ? Je doit mettre toute les chances de mon côté cette-fois...

Je me met en route pour l'appartement d'Ezra qui ne se trouve qu'à quelques minutes à pieds de chez moi, une chance puisque nous devions nous voir assez régulièrement pour les dernières mise au point.
Le temps est doux pour une fin d'octobre, ce qui me rend plus nerveuse que joyeuse : le réchauffement climatique commence à gagner du terrain. Quand je pense à quand j'étais petite à cette même période : de la neige jusqu'au menton, je n'étais déjà pas très grande à cette époque, les bonhommes de neige, les sapins...
C'était une autre époque à laquelle j'aimerais bien retourner...
Malheureusement, pas de Delorean ni de Marthy Mcfly pour m'emmener loin de ce futur catastrophique.

Perdue dans mes pensées, songeant à un passé emplis de chants de noël et d'odeur de cannelle, je rentre de pleins fouet dans un sac de farine au détour d'une ruelle. 
Le temps semble s'arrêter tandis que la farine explose au sol, brouillant ma vision d'une fumée blanche opaque. Moi qui voulais de la neige, je suis servis. Qui est ma bonne étoile ayant réalisé mon souhait de noel ?7
« Et bouse ! »
C'est plus fort que moi, je me met à rire au travers du brouillard, me demandant bien d'où pouvait provenir ce mot d'un autre-temps. Probablement un enfant ? Même si, lors de la fraction de seconde durant laquelle je me suis percutée à l'inconnu, j'ai réalisé qu'il était plus grand que moi. Après ce n'est pas difficile de faire plus grand que moi... même les adolescents de quatorze ans me dépassent à présent donc plus rien ne m'étonne !
« Mince, je suis terriblement désolé c'est... Pouah c'est atroce pardon. »
Je tousse un peu en tâtonnant à l'aveugle le sol à la recherche de mon sac et mon téléphone portable qui ont volé je ne sais où. Je sent mes cheveux s'imprégner de la farine, me donnant une allure de reine des neiges un peu mal faite. 

J'abandonne mes recherches, y voyant aussi mal qu'à travers une pelle. Je ne pensait pas la farine aussi opaque, était-ce seulement un sachet qui venait d'exploser ou un caddie pleins ?
« Pas de panique ! » je dit en riant pour le rassurer, ne me remettant pas du " et bouse " qui me retourne l'estomac ce rire. Ce fut sortis si naturellement, c'était adorable !
La farine se dissipe alors et je reconnaît les traits de mon interlocuteur qui est loin d'avoir et de faire quatorze ans.
Le colocataire d'Ezra..
Mon coeur rate un battement (pourquoi d'ailleurs ? ça n'a aucun sens...) et je lui souris timidement. 
« S... Swan ? Punaise je suis vraiment le premier des crétins... Je suis vraiment navré, je ne t'ai pas fait mal au moins ? »

« Salut Nathan ! » je répond en me sentant rougir. Je déteste quand mon corps trahis mes émotions, comme si je ne pouvait avoir de secrets pour personne. « Tu sais, si tu voulais m'inviter à une soirée crêpes, il suffisait de demander... » je plaisante en passant les mains sur mes vêtements qui ont pris une adorable couleur blanche. Ezra va halluciner en nous voyant dans cette état.
Retrouvant le contrôle de mes yeux, je perçoit le sac de farine éventré à nos pieds. Je le remasse du bout des doigts pour ne pas déverser le restant du contenant « Je suis désolée pour ta farine, c'est de ma faute ! » je m'excuse avec une petite moue en me maudissant de ne pas regarder où je met les pieds. « Je t'en achèterais un nouveau pour me faire pardonner ! ». 

Je décide de garder le sac contre ma poitrine pour l'aider un peu, voyant qu'il semble chargé et sans sacs de courses. La farine n'a pas fait les choses à moitié, il est aussi blanc que moi ! De vrais bonhommes de neige... décidément, il me suffisait d'y penser pour en avoir... Serait-ce un signe...?

« Tu... tu en as un peu dans les cheveux... » je dit doucement en passant mes doigts dans ses mèches pour enlever la farine. Je ne sais pas ce qui m'a pris, ce fut instinctif...
Ou simplement une excuse pour le toucher...?

S'il y avait un oscar pour la connerie, j'aurais sûrement une armoire pleine à craquer de récompenses... C'était quand même dingue d'enchaîner les bourdes à ce point non ? Je faisais pourtant de mon mieux pour faire attention mais rien à faire, il fallait toujours que j'en fasse une, même petite. Comme une malédiction qui m'obligeait à être ridicule au moins une fois par jour, de préférence devant une fille. Ben oui, sinon c'est pas marrant...

D'ailleurs, le rire cristallin qui s'élevait au milieu de la poudre de farine en était une belle preuve : Une fois encore il avait fallut que je fasse un truc stupide devant la gente féminine et cette fois sans même avoir eu besoin de voir à qui j'avais à faire... Mon père me disait toujours « femme qui rit à moitié dans ton lit ». Je ne sais pas si c'était pour me rassurer ou s'il y croyait vraiment mais tu parles d'une arnaque ! Si le dicton était ne serait-ce qu'un petit peu vrai je serai un Don Juan formidable ! Mais non, je ne suis qu'un sombre crétin qui enchaîne les déceptions et les refus.

Quoi qu'il en soit j'ai fait très fort cette fois et le « Pas de panique ! » amusé de ma pauvre victime me pince étrangement le cœur. Cette voix ne m'est pas étrangère mais mon cerveau est trop enfariné pour que mes rares neurones ne parviennent à faire une connexion convenable. Il ne manquerait plus que je connaisse cette... Et merde. La farine se dissipe un peu et le doux visage de Swan apparaît devant moi, souriante malgré la farine retombée dans ses cheveux et la situation plus que ridicule. Non mais sérieusement ? Avec TOUTES les filles d'Ottawa il fallait que ça tombe sur elle ? Un miracle que j'arrive à sortir une phrase à peu près construite...  

« Je... Heu... Ouais c'est... Bah, disons que j'aime bien faire les choses en grand ? »

Bafouillais-je, me frottant nerveusement la nuque avec une moue désolée et un haussement d'épaules. Pourquoi l'idée de l'inviter à quoi que ce soit m'a fait ce drôle d'effet ? Vraiment le premier des crétins. En même temps, je n'étais clairement pas assez idiot pour l'inviter où que ce soit, les filles comme elle ne s'intéressent pas aux geeks comme moi, autant m'éviter un vent douloureux... Puis j'avais la chance de la voir de temps en temps à l'appartement, c'était déjà ça non ?

«  Non, tu plaisantes ! C'est moi, je ne regardais pas où je mettais les pieds et j'étais bien trop chargé... »

M'exclamais-je après m'être penché pour ramasser fébrilement le reste des courses, effleurant sa main alors qu'elle s'emparait de la farine éventrée. Le bref contact finit de m'achever... Malaisance puissance dix mille, youpi. Je lui souris maladroitement, croisant son regard quelques secondes avant de reporter mon attention mes mains histoire de ne pas rougir de trop. Une chance que j'ai tout ça à récupérer, c'était une excellente excuse pour ne pas la regarder et pour garder la tête penchée. Respire Nate, tout va bien...

« Oh non ne t'embêtes pas pour ça, il en reste à l'appartement, c'était juste au cas ou. »

Avouais-je, me redressant finalement, un peu plus brutalement que je ne l'aurais souhaité. Encore un peu je perdais l'équilibre au passage, il ne manquerait plus que ça tient ! Par chance, je ne fis que vaciller légèrement, de nouveau enseveli sous mes achats, la farine en moins.

« Mais... Tu peux venir manger des crêpes si tu veux vraiment te faire pardonner ? »

QUOI ?! Mais de où je sors ça moi ? Et ce petit haussement d'épaule presque innocent comme si j'étais soudain à mon aise alors que j'avais juste envie de me jeter sous un train ?! Peut-être avais-je pris un coup sur la tête ? Ou alors la farine avait définitivement détruit mes trois neurones ? Mon cœur avait manqué quelques bonds avant de se décider à partir à la chamade, menaçant presque de remonter dans ma gorge tant il battait fort. Mais quel con ! Elle allait vraiment me prendre pour un crétin et elle serait finalement bien loin du compte : j'étais pire ! Pire que tout et...

« Oh... Merci. »

Parvins-je à soupirer avant le drame. Encéphalogramme plat, arrêt cardiaque, je sens les petits personnages vivant de mon organisme batailler pour tout remettre en route. Déjà que le fait d'effleurer sa main avait manqué de me faire faire une syncope, voilà qu'elle avait passé ses doigts fins dans mes cheveux dans l'espoir d'ôter un peu de farine. En somme elle venait de lâcher une bombe atomique sans même s'en rendre compte, avec un sourire adorable et la meilleure intention du monde. Reboot, reboot ! Panique interne, il me faut quelques bonnes secondes pour redémarrer le système, un sourire un peu idiot accroché sur les lèvres. De mieux en mieux.

« C'est gentil. » Bravo Nathan, maintenant on fait une vraie phrase un peu plus complète et on se détend. La force est avec toi. « Tu... Tu veux passer à l'appartement pour te nettoyer un peu ? » Ok donc j'ai vraiment un problème cérébral, il va falloir que j'aille voir un docteur rapidement. « Et ça fera sûrement plaisir à Ezra de te voir, je crois qu'elle a bien avancé votre projet. »

Enchaînais-je rapidement, comme par peur qu'elle prenne mal cette étrange invitation. Oui voilà, c'est bien, rattrape toi aux branches mec... Non mais vraiment, je suis ridicule et c'est encore pire avec Swan qu'avec les autres. Un signe ? Peut-être oui, celui qui me confirme que je suis parfaitement incapable d'agir normalement devant une fille qui me plait... Car c'est bien mignon mais il est inutile de se voiler la face : Swan me plaît un peu trop. Trop pour mon propre bien en tous cas, la poisse !

♛ Princess & The frog

Quand j'étais adolescente, je passait ma vie le nez au creux de mes bouquins. 
J'adorais vivre des aventures aux travers de personnages atypiques. Je n'étais pas spécialement à l'aise avec les gens et notamment avec les garçons, c'est pourquoi je préférait aimer les gens aux travers des pages d'un bouquin. Devenir une héroïne badasse, tueuse de vampires ou vampire elle-même. Vivre des aventures au-delà des contrées du nouveau Mexique ou même en France parfois. Ce que j'adorait le plus, c'était de tomber amoureuse. Des personnages qui se ressemblent tous à peu prêt mais qui avaient une histoire à raconter, un passif qui expliquait souvent un comportement impulsif. J'adorait l'idée que quelqu'un puisse m'aimer alors que dans la vie réelle je ne vivait pas un conte de fée. Même en étant... même quand j'appartenais à Alfonso je continuais de lire des heures durant et de rêver à une vie plus belle. Jusqu'au jour où il s'est amusé à déchirer un de mes livres par colère... ce jour là je n'arrivait plus à rêver de liberté. J'étais emprisonnée.

