Hier soir, pas moyen de fermer l'œil javais mélanger les somnifères à deux trois bières. Je refusais toujours de montrer cet aspect détruit par la guerre à mes parents. Ils étaient présent et cherchaient souvent à me tirer les vers du nez, mais je ne disais rien. Je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent pour moi. De l'autre côté, il y avait aussi Lottie qui gardait un œil sur moi et mes amis qui avaient remarqué que je n'étais plus le même. Parfois je me disais que ça serait bien que je prenne contact avec une association ou un groupe d'anciens vétérans, je pourrais ainsi vider mon sac.

Je m'étais levé avec une mine horrible, les nuits agitées se faisaient clairement voir. Je soupirais en voyant ma tronche dans le miroir, et fila à la douche. J'avais prévu de regarder les petites annonces pour me trouver un appartement, j'étais bien chez les parents mais je voulais retrouver mon intimité et aussi mon indépendance. Assis devant une grande tasse de café corsé plus que nécessaire, j'étais perdu dans mes pensées. Mes mains s'étaient mises à trembler de nouveau. Je repensais encore à ce guet-apens qui aurait pu me coûter la vie à moi aussi, je revoyais les corps de mes camarades, j'avais l'impression d'entendre encore leurs cris.

Quand j'étais dans cet état, perdu dans mon passé, il n'y avait que ma mère qui osait à de rares fois venir me sortir de mes songes. Seulement là j'étais dans la cuisine en tête à tête avec mon café. Je n'entendis pas Swan arriver si bien que lorsqu'elle fit son apparition, je sursautais. Prenant un instant pour me ressaisir, j'avais complètement oublié qu'on était dimanche et que les parents avaient organisé un repas en famille. Je pris une grande gorgée de café avant de répliquer.

" Wesh frangine. "

Si j'allais bien ? Je crois que cette question je ne l'avais jamais tant entendus, je devais sûrement avoir de plus en plus de mal à duper mon monde.


" Ca pourrait être mieux, j'ai passé une sale nuit. T'sais ce qui te dis le rat de laboratoire ? "

Je me demandais si les parents lui avaient parlé de mes "soucis" de nuits, mes réveils agités, les crises d'angoisses. Néanmoins elle n'avait pas tord, avec la mine de déterré que j'ai, c'était sur que nôtre père n'allait pas me rater. Je le voyais venir d'ici. Je suivais ma petite sœur du regard.

" Je m'en passerais aussi. T'as des problèmes ? "

En temps normal, je n'étais pas du genre à m'étaler sur mes problemes seulement là, elle tombait bien, j'avais envie de parler, de vider un peu mon sac. Seulement le seul hic c'était que si elle ne me tendait pas la perche, pas sur que je dise quoi que ce soit.  Je m'inquiétais beaucoup plus pour elle que pour moi. J'espérais vraiment que tout allais bien dans sa vie.

Alors maman lui avait simplement dit que je dormais mal. J'étais en partie soulagé qu'elle ne lui avait rien dit concernant mon comportement.. Elle me soufflait l'idée de faire appel à un magnétiseur, pourquoi pas. Je doute que ça fonctionne mais je ne perdais rien à tenter, si ça pouvais améliorer mon sommeil ou mon stress.

" Elle t'a juste dit que je dormais mal ? Je veux bien tester après tout si ça peut fonctionner. Tu me donnera son numéro. "

Je comprenais, les repas de famille se terminait toujours mal. Entre engueulades, larmes et porte qui claque, mon père et moi, on finissait toujours par se prendre la tête. En ce moment je n'avais pas besoin de ça et puis vu mon état, je craignais un peu mes réactions. Je ne voulais pas non plus voir notre mère finir en larmes.

" Je te promets de garder mon calme... enfin faire de mon mieux. Si toi tu me donnes ta parole qu'après manger, on va faire un tour comme avant. "

Je lui tendis le poing fermé pour faire un check, jr n'étais pas certain de pouvoir tenir parole. J'allais essayer. Lui proposer qu'on aille se promener après, était un pas que je faisais pour qu'on passe du temps ensemble, qu'on rattrape du temps.

Si il y a quelque chose d'autre qu'elle devrait savoir, bien sûr, tout comme la mère, j'aurais dû leurs parler de l'on syndrome de stress post-traumatique mais je ne voulais pas ou je n'y arrivais pas. Je sais pas trop. Comme toujours je comptais bien esquiver les réponses, ceci dit j'en avais un peu marre de mentir à mon entourage.