Pour en revenir au contexte principal, les bouquins ont tous plus ou moins la même trame artistique : le coup de foudre survient brutalement, parfois de manière inexpliquée, originale. Les deux protagonistes font face l'un à l'autre de façon inattendue et un seul regard suffit à sceller cette amour improbable. 
Je ne me considère pas comme une héroïne... plus comme un rôle secondaire.
Et pourtant, tout se déroule exactement comme dans un bouquet ou un film des années 90 : la scène au ralentis, un regard langoureux pleins de paroles malgré notre mutisme.
Je suis une éternelle romantique et j'ai tendance à faire des liens, me faire des films dans ma tête. Surtout que Nathan est loin d'être un garçon repoussant...
Nous ne nous étions jamais vraiment parlé, à peine présenté d'ailleurs. Ezra est le lien qui nous relis et depuis l'or je passe régulièrement à l'appartement quand il est présent. Simple coïncidence ou véritable volonté de ma part ? Je n'y mettrais pas ma main au feu... préférant me mentir à moi-même. Il m'arrivait de surprendre ses regards ou de moi-même me trahir, mais ça s'arrêtait là. 
Et aujourd'hui, le roman de ma vie a décidé de changer le destin.

« Je... Heu... Ouais c'est... Bah, disons que j'aime bien faire les choses en grand ? » je ris toujours de bon coeur, ne sachant pas si c'est vraiment pour sa façon craquante de répondre ou sa petite boutade en réponse à la crêpe party géante. 
« Dans ce cas, évite de m'en renverser dessus ou je vais finir par croire que c'est moi que tu veux manger ! » je dit avec un sourire en me baissant pour l'aider à ramasser les courses. Tout n'est pas bon à jeter, heureusement.
« Non, tu plaisantes ! C'est moi, je ne regardais pas où je mettais les pieds et j'étais bien trop chargé... » je lui souris avec tendresse, amusée de nos excuses mutuelles alors qu'il n'y a rien de grave dans tout ça. C'est juste dommage pour la farine gâchée... serait-ce peut-être possible de récupérer ce qui n'a pas pleinement touché le sol ? Vue les petits tas par-terre, peut-être qu'avec une pelle et une balayette...?
En l'aidant à ramasser, nos doigts se frôlent et je le regarde avec un petit sourire avant de faire comme si de rien était. Pire qu'un film à l'eau de rose, on enchaîne les clichés. Ou alors c'est moi qui m'imagine n'importe quoi? Je ne suis pas très douée avec tout ça, je n'ai jamais vraiment connu l'amour au sens propre, difficile pour moi de discerner certains signaux révélateurs.
« Oh non ne t'embêtes pas pour ça, il en reste à l'appartement, c'était juste au cas ou. »
Il se relève un peu trop précipitamment à mon goût et manque de se casser la figure. Je tend le bras vers lui par réflexe pour le rattraper au cas-ou, riant : « Doucement speedy Gonzales ! » Il est décidément beaucoup trop chargé « Laisse moi t'aider, c'est la moindre des choses..  » je lui prend deux trois produits pour qu'il est un peu plus les mains libres. Ainsi, il ne devrait plus y avoir de catastrophe. Ce garçon est un véritable clown, j'adore il me fait rire...
J'ai toujours été très sensible aux gens qui me font rire...

« Mais... Tu peux venir manger des crêpes si tu veux vraiment te faire pardonner ? » je le regarde avec un sourire digne de celui d'une petite fille le jour de noël. Il n'y a rien qui puisse plus me rendre heureuse qu'une invitation à manger des crêpes. Si ce n'est peut-être une invitation pour une fondue ou une raclette... ou tout ce qui est à base de fromages d'ailleurs.
Une crêpe fourrée au fromage fondue...
« Manger des crêpes pour me faire pardonner ? Compte sur moi pour te bousculer plus souvent alors... » je me rend compte du sous-entendu étrange que pourrait donner cette phrase et rougis un peu en me raclant la gorge. Je ne suis vraiment pas douée pour nouer des liens avec le sexe opposé, c'est terrible...
Et lui qui semble si désintéressé, me proposant ça comme si il parlait de la pluie et du beau temps avec la voisine. Il n'y a pas de doutes, je me fait des films dans ma tête avec Leonardo Dicaprio en tête d'affiche...

« Oh... Merci. C'est gentil. »
J'ai l'impression que je ne contrôle plus mon corps et fait la pire technique d'approche qui soit : je lui caresse les cheveux pour enlever la farine.
Mais what. Extérieurement je paraît hyper sereine mais au fond de moi j'ai envie de me me mettre des claques. J'ai vue suffisamment de films, lu suffisamment de livre pour me rendre compte que c'est ultra kitch ce que je suis entrain de faire. Et pourtant je me suis mise en mode pilotage automatique, le visage prêt du siens en soufflant un peu sur lui, concentrée sur ses mèches de cheveux. Arrêtez moi avant le massacre...

« Tu... Tu veux passer à l'appartement pour te nettoyer un peu ? » C'est moi ou il y a une petite tension non déterminée qui s'installe... ? Je le regarde en penchant un peu la tête sur le côté avant qu'il ne poursuive : « Et ça fera sûrement plaisir à Ezra de te voir, je crois qu'elle a bien avancé votre projet. »
Je doit ressembler à rien du tout, pleine de farine. Je passe la main sur ma joue pour enlever un peu de celle-ci qui se met à voler comme de la neige avant de tomber sur mes vêtements. Je secoue un peu mes cheveux et là, la neige devient réelle cette-fois ci. Manque plus que la branche de houx au-dessus de nos têtes et nos voici tout droit propulsés dans un téléfilm de noël.
« Oui, je venais justement pour ça. On arrive à la fin du filage et... je pense que je vais lui emprunter des vêtements.. » je dit en tirant un peu sur mon t-shirt de ma seule main libre, la farine commençant à me démanger la peau.
« Oh.. » je m'exclame soudain en fronçant les sourcils « Ne bouge pas... » je dit doucement en me penchant pour ramasser mon téléphone portable à ses pieds. Comme je m'y attendait, la vitre est explosée en une parfaite toile d'araignée. Je passe mon doigts dessus pour tenter de l'allumer, me coupant légèrement.
« Mince, pas de chance... » avec mon maigre salaire d'animatrice, je n'ai pas forcément les moyens de me payer un nouveau téléphone. Va falloir faire sans le temps de la prochaine paye. Je lui souris alors en me mordillant la lèvre. Peut-être qu'un de mes frères possède un vieux téléphone qu'il n'utilise plus ? Le temps de faire réparer celui-là... « Je pense qu'aujourd'hui, c'est moi la plus maladroite de nous deux ! » je dit en brandissant mon pauvre appareil , haussant les épaules et riant même un peu. Toujours positive, jamais dramatique... c'est ce que m'a appris la vie. Je ne perd jamais mon sourire. 

Son rire était contagieux même si le mien restait lamentablement bloqué au fond de ma gorge. C'était franc, chaleureux même et il faisait frissonner mon cœur d'une étrange manière. Elle avait du remarquer mes regards en coin quand elle passait à l'appartement, mon air admiratif que je peinais à retenir en les entendant travailler sur leur projet. Comme j'aurais aimé être un peu plus à l'aise avec les filles, un peu plus confiant... Ou simplement un peu plus "beau gosse" histoire de pouvoir m'assurer quelques "oui" spontanés. Un de mes amis était comme ça. Tellement classe qu'il n'avait même pas besoin d'ouvrir la bouche pour que les femmes tombent à ses genoux. Après, j'étais conscient de ne pas être trop horrible à regarder non plus mais ma timidité et le côté geek ne jouaient clairement pas en ma faveur... Qui sait, quand je serai grand ça ira peut-être mieux ? Même si je crains d'avoir déjà dépassé la date...

« C'est vrai que ça peut porter à confusion. » Plaisantais-je avec un énième haussement d'épaules et un léger rire nerveux. Quitte à être un boulet autant avoir un TOC en plus non ? Je n'aime vraiment pas faire les choses à moitié. « Promis je serai plus subtile la prochaine fois. »

Promis-je avec un petit oui de la tête et un sourire en coin. Comme si j'aurais un jour le courage de l'inviter où que ce soit tiens ! Enfin, on peut toujours rêver non ? Quoi que là c'était même plus du rêve... Bref, j'avais mieux à faire que de tergiverser, il fallait que je ramasse tout ça histoire d'occuper mon esprit et mes mains. Avoir l'air "cool" quoi, normal... J'espérais vraiment qu'elle ne remarque pas trop à quel point j'étais mal à l'aise, ça aurait réellement été la cerise sur le gâteau. Seulement c'est vachement plus facile à dire qu'à faire, surtout maintenant qu'elle s'était rapprochée pour m'aider. Ne pas trop la regarder dans les yeux, ne pas trop la fuir non plus, respirer, garder le sourire... Cool, tout allait bien se passer... Ou pas, voilà que je manquais sans discrétion de perdre l'équilibre. Bravo champion !

« Speedy Gonzales ? J'aurais plutôt dit  Monsieur Maladroit pour le coup ! » Plaisantais-je, me baissant un peu pour qu'elle puisse m'aider un peu. « Merci, je crois que je me suis un peu surestimé... » Avouais-je avec un petit soupir désespéré. Soupir qui aurais été encore plus légitime après ma phrase suivante que je regrettais à peine eut-elle franchi mes lèvres. « Si j'avais su ! »

Souriais-je avec un autre haussement d'épaules. NON MAIS JE RÊVE ? Il allait vraiment falloir que je fonce aux urgences, c'était beaucoup plus grave que ce que je ne pensais... J'avais sûrement un traumatisme crânien spontané ou peut-être que j'avais fait un AVC ? En tous cas je n'étais pas dans mon état normal et c'était très inquiétant. Maintenant je comprenais mieux pourquoi j'avais toujours inconsciemment fait en sorte de rester un peu éloigner de Swan quand elle passait à l'appartement, mon instinct me hurlait que c'était une mauvaise idée et j'en étais maintenant certain. Leçon retenue, si on pouvait passer à autre chose maintenant ? Ou alors faites qu'elle se rapproche tiens, et qu'elle me touche aussi, super idée merci ! Mais qu'est ce que je vous ai fait bon sang ?! Pourquoi moi !? Si je n'avais pas fait l'AVC tout à l'heure, c'était maintenant chose faite.    

« Ça tombe bien du coup ! » Affirmais-je, espérant que mon bref coma n'ai pas été trop flagrant et que mon sourire paraisse plus détendu le reste de mes muscles. « Je pourrais faire une machine si tu veux, avec le sèche linge il ne faudra pas trop longtemps. »

Proposais-je ensuite alors qu'elle tirait légèrement sur son haut pour me montrer l'étendu des dégâts. En bon gentleman, je gardais mes yeux dans une zone politiquement correcte, aussi compliqué que ça puisse être en vue de son geste... Heureusement pour moi, la jeune femme lâcha son vêtement pour récupérer son téléphone qui était à présent proche de mes pieds. Sage décision, avec ma chance j'aurais été capable de marcher dessus pour l'achever ! Et ça aurait été dommage car, visiblement, seul l'écran avait souffert de la chute, quelque chose que je pouvais réparer sans trop de mal en principe... Je sais, paradoxal pour un maladroit mais j'étais doué de mes dix doigts quand il s'agissait de bricoler, surtout tout ce qui touche à la technologie.  

« Ne parle pas trop vite, la journée n'est pas terminée ! » Riais-je en secouant la tête. C'était mal me connaître de croire qu'elle pouvait me battre là dessus ! « Je ne suis pas un pro mais je devrais pouvoir changer ton écran sans trop de mal. Au pire je t'installerai le mien pendant que tu travailles avec Ezzy histoire que tu puisses rentrer tranquille. »

Expliquais-je, soudain un peu plus à mon aise. Le geek dans son élément, ça marche à tous les coups. En tous cas c'était une chance que nous ayons le même modèle, comme ça je pourrais arranger ça rapidement. Puis, au pire, je garderai un écran cassé le temps d'en acheter un autre. Surtout que j'étais rarement sur mon portable en fait et je devais avoir une protection quelques part en attendant.

« Et on va désinfecter ça aussi. » Ajoutais-je avec un petit signe de tête en direction de son doigt blessé. « Nous devrions y aller avant qu'un piano ne nous tombe sur la tête, on ne sait jamais. »

Proposais-je ensuite, hésitant à me jeter sous les roues de la première voiture venue tant je me trouvais stupide. Mais bon, avec notre chance, ça aurait pu arriver non ? Puis quitte à faire dans le cliché... Enfin, heureusement que l'appartement n'était pas trop loin, ça m'aura au moins éviter de sortir trop d'autre idioties pendant le trajet... Et pas d'autre catastrophe à déclarer : le fait de porter les courses à deux était finalement une excellente idée ! D'une main, je parvins à sortir mes clefs et à déverrouiller la porte, ouvrant un appartement encore désert. Chic, nous étions seuls... Le destin s'acharnait visiblement.

« Pose ça en vrac dans la cuisine, je vais chercher de quoi nettoyer ton doigt. »

Lançais-je, fuyant rapidement l'entrée sans prendre le temps de poser ma partie des courses. Pratique, bravo ! Mais bon, je n'allais pas faire demi-tour alors j'allais à la salle de bain avec mon barda, prenant du coton et du désinfectant que j'ajoutais à ma charge. Par miracle, je pu revenir dans la cuisine sans perdre quoi que ce soit. Le vent aurait-il tourné ? Je ne voulais pas parler trop vite, trop risqué, mieux valait simplement profiter de cette chance tant qu'elle durait ! Je posais donc tout sur le plan de travail puis tirais le nécessaire pour la "soigner" que je préparais rapidement. De là, je m'installais sur la chaise près de la sienne, tendant vers elle la main qui ne tenait pas le coton imbibé de désinfectant avec un sourire rassurant.  

« Il pique un peu mais c'est efficace. » Dis-je, désolé d'avance avant de sentir sa petite main se poser dans la mienne. Retenir un frisson fut délicat mais j'y parvins, heureux de pouvoir me concentrer sur sa petite blessure. « Ezra ne devrait pas tarder... » Ajoutais-je, mes yeux rivés sur son doigt que je tamponnais délicatement avec le coton. « ... en attendant je peux te prêter un de mes t-shirt ? Comme ça je lance la machine tout de suite ? » Continuais-je, presque déçu d'avoir déjà terminé. Je lâchais doucement sa main, relevant les yeux vers elle avec un sourire désolé. « Ce sera moins élégant mais au moins ce sera propre. » Me justifiais-je avec un autre haussement d'épaule. Ça faisait longtemps... « Et je peux commencer à préparer les crêpes avant son arrivée, je suis sûr que ça la fera venir ! »

Proposais-je, enthousiaste. Je m'occuperai de son portable une fois Ezra arrivée, comme ça elles pourront bosser tranquille et avec le ventre plein. Puis ça me donnera une occupation pour ne pas traîner dans les parages... Être concentré sur quelque chose était mon meilleur échappatoire.

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♛ Princess & The frog

Nathan Carter est un drôle de phénomène.
Il n'a rien d'un super héros au caractère machiste qui prend les femmes pour acquise au moindre rire esquissé. Ou même d'un second rôle comique borderline.
Nathan Carter n'est pas d'un extrême à l'autre, bien au contraire...
Son petit air maladroit et son rire gêné trahis de lui un caractère hypersensible bien que très joyeux qui me touche profondément au coeur. Cette sensibilité emplis de douceur le rend charmant et me bouscule un peu l'estomac...
Il est doux même quand il me parle, comme si il lisais en moi comme dans un livre ouvert...
Il sais qu'il faut me manipuler avec précaution, ne pas être trop brusque. Même quand il ris il est tendre...
Ou alors serait-ce de la timidité ?
Difficile de le savoir...
Autant je suis  prévisible, autant j'ai parfois du mal à lire aux travers les yeux des gens. Je ne suis pas très douée émotionnellement et je m'attache à des détails futils qui ne veulent rien dire. Si ça se trouve, je me plante totalement depuis le départ...
Ce que je sais par ailleurs, c'est que sa candeur naturelle ne me laisse pas de marbre. Je ris beaucoup trop depuis avant, même quand ce n'est pas volontaire...
C'est quoi la prochaine étape ? J'entortille une mèche de cheveux autour de mon doigts?

« C'est vrai que ça peut porter à confusion. Promis je serai plus subtile la prochaine fois. » je secoue doucement la tête en me mordillant la lèvre inférieure. « Après, c'est un concept ! C'est rare de voir des garçons badigeonner une fille de farine pour l'inviter à manger des crêpes... c'est un concept original !  » je lance avec un clin d'oeil timide pour le rassurer. Pourquoi un clin d'oeil ? Qu'est-ce que je cherche à faire au juste ? C'est pas un peu aguicheur comme méthode...? Et si il me trouvait vulgaire dans mon comportement ? J'ai pas envie de me comporter comme une nana de téléréalité siliconé jusqu'au menton qui joue de clins d'oeils et de mordillage de lèvres pour attirer les mecs. C'est loin d'être mon style. J'espère qu'il n'y aura pas d'interprétation bizarre... Pourquoi je m'en soucis autant ? Je ne veux pas qu'il me trouve bizarre...

J'ai un petit instant de frayeur quand il se redresse vivement. Sur l'instant, j'ai un pincement au coeur car j'ai l'impression qu'il essaie de me fuir. Comme si le contact de ma peau sur la sienne venait de le bruler jusqu'à l'os. Je m'enlève vivement l'idée de la tête.
Je me fait du mal à m'imaginer n'importe quoi à chaque fois, interprétant des actions bêtement en ma défaveur.
« Speedy Gonzales ? J'aurais plutôt dit Monsieur Maladroit pour le coup ! » je secoue la tête en riant, lui prenant deux trois courses des bras pour le soulager. Heureusement, je ne porte qu'un sac à dos qui contient mes affaires pour libérer mes mains pendant mes périples. « Ne te dénigre pas! » je le sermonne avec un doux sourire « Il y a une étude qui prouve qu'apparemment les femmes sont plus attirées par les maladroits que par les... les autres ? » je hausse doucement les épaules « Parfois même nos pires défauts sont les plus belles qualités aux yeux des bonnes personnes ! » et qu'est-ce que j'en pense moi de tout ça ? La réponse est évidente mais je préfère la garder sous silence pour le moment. Je me suis déjà trop ouverte aux avis tranchés un peu plus haut, faut que je me ressaisisse.
«Merci, je crois que je me suis un peu surestimé...Si j'avais su ! » je le regarde sans vraiment comprendre, fronçant légèrement les sourcils. Non pas par énervement mais par interrogation. J'étais tellement concentrée sur le contact de ses mains contre la mienne lors de l'échange de courses que je n'ai pas tout de suite compris où il voulait venir de par son " si j'avais su " mais je ne m'attarde pas dessus.

Le temps que je passe à épousseter ses cheveux est bien trop court à mon goût. Comment un geste aussi parfaitement anodin est-il devenu aussi lourd de sous-entendus ?
Je m'écarte après quelques longues secondes bien trop courtes et lui fait un sourire avant de m'apercevoir que je suis dans le même état que lui. Mes cheveux noires concurrencent à présent ceux de la reine des neiges et la farine sur mes joues dénote parfaitement avec mon teint bronzé. C'est un peu comme si je faisait le remake du film Rasta Rockette version féminine.
De ma main ne tenant pas les courses, je passe la main sur mon débardeur en espérant enlever le plus gros du travail. Le coton un peu rabougris par les nombreux lavage accroche bien, même trop bien pour de la farine... zut..
« Ça tombe bien du coup ! » je m'apprête à lui demander pourquoi quand je fait le lien avec Ezra. La belle travaille d'arrache-pied pour que ce spectacle se déroule dans de beaux décors. Je pense que je ne l'a paye pas suffisamment pour tout ce qu'elle fait pour moi, cette fille est ma sauveuse... « Je pourrais faire une machine si tu veux, avec le sèche linge il ne faudra pas trop longtemps. » le rouge me monte aux joues à sa proposition. Non pas que ça me déplaise, mais l'idée de me déshabiller dans l'appartement qu'il occupe me donne un peu des bouffées de chaleur dans le ventre. Mais c'est vrai que c'est plus pratique, et je ne me vois pas rester dans cet état jusqu'au retour chez moi...
« Ce serait super ! Merci.. » je dit dans un souffle en remerciant le bon dieu qu'Ezra fasse ma taille pour lui emprunter des vêtements de rechange.

Les bourdes se succèdent et n'en finissent pas : mon téléphone est en mille morceaux. Je pousse un profond soupir contrit. Non pas que je soit spécialement attachée à lui, mais je travaille beaucoup dessus rien que par des photos ou des notes prises à l'arrache... surtout avec le spectacle qui approche.
Je ne suis pas comme tout ces jeunes accros aux écrans , mais il est l'un de mes principaux outils de travail si ce n'est le seul... comment je vais faire pour joindre mes collaborateurs ?
Heureusement qu'il y a toujours un plan B... mes frères, eux, achètent tout les ans le dernier téléphone portable à la mode. Je me demande souvent d'ailleurs comment ils font pour trouver l'argent, on ne roule clairement pas sur l'or dans la famille Torres. Et un téléphone qui coûte un mois de salaire, c'est pas anodin...
Ils me doivent bien ça non ?
« Ne parle pas trop vite, la journée n'est pas terminée ! » je le regarde, interrogatrice « Je ne suis pas un pro mais je devrais pouvoir changer ton écran sans trop de mal. Au pire je t'installerai le mien pendant que tu travailles avec Ezzy histoire que tu puisses rentrer tranquille. » mon plus beau sourire naît sur mes joues en l'écoutant « Tu... tu ferais ça ? » je suis touchée par autant de gentillesse et je ne sais pas trop quoi dire de plus. « C'est adorable de ta part mais tu n'as pas à sacrifier de ton temps pour moi.. tu sais.. » je montre mon pauvre écran avec un haussement d'épaule « C'est pas si grave.. mes frères doivent bien en avoir un en rab ! » même si pour récupérer les données et contact, ça risque d'être une autre paire de manche. Bien que je m'oppose gentiment à sa proposition, quelque chose me dit qu'il ne me laissera pas comme ça dans le beaux-draps et ça me fait chaud au coeur.


« Et on va désinfecter ça aussi. » me propose-t'il en me désignant mon doigts d'un signe de tête. Ah oui effectivement... la coupure n'est pas profonde mais suffisamment pour que le sang coule le longs de mon doigts assez abondamment. Ce n'est pas douloureux mais contraignant. Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans, me disant que si il tomberait cette fois ça ne serait plus aussi grave, et prend soin de ne pas tâcher les courses de mon hémoglobine. « Nous devrions y aller avant qu'un piano ne nous tombe sur la tête, on ne sait jamais. » je ris de bon coeur en le suivant dans les escaliers, pensant que la journée ne serait pas plus étrange avec la chute d'un piano comme dans les films. « Décidément tu es mon sauveur. Comment je doit t'appeler ? Tony Stark, Peter Parker ou alors Clark Kent ? » je suis impressionnée par sa façon de prendre les choses en main, à sa place je ne saurais pas quoi faire ni comment me dépatouiller de toutes ses galères...

« Pose ça en vrac dans la cuisine, je vais chercher de quoi nettoyer ton doigt. »
J'ai à peine le temps de fermer la porte derrière moi qu'il a déjà disparus. L'appartement est vide de la présence d'Ezra, ce qui me provoque un léger coup dans l'estomac. Je ne me suis jamais retrouvée seule avec Nathan jusqu'ici... et si je ne savais pas quoi lui dire ? Et si il me trouvait bête ? Inintéressante ? Sans conversations? Bon jusqu'ici je me suis bien débrouillée mais on est jamais à l'abris de blancs dans une discussion...
Je ne suis pas venue souvent ici mais suffisamment pour trouver la cuisine facilement. L'appartement est grand et lumineux, bien loin du studio que j'occupe avec les trois gros lourdeau qui ne se douchent qu'une fois par semaine. De vrais adolescents...
Même que parfois ils laissent l'appartement dans un tel bordel que je doit enjamber les vêtements et les restant de nourriture pour trouver le chemin du salon. Le désavantage d'être la seule fille de la famille. Mais qu'est-ce que je les aimes...
Je pose soigneusement les affaires sur le plan de travail et extirpe le téléphone presque décédé à côté le temps que Nathan revienne.


« Il pique un peu mais c'est efficace. » je m'installe face à lui et pose délicatement ma main dans la sienne, paume vers le ciel. Effectivement, le produit me fait un peu tressaillir mais c'est préférable. L'infection doit certainement être encore plus douloureuse...
Le contact de sa main dans la mienne me donne mal au ventre. Il prend soin de ne pas trop me manipuler, d'être aussi doux que possible pour ne pas me faire mal. Je trouve ça adorable...
D'autant qu'il est chaud et agréable qu'il me tienne ainsi. J'en viens à penser que j'aurais peut-être dû me blesser plus encore... Mais c'est terrible d'imaginer des choses pareilles et d'autant plus d'imaginer Nathan en infirmier secouriste. Quoi qu'il n'y a rien de terrible là-dedans en fin de compte.
« Ezra ne devrait pas tarder... » je le regarde brièvement, m'amusant à détailler les traits de son visage, la courbe de ses cils. Quel plaisir qu'il ne capte pas mon regard, j'aime bien le regarder plus en détails. « Ce n'est pas grave, ça me fait plaisir de faire enfin ta connaissance... » je me racle la gorge et tressaille à nouveau, plus par absurdité de mes mots que par réelle douleur dû à mon doigts. Il faut que j'arrête de parler à tords et à travers « Et au moins ça nous fera plus de crêpe à nous deux ! » je dit avec un petit sourire en coin. Bien que j'adore Ezra, l'a savoir revenir et éclater cette petite bulle dans laquelle nous nous sommes plonger me rend un peu triste.

« ... en attendant je peux te prêter un de mes t-shirt ? Comme ça je lance la machine tout de suite ? Ce sera moins élégant mais au moins ce sera propre. Et je peux commencer à préparer les crêpes avant son arrivée, je suis sûr que ça la fera venir ! » je le regard droit dans les yeux , deux petits halo rougissants se forment sur mes pommettes. Quand j'étais au lycée, les filles arboraient souvent les sweat-shirt de leurs petits amis, c'était un véritable signe d'appartenance. Elles marquaient leur territoire...
Est-ce que porter le t-shirt d'un garçon est-il signe de quelque chose ?? Je ne doute pas qu'il fasse ça essentiellement par politesse. A moins que ... ? Non, c'est juste pour être gentil, comme depuis notre rencontre. Sa politesse et sa gentillesse me bouleverse comme elle me rend folle : je n'arrive pas à lire entre les lignes...
« Ouais ça me va.. » utiliser l'affirmation " Ouais " n'est clairement pas sexy dans ma bouche, c'est limite gênant. J'ai l'impression d'être une grosse bourrine...

Je le laisse rejoindre sa chambre, préférant ne pas lui emboiter le pas. La chambre à coucher est un domaine hyper privé que je n'oserait pas brisé, d'autant qu'il a peut-être pas envie que je vois certaines choses...
L'idée qu'il puisse avoir des posters de nana accroché au mur me fait sourire bêtement. C'est absurde mais ça resterait mignon.. ok je suis complètement tarée.
Il revient avec un t-shirt et je m'enferme dans la salle de bain.
En me regardant dans le miroir, je rougis de plus belle et me trouve ridicule : j'ai la gueule enfarinée et les cheveux un peu décoiffée. Fiche la tête en pleins dans le sac de farine et la secouer n'aurait pas donné un meilleur résultat...
Je me débarbouille en vitesse et regrette de ne pas avoir demandé pour prendre une douche. Ce n'est pas trop tard mais bon... j'ose pas. C'est déjà bien trop gentil de sa part de me prêter des vêtements propres !
Je mouille mes cheveux et passe les doigts dans mes longues mèche pour les démêler. J'ai l'air de revenir de la guerre du vietnam, mon dieu et dire qu'il m'a vue dans cet état.
J'enlève mon débardeur et mon soutien gorge imbibé de farine. Qui l'eut cru que ces petites particules s'insinuaient partout... tu m'étonnes que ça me démangeait.


« Et zut... » je marmonne en râlant. Je marmalant. Je ralonne. Ouais c'est pas mal ça !
Mon jeans est aussi tâché que mon haut, créant presque une pâte sur l'entre-jambe. J'ai l'impression d'être Ross dans Friends quand il s'applique du talc sur les jambes pour enfiler son pantalon en cuire. Je me déshabille totalement et me retrouve donc nue comme un ver dans l'appartement de Nathan Carter. Achevez moi par pitié... heureusement que j'ai encore ma petite culotte parce que ma dignité.. il n'y en a plus beaucoup...
J'enfile le t'shirt de Nathan qui porte encore son odeur. Je me surprend même à coller mon nez contre le tissus pour humer l'odeur de parfum et propre qui se dégage du vêtement. Quelle sociopathe...
Nathan n'est pas un garçon très grand mais par bonheur il mesure au moins dix bon centimètres de plus que moi ! Ce qui fait que son t'shirt m'arrive à peine au-dessus des cuisses sans pour autant que ce soit vulgaire. Je me trouverais presque mignonne si la situation n'était pas à ce point délurée.
Je fourre mes vêtements en boule dans la machine et passe la porte de la salle de bain en me donnant l'air sure de moi. Il n'en est évidemment rien du tout !!

« Ne te moque pas de moi ou je te tape ! » je dit en riant, arrivant à sa hauteur pour humer la douce odeur de pâte à crêpe qu'il a déjà préparé.

J'avais eu des petites amies dans ma vie même si elles se comptaient sur les doigts d'une main. Des histoires assez longues remarque, d'où leur rareté j'imagine... Quoi qu'il en soit ça n'était pas suffisant pour que je me sente parfaitement à mon aise avec la gente féminine et je n'en restais pas moins très mauvais en ce qui concerne l'analyse de signes et de sous-entendus. En somme, j'étais aussi aveugle que peu doué pour émettre des signaux moi-même. Pratique n'est ce pas ? J'étais donc parfaitement déstabilisé devant la jolie Swan et dans l'incapacité absolu de remarquer que le trouble était réciproque. Pas un pour sauver l'autre, nous n'étions pas sorti de l'auberge !

« Je ne suis pas sûr qu'"original" soit ce qui fonctionne le mieux niveau drague. »

Souriais-je avec un air faussement contrit. Si c'était le cas il y aurait une file d'attente devant ma porte ! Mais c'était loin d'être le cas... Toujours est-il que son timide clin d'œil avait déclenché un étrange chatouillis dans mon cœur, me poussant à lâcher un petit rictus presque attendrit. Elle était réellement adorable, bien trop pour que ce clin d'œil soit autre chose que purement amical. Peut-être même lui faisais-je un peu de peine à être aussi ridicule en un si petit laps de temps ? Oui, sûrement ça, il n'y avait pas d'autre explication de toute façon. Boulet un jour, boulet toujours ! Et ce n'était que le début...

« Je dois être l'exception qui confirme la règle alors ! »

Plaisantais-je, espérant avoir l'air détaché alors que j'étais profondément troublé par le fait que ces mots viennent d'elle. NON, pas d'espoir, remballe tes films mon gars c'est mort ! Je secoue doucement la tête, aussi bien pour me sortir ces idées de l'esprit que pour "coller" à ma réponse. Non pas que je pense qu'elle ait tort en soi, j'ai juste un peu de mal avec le concept de bonne personne, sûrement à cause d'un célibat un peu trop long et d'une dernière expérience relativement douloureuse. Désabusé ? Un peu oui. Mais qui sait ce que le destin nous réserve ? Il semblait bien parti pour me coller la honte en tous cas, merci d'ailleurs, ça fait toujours plaisir...

« J'espère que tu as raison. »

Concluais-je simplement en haussant les épaules, cette fois de façon presque imperceptible. Ma mère m'appelait son "shrugger", un surnom qui m'allait comme un gant bien que je tente de lutter contre ce vilain réflexe. Pas de ma faute, j'étais particulièrement mal à l'aise en ce moment, incapable de savoir quoi faire de mon grand corps ou de contrôler mes paroles que je trouvais fort idiotes... Swan me déstabilisait bien plus que je n'aurais pu le craindre, vivement que nous soyons à l'appartement avec Ezra pour faire tampon ! Oui, elle allait me sauver et je m'empressais d'ailleurs de la glisser dans la conversation. Comme elle se moquerait de moi si elle nous voyait !

« C'est la moindre des choses ! Après tout c'est de ma faute. » Soulignais-je avant de lui faire remarquer que je pouvais encore gagner ce concours de mal chance en vue de l'heure. Mais il fallait avouer que le coup du portable lui donnait une légère avance. « Oh ce n'est pas sacrifier du temps ! J'aime beaucoup bricoler ce genre de chose et je n'ai rien de particulier à faire alors ça ne me dérange pas. » Affirmais-je avec enthousiasme. L'idée me réjouissait d'avance en fait... « Mais c'est comme tu veux ! En tous cas n'hésite pas, ce sera un plaisir. »

Enchéris-je sincèrement alors qu'elle refusait poliment mon offre. Dommage, j'aurais bien volontiers accepté la distraction... Mais un bon jeu vidéo dans ma chambre sera tout aussi bien sans doute... Même si j'aimais rester dans les parages quand elle était à l'appartement. Non pas que je sois très utile mais c'était sympa de les voir travailler et de pouvoir donner mon avis de temps en temps. J'aimais l'art sous toutes ces formes et j'avais quelques idées parfois. Mais aujourd'hui j'allais opter pour l'option "Me réfugier dans un trou en PLS", c'était plus sûr. D'ailleurs il était temps de partir avant que je dise ou fasse une nouvelle bêtises !

« On me dit souvent que je ressemble à Peter... » Riais-je doucement. C'était pourtant la stricte vérité et j'avais poussé le vice jusqu'à en faire un cosplay. Pratique non ? « Mais je suis loin d'être aussi doué que lui malheureusement. »

Soupirais-je sans perdre mon sourire amusé. J'haussais une nouvelle fois les épaules puis nous ouvrais la porte, disparaissant bien vite afin de reprendre un peu mes esprits. Je ne restais néanmoins pas dans la salle de bain histoire de ne pas l'abandonner trop longtemps au risque de paraître bizarre. Déjà qu'elle devait me trouver stupide, autant ne pas ajouter ça à la liste ! Pas si tôt en tous cas. Je revins donc bien vite avec mes courses et le nécessaire pour soigner sa petite plaie en bon super zéro que j'étais. Ne pas la regarder dans les yeux, se concentrer sur sa main, ne pas penser à ce frisson dû au contact, respirer... Ouais ben pour le héros on repassera mais, au moins, c'était propre et l'infection était écartée. Mieux que rien non ?

« On en reparlera tout à l'heure. » Riais-je alors qu'elle affirmait être heureuse de pouvoir enfin faire ma connaissance. Il n'y avait pas grand-chose de passionnant chez moi, elle perdait son temps la pauvre... « Mais oui, on lui piquera un peu de sa part. » Promis-je, relevant un regard presque malicieux vers elle. Mon cœur battait si vite que je ne le sentais même plus... L'AVC était maintenant en fait ! Ou alors j'étais mort sur le trottoir et actuellement au paradis ? Pas impossible en vue de la situation même si la gêne me rappelait plutôt l'enfer... « Parfait, je vais te chercher ça du coup ! »

Lançais-je, bien trop heureux de pouvoir disparaître à nouveau. Je jetais le coton ensanglanté au passage puis me dirigeais donc dans ma chambre pour chercher un t-shirt. Il fallait que je fasse vite mais lequel devais-je lui prêter ? J'avais tellement de t-shirt idiot avec des dessins geek ! Je ne pouvais décemment pas lui filer ça ! Debout devant mon placard ouvert, je jetais sur mon lit un haut Retour vers le futur puis un autre Uncharted avant d'opter pour un t-shirt uni simple que j'utilisais pour le travail, lieu où je devais avoir l'air un brin sérieux quand même. Pas terrible mais au moins il était propre et neutre, un peu cintré aussi donc elle n'allait pas trop nager dedans. Quoi que j'étais quand même plus grand qu'elle mais à situation désespérée, solution désespérée non ?

« Tiens, c'est pas super mais ce sera toujours plus agréable. » J'avais eu la chance d'avoir le sac contre moi, j'étais moins atteint qu'elle... Mais j'avais quand même enfilé un autre t-shirt en passant dans ma chambre, un truc assez sobre bien qu'il fut attrapé au hasard, coup de bol. « Tu peux aller dans la salle de bain, la machine est là bas en plus, je la lancerai quand tu seras prête. »

Souriais-je, profitant de son départ pour ranger un peu la cuisine et commencer à préparer la pâte à crêpes. Recette que je connaissais pas cœur, comme beaucoup d'autres. C'était le truc sympa et rapide, qui en jette un peu en plus, au moins pour les anglophones. Non pas que mon but soit de lui sortir le grand jeu même si, du coup, je répondais à son souhait en bon serviteur que j'étais... De toute façon il en faudrait bien plus que ça pour compenser nos mésaventures, au moins un coq au vin ou un truc luxe du genre ! Pas au delà de mes compétences mais peu recommandé à cette heure-ci... Puis je n 'avais pas les ingrédients de toute façon, problème résolu.

Concentré sur ma préparation, je n'entendis pas les pas discrets de la jeune femme qui revenait déjà vers la cuisine et ce n'est que sa petite phrase qui me fit relever les yeux avec un léger sursaut de surprise. Suivi par la chute instantanée et vertigineuse de mon cœur au fond de mon estomac... Je m'étais attendu à ce que je t-shirt soit un peu grand, je m'étais même attendu à ce que ça lui donne un petit côté sexy pour être tout à fait honnête. Vous savez, la jolie fille qui pique le t-shirt trop grand de son amoureux après avoir passé une nuit impromptue chez lui ? Quoi, je pouvais rêver non ? Mais si j'avais su qu'une partie de mon souhait serait réalisé, j'aurais espéré moins fort car c'était très malaisant !

Heureusement d'ailleurs que je n'étais pas entrain de couper quelque chose sinon il y a fort à parier que mes doigts auraient terminé sous la lame... Je déglutis difficilement, espérant ne pas faire trop traîner le silence qui s'était installé. Tout comme j'espérais que mon admiration ne soit pas trop flagrante.. En tous cas j'avais fait en sorte de garder mes yeux sur son visage, n'ayant fait qu'une brève incursion vers ses jambes dénudée sous la surprise. Il faut dire que, même si j'avais remarqué la farine sur son pantalon, j'aurais presque espéré qu'il reste sur ses jambes. Enfin, tant pis, ce qui était fait était fait, il me restait juste à paraître détaché et assuré... Rien de trop compliqué n'est ce pas ?  

« Je... Heu... » Bafouillais-je, ne réalisant pas que j'en avais soulevé mon fouet du saladier et que de la pâte goûtait sur la table, épargnant mon t-shirt par miracle. « Oh j'ai vu plus ridicule ici, ne t'en fais pas ! » Parvins-je à articuler dans un sourire, secouant la tête, réalisant enfin la catastrophe qui aurait pu arriver. Je reportais rapidement mon attention sur ma pâte, rougissant malgré moi. « Mince ! » Soufflais-je, comme pour justifier ce changement brutal d'attitude. J'aurais pourtant bien des choses à raconter entre les filles et mon colocataire mâle... Une sacré ménagerie par ici ! « Bon, la pâte est prête, il faut la laisser un peu reposer, je vais lancer la machine au passage. Tu... Tu veux que je te prête un pantalon de survêt ? »

Pitié dis oui ! Ça allait être grand mais elle pourrait le serrer et au moins je ne verrais plus ses jolies jambes... Dis oui Swan, pitié, ait pitié de mon âme ! Mais je gardais un air détaché, neutre au possible bien que je me sente très mal-à-l'aise face à un spectacle bien trop ravissant pour que je garde tout mon sang dans mon cerveau. Oui, long célibat et je restais un homme... Mais j'allais être fort, quoi qu'elle dise j'allais rester digne. Mais déjà que j'avais du mal à ne pas raconter de connerie, je ne donnais plus très cher de ma pauvre carcasse. Ezra, revient vite s'il te plait ! Tu es attendue comme le Messi !
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♛ Princess & The frog

« Je ne suis pas sûr qu'"original" soit ce qui fonctionne le mieux niveau drague. » l'amour et la drague sont deux notions subjectives qui varient d'un humain à l'autre. Bien que je ne sois pas foncièrement d'accord avec lui, je doit admettre qu'en règle générale les gens manquent d'originalité.
Physiquement déjà les standards sont déjà établis par nos amis de la téléréalité : grosses fesses, grosse bouche, gros seins. Rien que ça pour satisfaire le sexe opposé... et je n'ose même pas parler de la gente masculine. 
Finalement...  quand on y pense... le grand secret de la drague serait justement de briller par sa non-originalité ? En vue des standards plus ou moins récalcitrant, briller en société en étant le contraire de ce que l'on voit à la télévision suffirait à chavirer des coeurs ? De nos jours, tout le monde se ressemble et suis une même mode... 
Si ce n'est que ça, je suis contente de ne pas ressembler à tout le monde et d'avoir ma propre identité.
« La drague c'est subjectif ...  » je répond simplement en lui souriant, ne voulant pas lui imposer ma rédaction philosophique que j'ai établis dans ma tête. 
J'en viens à me demander comment, il y a six ans de cela, Alfonso s'est débrouillé pour me draguer. Cette simple évocation a une vie devenue antérieure me fait un pincement au coeur.
Dans cette époque désormais révolue, j'étais suffisamment imbue de ma personne pour tomber amoureuse du gars populaire. Aussi mauvais soit-il... mais ça je ne l'ai découvert que bien trop tard. Et ce fut ma seule et unique expérience amoureuse... alors autant dire que, malgré six ans de cauchemars, je ne soit pas très calée amoureusement parlant. 

« Je dois être l'exception qui confirme la règle alors ! » me répond-il simplement quand je tente de le rassurer sur la maladresse et l'attraction que ça peux provoquer sur les femmes. Je le regarde avec un petit sourire amusé. J'ai du mal à croire que Nathan ai si peu de conquête ou du moins si peu de filles qui lui courent après. Entre sa gentillesse et sa beauté, il a tout ce qu'une fille rêve d'avoir non... ? 
Après malheureusement on vie dans une génération où les femmes aiment les bad boys, ce qui n'est évidemment pas mon cas. Les bad boys à la Hardin Scott dans After par exemple.. un parfait exemple même ! Ayant lu la saga, j'étais plutôt bien attachée au personnage mais seulement vers la fin au moment où il s'assagit par amoureux et est à nouveau en paix avec lui-même. Ca met du temps à arriver, certes, mais ça arrive! Il n'empêche que la culture du gros lourd au coeur tendre en a fait rêver plus d'une, moi la première à l'époque d'Alfonso. Mais il m'a fallu un gros choc mental pour réaliser que c'était une erreur...
« Ne sois pas trop dur avec toi-même ! » je le conseil tendrement, me disant qu'il ne devait certainement pas se rendre compte de l'attraction physique qu'il provoque chez les femmes. Notamment chez moi..
Mais je ne peux pas le blâmer, j'ai tendance à me voir plus laide que je ne le suis en réalité... mais ça reste une réaction humaine de se dénigrer, on est jamais content de ce que l'on a au fond.
« J'espère que tu as raison. » je lui fait une tête rigolote qui voudrait dire " j'ai toujours raison " sans le prononcer à voix haute. Il n'a clairement pas conscience de ce qu'il dégage, et je pense même qu'il n'a pas conscience que sa douceur me fait frissonner.
Peut-être parce que personne avant lui n'avait été aussi doux et prévenant avec moi ? C'est un sentiment nouveau qui me fait des papillons dans le ventre. Même si je suis moins sûre que venant de quelqu'un d'autre cela m'aurait fait le même effet...

« C'est la moindre des choses ! Après tout c'est de ma faute. » je lève les yeux au ciel. Si j'avais gardé mon téléphone dans ma poche plutôt que de m'y accrocher comme à une bouée de sauvetage, ça ne serait pas arrivé. « Oh ce n'est pas sacrifier du temps ! J'aime beaucoup bricoler ce genre de chose et je n'ai rien de particulier à faire alors ça ne me dérange pas. Mais c'est comme tu veux ! En tous cas n'hésite pas, ce sera un plaisir. » je souris sans vraiment l'écouter. Il est craquant quand même quand il essais de me convaincre. Ressaisis toi Swan! Il va finir par te trouver bizarre à le dévorer des yeux comme une adolescente en chaleur. Je me racle la gorge, tressaillant comme si on venait d'allumer la lumière. « Ok, je veux bien te confier mon téléphone. Mais hors de question de faire ça gratuitement... » lui donner de l'argent ou continuer de me faire pardonner par des rencontres spontanés ? 

Nous montons les escaliers l'un derrière l'autre. Je bataille un peu avec ce que j'ai dans les bras, à la fois pour ne pas tâcher de sang la nourriture et ne pas faire tomber encore quelque chose par terre.
Autant dans la rue c'est moins grave que dans les escaliers, nettoyer entre les marches ça risque d'être pas mal gonflant.
« On me dit souvent que je ressemble à Peter... » le rouge me monte instantanément aux joues. C'est vrai qu'il y a un air de ressemblance que je n'avait pas découvert avant qu'il me le dise. « Mais je suis loin d'être aussi doué que lui malheureusement. » je me mord la lèvre pour m'empêcher de sortir la bourde de ma vi... « Quand j'étais petite j'étais amoureuse de Spider-man. » mais ferme la...
Autant c'est gênant d'avouer qu'à dix ans je rêvait d'être Mary-Jane pour que Peter Parker m'embrasse à l'envers sous la pluie, autant c'est encore plus gênant d'admettre ça quand le garçon en face dit avoir une ressemblance physique avec lui.
Les murs sont en plâtre ou en béton que je me tape la tête dessus pour me faire payer ma débilité ? Y'a des fois je regrette de parler sans filtres comme une enfant, ça va finir par m'attirer des soucis. Surtout avec Nathan qui va croire que je le fait exprès et que je suis bizarre comme nana...
J'ai aucune envie qu'il me prenne pour une psychopathe...
Heureusement qu'il me tourne le dos pour ne pas me voir me batailler avec moi en m'insultant de tout les noms d'oiseaux possible sur cette terre.

Au moment de passer la porte de la colocation, Pete..NATHAN disparaît au détour d'un couloir. Je rejoins la cuisine et pose délicatement les courses.
Nathan, en parfait gentleman, s'occupe de ma micro-blessure avec délicatesse. Dans d'autres circonstances, je me serais contenté de sucer mon doigts jusqu'à ce qu'il ne saigne plus. Mais ça me fait plaisir d'être chouchouter ...
Et ça me permet de l'observer sans restriction et sans qu'il ne s'en aperçoive, tant il est concentré sur ma blessure de guerre. Blessure de guerre qui ne demande pas tant de travail que ça car il ne s'écoule que cinq petite minutes avant qu'il ne finisse.
« On en reparlera tout à l'heure. » se contente-t'il de répondre à ma légère avance dissimulé. Pourquoi? Il compte m'avouer être un fétichiste des pieds ou posséder une salle rouge comme Christian Grey ? Ou pire... une pièce remplis de poupée de porcelaine ? Pour autant, je suis déçue que mes paroles n'eurent pas l'effet escompté, me disant qu'il ne devait pas partager la même chose que moi. Partager quoi ? Ce bouleversement des planètes à chaque fois qu'il me touche.

Le contact se rompt entre lui et moi, me donnant l'impression de planer dans le vide. Je me sent soudainement très seule et frigorifiée. J'aurais bien volontier laisser ma main dans la sienne juste pour voir sa réaction, mais il me l'a rend doucement. Rah! Frustration...
Il me laisse seule avec mes pensées contradictoires pour me trouver un vêtement propre. Je laisse mon regard vagabonder dans l'appartement en attendant son retour. Qu'est-ce que ça doit être fun d'habiter avec des amis. J'aimerais bien vivre cette expérience, ça doit t'apporter beaucoup je pense...
« Tiens, c'est pas super mais ce sera toujours plus agréable. » je le regarde et pose ma main sur le vêtement sans m'en emparer. Je suis happée par son t'shirt qui me fait sourire. Je plisse légèrement les yeux et m'approche pour y voir un peu mieux ce  que sa représente. 
« Chargement de l'histoire... » je dit avec un sourire « J'adore ! On dirait un peu que c'est tiré de " Donjon & Dragons " ou du " Le donjon de naheulbeuk ! C'est super fun. Tu as acheté ça où ? » je me rappelle de quand j'étais petite et que mes frères s'amusaient au jeu de société " Donjon&Dragons " . Ils étaient aussi à fond que la bande de " Big bang Theory " mais ne voulaient jamais me laisser jouer avec eux. Sauf pour être parfois la narratrice, mais ça ne durait que très peu de temps car ils disaient que je jouais mal. J'avais 10 ans à l'époque, j'étais pas non plus Angelina Jolie. Heureusement parfois on se posait au salon et on écoutait les aventures des aventuriers du " Donjon de Naheulbeuk " . Un audio un peu borderline pour des enfants de notre âge au vue du florilège de gros mots, mais notre mère n'avait déjà plus les yeux en face des trous pour nous interdire quoi que ce soit. Heureusement que c'était notre seule grosse " bêtise " .
« Tu peux aller dans la salle de bain, la machine est là bas en plus, je la lancerai quand tu seras prête. » Je ne me fait pas prier, ravis de pouvoir enlever ces vêtements qui me collent à la peau et me piquent. 

Je me désape en vitesse, un peu gênée d'être à moitié nue dans cet appartement. Qu'est-ce que pensera Ezra en me voyant dans cette tenue...? Elle va penser qu'on... ? Cette pensée m'arrache un sourire et me fait frissonner dans le bas ventre. C'est bon j'ai viré cringe en deux deux ! 
Je fourre ma paire de chaussette dans la machine, me disant que foutu pour foutu autant tout nettoyer d'un coup. Je passe la porte de la salle de bain et me rend jusqu'à la cuisine en glissant sur le sol lisse de mes petits pieds. Heureusement qu'il fait relativement bon pour la saison et chaud dans l'appartement, je me risquerait à la pneumonie sinon. 
Tout en faisant fasse à Nathan, je m'attache les cheveux en une queue de chevale basse. Heureusement que j'ai toujours un élastique au poignet pour les situations urgentes! Ce que je ne me rend pas tout de suite compte, c'est que lever les bras force le t-shirt à se lever un peu pour dévoiler un peu plus de ma peau nue. 
« Oh j'ai vu plus ridicule ici, ne t'en fais pas ! » je lui souris. Bien que son regard s'attarde brièvement sur mes jambes, ça ne semble pas plus le toucher que ça. Non pas que je le fasse exprès...
Pour avoir déjà croiser ses colocataires, j'imagine qu'il a du voir de plus belles œuvres d'art. Bien que je ne sois pas à plaindre , la danse a l'avantage de m'avoir doté de jambes fines mais fermes, bien que courtes.
Je le rejoins à ses côtés pour l'aider à nettoyer la pâte qui a coulé sur le plan de travail, me munissant d'un torchon trouvé sur le côté.
« Bon, la pâte est prête, il faut la laisser un peu reposer, je vais lancer la machine au passage. Tu... Tu veux que je te prête un pantalon de survêt ? » je le regarde en m'adossant au plan de travail, les chevilles et les bras croisés.
« Je pense même que, dans ma situation, un simple short devrait faire l'affaire pour me couvrir ! » je ris, songeant que je risque d'attraper froid dans cette tenue malgré la température correcte. J'imagine seulement la tête d'Ezra et le rouge me monte aux joues. 
Tandis qu'il s'éloigne une nouvelle fois, je décide de mettre la table pour l'aider un peu dans sa tâche. Je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre le placard du bout des doigts, dévoilant une rondeur de fesse au passage. Je devrais songer à emmener un tabouret avec moi, c'est un appartement de géant par ici.
« Nate.. ? » je demande un peu fort pour qu'il m'entende de la pièce opposé. « Où est-ce que vous rangez les couverts ? » ne parvenant pas à atteindre les assiettes, je décide de me hisser sur le plan de travail et m'y agenouiller pour être à la hauteur des assiettes. Je suis suffisamment une catastrophe comme ça, je ne veux pas risquer de briser de la vaisselle en plus...
D'ailleurs en parlant de catastrophe, je vacille un peu sur mes genoux au moment de me redresser pour atteindre le placard. Qu'est-ce qu...?
Je me souviens pas avoir déjà eu un soucis dans l'oreille interne. Je ne suis pas très stable sur mes pieds en général mais là c'est un peu fort de café non?
J'ai à peine le temps de réagir que je dégringole de mon perchoir si vite que je n'ai même pas le temps de pester contre moi-même.

Pourquoi fallait-il que ses mots me touchent à ce point ? C'était n'importe quoi ! Elle ne disait sans doute tout ça que pour me rassurer, peut-être parce que je lui faisait un peu de peine aussi. Le grand imbécile sympa, le coloc maladroit... Ezra n'aura sûrement pas parlé en mal de moi et, en réalité, elle n'avait pas besoin de le faire puisque je me faisais de la mauvaise publicité tout seul... Une mauvaise publicité particulièrement mérité en ce moment en vue de ma maladresse et de cette petite lueur d'espoir totalement ridicule qui brillait en moi. Comme si elle pouvait avoir le moindre interêt pour moi ! Elle qui devait avoir une liste de prétendants longue comme le bras, des hommes plus attirants et plus passionnants que je ne le serai jamais... Enfin, autant en rire non ? Mais la jeune femme restait étrangement sérieuse, m'assurant que la drague était subjective et que je ne devais pas être trop dur avec moi-même. Ouais... Juste de la pitié non mérité, c'était la seule explication, Swan était juste trop gentille. Je souris quand même, reconnaissant, avec de conclure en avouant que j'espérais qu'elle ait raison. Un espoir très global dans mon cas mais sans doute vain... Heureusement, la conversation s'éloigna de ce sujet délicat, me permettant de me ressaisir un peu.

« Ok alors... Ça fera 5 centimes la demi-journée de travail. En sachant qu'il ne me faudra sûrement que quelques heures, tu devrais pouvoir t'en sortir pour... Même pas un tiers de quart de centime ? Je sais que je ne suis pas donné mais bon, c'est le prix à payer pour un travail de qualité. » La taquinais-je, l'air sérieux malgré un sourire plein de malice. Je paraissais presque à mon aise parfois, assez pour me surprendre moi-même. Mais mon aisance s'effaça bien vite à l'aveu de la jeune femme concernant son crush d'enfance... Heureusement qu'elle ne pouvait pas voir mes joues qui devaient avoir viré à l'écarlate ! « C'est vrai que j'ai un certain succès avec les petites filles, dommage qu'elles ne soient pas mon genre. »

Plaisantais-je, regrettant immédiatement mes paroles débiles. Je me sentais trop fébrile pour réfléchir, trop gêner pour penser correctement. Punaise Ezra soit à la maison s'il te plaît ! Sauve moi ! Mais non, personne... Heureusement que j'avais une excuse pour disparaître, ça devenait vital. Dommage, je ne pouvais pas m'enfermer dans la salle de bain en position fœtale le temps que ma colocataire revienne, il fallait que j'affronte mes propres démons et que j'apprenne à agir un peu plus normalement face à Swan. Ça ne devait pas être trop compliqué quand même ! J'arrivais à être cool avec Ezra et Hope qui étaient également de très jolies filles ! Bon, il m'arrivait d'être mal à l'aise mais pas à ce point... C'était donc bien qu'il y avait autre chose avec la jeune femme, un petit truc en plus qui me faisait complètement perdre mes moyens... Bravo, de toutes les filles d'Ottawa il avait fallut que ça tombe sur la plus inaccessible ! Enfin, à mon niveau, elles l'étaient toutes un peu mais Swan ? Swan c'était le pompon... Et plus âgée en plus, pourquoi s'intéresserait-elle à un gamin tel que moi ? J'étais vraiment débile ! Allez, courage fuyons...

Il faut d'ailleurs admettre que j'étais assez fier de ma prestation : J'avais retenu le frisson qui avait traversé mon cœur en attrapant sa main, j'avais réussi à rester concentrer sur ma tâche et je n'avais pas dit de bêtise... Pas d'aussi grosse en tous cas. Je m'étais contenté de lui faire comprendre à quel point elle risquait d'être déçue d'apprendre à me connaître. Déçue de voir que je n'étais effectivement que l'adolescent dont j'avais toujours l'air malgré mon âge. Pas à sa hauteur donc, loin de là même... Et son absence de réponse me fit comprendre qu'elle s'en doutait sûrement déjà. En même temps, il aurait fallut être aveugle pour imaginer un seul instant que je puisse être plus ! La pauvre, coincée avec moi à devoir meubler la conversation... Elle avait sûrement tellement mieux à faire que ça ! En tous cas j'étais très heureux d'avoir une autre occasion de fuir pour reprendre un peu mon souffle et mes esprits. Car j'avais eu l'impression de vivre en apnée pendant ces brèves minutes, trop nerveux sans doute, trop effrayé à l'idée de faire une bourde...

« Oh ouais c'est... »

Commençais-je, de nouveau le souffle coupé alors qu'elle se rapprochait un peu de moi pour lire mon t-shirt. J'aurais dû opter pour un truc neutre moi aussi mais... QUOI ?! Elle connaissait ça ?! Elle connaissait Donjon & Dragons, le donjon de Naheulbeuk ?! MAIS POURQUOI ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être belle ET stupide histoire que je puisse avoir une raison de ne pas la trouver parfaitement attirante ? Non, il fallait en plus qu'elle connaisse un peu mon monde... TUEZ MOI PITIÉ ! Il y avait forcément quelque chose de détestable chez elle, vite, un défaut, une truc immonde, un truc inavouable ! Non, en fait elle pourrait manger des enfants qu'elle serait toujours aussi attirante... Enfin, peut-être un peu moins mais bon, les gens changent non ? Je secoue la tête malgré moi, espérant sortir de mes pensées plus vite et me retenant de m'en coller une. Il me fallut quelques secondes pour lui répondre et pour me détacher de mon air surpris de poisson hors de l'eau. Décidément, si je voulais paraître bizarre je ne m'y serais pas mieux pris !

« Je... Heu... J'avais trouvé ça à l'Ottawa Geek Market l'année dernière. »

Répondis-je finalement et sans réfléchir. J'aurais dû mentir, dire que c'était un cadeau, un pyjamas même... Mais non, franchise oblige, j'avais avoué ce qui sautait aux yeux. La princesse et le geek, comme si cette histoire pouvait marcher ! Bravo Don Juan... Quel débile vraiment ! Par chance, ce fut à son tour de disparaître, me laissant ainsi l'occasion de m'insulter joyeusement à demi-mot pendant que je préparais les crêpes. J'aurais sûrement du faire une remarque non ? Dire quelque chose sur le fait qu'elle connaisse ces références ? Il me semble qu'elle avait des frères, c'était sûrement à cause d'eux et... Puis elle voulait sûrement me faire plaisir ou... Ou me faire croire que ce n'était pas si ridicule ? Et de où j'avais honte ? J'abhorrais ces vêtements fièrement d'habitude ! J'étais fier de mon étoile de la mort en lego, de ma collection de jeux vidéos, de mes cosplays... Mais pas là, pas avec elle. Swan me donnait envie d'être un peu plus adulte, meilleur, elle me donnait envie de la mériter alors que c'était impossible.

Et encore plus en vue de son corps de rêve ! Vraiment, mais TUEZ MOI bon sang ! À quel moment un t-shirt aussi basique pouvait-il devenir un truc aussi sexy ? Je ne devais même plus ressembler à un poisson hors de l'eau mais à un Magicarpe après un combat perdu contre un Dracofeu vénère... Belle, intelligente et légèrement geek ? Ok ok, j'étais mort sur le trottoir pas vrai ? J'avais effectivement fait une crise cardiaque et j'étais au paradis ? Et comme ma vie n'était pas tout à fait celle d'un saint, cette pointe de gêne et de ridicule était la part d'enfer mérité ? Quoi que c'était peut-être l'enfer en fait... Être tenté à ce point en sachant que je ne pouvais pas l'avoir ? Ouais... L'enfer en fait, clairement l'enfer mais avec un petit arrière goût de Paradis. Rien que pour la vue, j'étais prêt à y rester, tant pis pour le reste ! Ça valait largement le sacrifice non ? Pourtant la gêne était brulante et elle le fut plus encore quand Swan vint m'aider à nettoyer ma mini catastrophe avant de s'installer près de moi, adossée contre le plan de travail dans une position bien plus sexy qu'elle en devait le penser. Heureusement, j'avais une nouvelle excuse pour fuir... Vite, pitié !  

« C'est sûr je... Je vais voir ce que je peux te trouver. »

Souriais-je avant de regagner ma chambre sans avoir l'air d'y courir. C'est moi où il faisait soudain soixante degrés dans l'appartement ? Qui avait monté le chauffage !? Respirer... Je profitais d'être seul pour me calmer un peu, attrapant un short propre au passage. Une chance que j'en utilise pour aller à la salle de sport, sans ça je n'en aurais pas le moindre ! Je n'étais pas trop shorts, jambes de crevette obligent... J'avais aussi attraper deux ou trois affaires sales pour les jeter dans la machine avant de la lancer. Tant qu'à faire, autant qu'elle ne tourne pas pour rien. J'allais regagner la cuisine quand mon téléphone avait vibré, me donnant une excuse pour retarder un peu mon retour... La voix de Swan retentit alors que j'ouvrais le texto de mon patron.

« Dans le tiroir à droite de l'évier ! » Lançais-je, assez fort pour qu'elle m'entende, restant dans le couloir le temps de répondre au texto reçu. Ce n'était rien d'urgent mais ça me permettait de retarder un peu mon retour... « J'arrive. »

Ajoutais-je, replaçant mon téléphone dans ma poche avant de reprendre mon chemin. J'avais pris une grande inspiration avant de me lancer, espérant avoir l'air un peu moins rouge et un peu moins mal à l'aise... L'espoir fait vivre non ? Nouvel espoir vain de toute évidence puisque la jeune femme m'offrait un nouveau spectacle fort déstabilisant : elle était à genoux sur le plan de travail, les bras levés vers les assiettes... J'aurais aimé ne pas regarder, vraiment. J'avais tout fait pour remonter mon regard ou le détourner mais... Mais c'était devant mes yeux et je n'étais qu'un homme ! Surtout qu'elle ne regardait pas... Dieu qu'elle était belle ! Ses jambes fines et musclées, son teint doré, la courbe de... Je n'eu pas le temps d'en contempler davantage que je la vis chanceler, jetant mon short par terre avant de me précipiter vers elle, la rattrapant de justesse. Vous voulez de la malaisance ? Voilà qu'elle était dans mes bras, à moitié nue, nos visage beaucoup trop proches et nos corps bien trop en contact à mon goût. Le temps s'arrêta quelques secondes alors que  mon regard s'était plongé dans le sien. J'aurais voulu rester là des heures même si j'avais aussi l'impression que j'allais exploser... Beaucoup trop belle pour moi...

« Heureusement que j'avais branché mon spider-sens ! » Plaisantais-je nerveusement avant de la libérer. La lâcher fut aussi douloureux que nécessaire, le contact avait été trop agréable... « Tu... Tu ne t'es pas fait mal ? » Demandais-je ensuite, me précipitant vers le short histoire d'avoir une excuse pour détourner mon regard et mon attention. « Tiens, vraiment désolé pour le style...  »

M'excusais-je en lui tendant le vêtement, un sourire désolé sur les lèvres et ma main libre frottant nerveusement ma nuque. Bon, ce n'était pas si catastrophique à part pour la taille. Un t-shirt uni et un short noir, j'aurais pu faire pire non ? Et elle était tellement belle qu'un sac poubelle pourrait lui aller... En toute objectivité bien sûr... :copyright:COM

♛ Princess & The frog

J'ai un sourire bête et figé sur mon visage depuis que j'ai croisé la route de Nathan Carter. J'ai beau me donner une allure sûre de moi, impénétrable et mystérieuse, je suis aussi fébrile qu'un flan démoulé d'un pot de yahourt.
Au quotidien, je ne manque pas d'assurance avec le sexe opposé et sais me faire apprécier à ma juste valeur en imposant mes limites.
Depuis le décès d'Alfonso il y a de ça deux ans, je n'ai plus jamais trouvé la force d'allez de l'avant émotionnellement. Les six années à ses côtés furent cauchemardesques, certes, mais tout était plus simple. C'était plus simple d'appartenir à quelqu'un sans se livrer sur ses émotions, quelqu'un qui se fiche éperdument de nos états d'âme et qui préfère maintenir son rôle de mâle alpha des années quarante. J'avais peur, mais c'était simple car tout était orchestré sans que je n'ai voix au chapitre. Je laissait les choses faire sans prendre le temps d'écouter ce que je voulais vraiment...

Aujourd'hui tout est différent car je jouis d'une liberté sentimentale et physique que l'on m'avait enlevé il y a de ça six ans. C'est tellement libérateur au fond de se dire que la douleur appartient au passer. L'extrême douleur, j'entends...
Dans les livres, faire l'amour ou en parler paraît tellement plus simple... par miracle, les deux protagonistes ressentent une fusion réciproque prête à braver tout les dangers.
Aux travers les pages d'un roman je sais déceler l'amour mais incapable de le découvrir quand il est sous mon nez. Et pourtant aujourd'hui j'ai l'impression de me liquéfier à chaque paroles. La chaleur me monte aux joues et je tremble un peu... des symptômes pareille à une vilaine grippe. Est-ce que je suis entrain de tomber malade ??

Bien que le l'angelot sur mon épaule droite me chante des chansons d'amour, le diablotin de l'autre côté tente vainement de me ramener à la raison : tu n'es qu'une ridicule petite danseuse qui gagne à peine sa vie, il n'a aucune raison de s'intéresser à toi ?
Je me mordille la lèvre nerveusement. Nathan est un garçon mignon qui, quoi qu'il en dise, attire les femmes. C'est indéniable... Prétendre le contraire serait mentir ou vivre dans le déni. Et dans cette multitude de femmes se disputant ses bonnes grâces, j'apparaît : fébrile, si peu sûre de moi, avec un bagage émotionnelle désordonné. Finalement je ne suis qu'une particule de poussière dans son univers...
De plus, mes petits signaux ne semblent pas avoir l'effet escompté, je suis littéralement entrain de m'embourber dans ma gêne désespérante. 
La drague est subjectif... mais était-ce vraiment de la drague ou de la simple maladresse...? Plus nous discutons, plus je ne sais plus vers quoi me tourner, vers quoi me raccrocher dans l'espoir d'une possible réciprocité. Il doit forcément ressentir cette tension qui brûle ou est-ce simplement un effet de mon imagination débordante...? De l'âme romantique par la lecture qui sommeil au fond de moi...? Si c'est le cas, la chute est plus violente que n'importe quel " je ne t'aime pas, vilaine! " à la jacquouille des " Les visiteurs " . 

« Ok alors... Ça fera 5 centimes la demi-journée de travail. En sachant qu'il ne me faudra sûrement que quelques heures, tu devrais pouvoir t'en sortir pour... Même pas un tiers de quart de centime ? Je sais que je ne suis pas donné mais bon, c'est le prix à payer pour un travail de qualité. » sa tirade moqueuse me tire un rire franc qui résonne dans les escaliers. « Mince, il va falloir que je fasse un prêt à ma banque ! Ou que je me lance dans un crédit sur vingt-ans. J'espère qu'à ce prix là, l'écran saura me faire des compliments spontané tout les jours ou me préparer à manger ? » toujours partiellement gênée par ma révélation au sujet de spider-man, j'essais de détendre l'atmosphère en riant de plus belle. Par chance, peut-être qu'il ne relèvera pas ou pensera à une farce ? « C'est vrai que j'ai un certain succès avec les petites filles, dommage qu'elles ne soient pas mon genre. » je le regarde d'un air faussement choqué « Crois moi que si tu m'avais dit le contraire, je serais partie en courant ! » 

L'amour est subjectif, surtout quand il n'est pas partagé. Quoi de plus douloureux que de ressentir quelque chose que l'autre ne ressent pas... ? 
C'est comme trouver de la beauté dans un endroit totalement désuet aux yeux des autres. Plus je m'éternise aux côtés de Nathan, plus j'ai l'impression de régresser émotionnellement. Régresser comme si je m'abaissait aux pires signaux du monde pour espérer une réaction de sa part. Une réaction qui me ferait comprendre que je ne rêve pas. Qu'il y a quelque chose de bizarre entre nous... viens on se pose, on en discute autour d'un café... mais non.
Et pourtant rien est calculé, je laisse mon coeur guidé mes pas et mes actions à mon plus grand désarrois. Je perd la notion de l'indécence et des limites imposées. Je ne suis plus maîtresse de mon propre corps, comme dans ce roman de Stéphanie Meyer " Les âmes vagabondes " quand un extraterrestre prend possession du corps d'une jeune femme, mais qu'elle est toujours consciente sans pour autant garder le contrôle. Je suis en mode pilote automatique, aussi vive d'esprit que Patrick l'étoile de mer.

Posée les fesses sur une chaise, je l'ai regardé me soigner. Fébrile et fragile comme une enfant que l'on soigne, sans qu'il sache que sa douceur me fait du bien au coeur. Que le pansement qu'il applique sur mon doigts est le même qu'il applique sur mon coeur.
Depuis Alfonso, les hommes me paraissaient plus violents et cruels que n'importe quel personnage de Games Of Thrones. Mes frères sont l'exception qui confirment la règle bien que je ne sache pas comment ils sont comportent avec les filles.. 
Mon coeur tant malmené ne savait où trouver du réconfort jusqu'à ce jour. Je le regardait me soigner avec un petit sourire en coin, ne sachant que dire de plus. Je voulais prolonger la discussion, lui faire part de mes incertitudes pour qu'il me rassure ou me fasse rire comme à son habitude. Je voulais qu'il pose des mots sur mes peines, parce qu'aujourd'hui ils furent le seul remède à mes angoisses. Combien de temps ça fait que je n'ai pas penser au spectacle ou à ma mère... ? Suffisamment longtemps pour être en paix et rire d'une situation loufoque. Tant qu'il avait la tête baissée, je voulais passer mes doigts dans ses cheveux pour ressentir à nouveau la même douceur qu'auparavant. Mais la pudeur me retint plus d'une fois, comme l'incertitude de ne pas avoir tout à fait les idées claires. Suffirait-il qu'un garçon soit simplement gentil avec moi pour que je succombe... ? 
Non, je suis certaine que ça n'a rien à voir.
Il exerce une telle énergie et force d'attraction sur mon espace vitale que j'ai du mal à lutter. 

L'éloignement furtif pour allez chercher un vêtement me permis de respirer à grande goulée pour retrouver mes esprits embrumés. Bien que son absence provoqua en moi un grand vide terrifiant, la chaleur et les vertiges s'estompa. Je déteste déjà ressentir cette sensation d'hypnose en sa présence, ça n'a rien de normal et ça fait de moi quelqu'un d'étrange. Si il captait seulement mes regards, il verrait à quel point je suis dérangée.. 
Il revint en peu de temps avec un t-shirt unis qui semblait suffisamment large pour m'accueillir et dissimulé l'essentiel...
« Oh ouais c'est... » 
Je le laisse à peine réagir que je suis déjà en pleine analyse du t-shirt qu'il porte sur lui. Les dessins m'interpellent et me font penser aux jeux de mes frères, ceux que j'avais interdiction d'approcher mais que j'observais au loin, spectatrice de la magie. Grâce aux passions geek des triplés, j'ai une connaissance de la pop culture qui frôle l'indécence. 
« Je... Heu... J'avais trouvé ça à l'Ottawa Geek Market l'année dernière. » je lève les yeux vers lui « Tu crois qu'ils en font encore des comme ça ? » je demande sans dissimuler l'excitation dans ma voix. J'aime beaucoup les T-shirt avec des références culturelles comme des scènes de film ou de jeux vidéos. Malheureusement, dans le rayon femme, on ne trouve pas ce genre de fantaisie. Des modèles comme " Atta-chiante " ou des croc-tops, ça par contre on trouve...
Je me promet intérieurement d'allez y faire un tour pour renouveler ma garde robe.

Je me change assez rapidement et le courant d'air de la porte qui s'ouvre sur mes jambes dénudées me provoque un frisson. Ou alors est-ce le regard de Nathan qui fait fondre mon estomac...? Je soutiens un moment son regard, le coeur palpitant. Bien que ce ne soit pas orchestré, j'aimerais savoir à quoi il pense en me voyant accoutrée aussi légèrement. Je ne suis pas aussi pulpeuse que Hope ou Ezra mais je ne suis pas à plaindre non plus je pense.
Ma curiosité malsaine me perdra, je ne devrait pas vouloir savoir ce qu'il pense ou ressent. Je ne devrais pas vouloir savoir comment il me trouve... ce qu'il pense de moi. Je ne devrais pas avoir toutes ces pensées désinvoltes. Reprend toi, Sweeny. Il a peut-être déjà une petite amie.. 
Bien que les signaux contradictoires depuis av..
Non c'était de la politesse, rien de plus. Tu n'es plus habituée à tant de politesses. Arrête de penser qu'un garçon qui est gentil avec toi recherche forcément quelque chose. 
Je n'ai jamais pensé ça, avant Nathan. Ou alors je veux juste que ce soit réel et pas forcément imaginaire dans ma tête...

« C'est sûr je... Je vais voir ce que je peux te trouver. » dit-il en disparaissant, en quête de quelque chose pour me cacher un peu plus. Bon, il avait l'air vachement pressé de fuir le eye-contact. Ha bah pas besoin de plus de preuve, je doit vraiment passer pour une sacré allumeuse. 
Je pousse un soupir en cachant la tête dans mes mains. Je voudrais être une petite souris et me cacher sous les lattes du plancher , ne plus jamais revenir à la surface. J'ai l'impression de m'humilier toute seule comme une grande. Si je devais superposer ça à un souvenir douloureux de l'école : me retrouver en culotte devant toute la classe qui ris aux éclats. Non, il n'y a rien de plus traumatisant que cet instant précis : moi, en culotte, dans l'appartement d'Ezra et Nathan. L'angoisse...
Pour détendre mon coeur qui bat à la chamade, je prend une grande inspiration et me met à chantonner.

La chanson a toujours été un anti-stress dans ma vie, tout comme la danse d'ailleurs. A différent facteurs, ils furent d'un grand soutiens émotionnelle dans le passer. Je commence à déambuler dans la pièce en chantant " With or without you " de U2 , une de mes musiques favorite. Je ne prétend pas avoir une voix cristalline, mais suffisamment travaillée pour ne pas faire de fausses notes. L'acoustique est parfaite ici... 
Tout en fredonnant en yahourt, je ne connaît pas les paroles par coeur, je commence un peu à m'affairer pour préparer la table. Je pense que ça lui rendra service et je ne pourrait pas dire que je n'ai rien fait ! 
Le désavantage de faire moins d'un mètre soixante-trois, c'est que les meubles ne sont pas adaptés à ma corpulence. Je commence donc à me hisser sur les meubles tel Tarzan en quête de vaisselle prête à être mise en place.
« Dans le tiroir à droite de l'évier ! J'arrive. » il m'indique les couverts depuis le bout du couloir. Je baisse les yeux sur le susdite tiroir qui est à présent bien trop loin de moi pour que je tende le bras.

Mais la réflexion fut de courte durée : le placard s'éloigne dans une nuée d'étoiles. Est-ce que je suis entrain de tomber dans les vapes ? Le son est un peu trouble et je me sent aussi légère que flasque. J'ai l'impression d'avoir des muscles en patte à modeler. Je me laisse partir , ne pouvant pas me tenir à quoi que ce soit de toute façon. Je suis vraiment une catastrophe, je suis vraiment entrain de faire un malaise dans sa cuisine... ? Tout est contre moi aujourd'hui.. 
Je tombe dans le vide mais mon corps ne tape pas le sol froid. Il n'y a pas d'impactes et aucune douleur vive dans ma tête. Est-ce que je suis entrain de voler ? « Heureusement que j'avais branché mon spider-sens ! » comme si quelqu'un venait de rallumer la lumière, le visage de Nathan apparait prêt du mien. Trop prêt, beaucoup trop prêt.
Si bien que quand je lève un peu la tête, mon front se colle au siens, provoquant une décharge électrique. Je tressaillis un petit peu, les paupières battantes de confusion. 
« Déjà deux fois que tu me sauves la vie.. » je parle d'une voix lointaine « Je vais finir par croire que tu es mon ange gardien ! » je ris un peu et me remet sur mes jambes, profitant de cet instant de flou pour poser ma main sur l'épaule de Nate afin de retrouver un peu d'équilibre. Retrouver de l'équilibre ou faire en sorte que la transition d'éloignement ne soit pas trop violente. Je m'adosse comme auparavant contre le plan de travail, laissant les petites étoiles s'éloigner d'elles même.
« Tu... Tu ne t'es pas fait mal ? » je le regarde avec un petit sourire malicieux, les pupilles brillantes « Grâce à toi non ! Je suis désolée, je suis une véritable catastrophe... je voulais aider, mais vous êtes tous des géants ici. » je ris, songeant que je devrais proposer à Ezra d'investir dans un petit tabouret. C'est ce que je possède chez moi, c'est vachement pratique pour attraper des trucs en hauteur. Même si le mieux serait de ne pas faire une taille de guêpe comme moi...
« Tiens, vraiment désolé pour le style... » dit-il en me tendant un short que je m'empresse d'enfiler, passant les pans du t-shirt trop long à l'intérieur de l'élastique que je noue autour de ma taille. « J'ai pas l'air de sortir tout droit du film " Space Jam " ? » je dit en tournant sur moi-même, songeant aux petits Extra-terrestres qui passent de gigantesques à tout minuscule et qui flottent dans leurs maillots de basket.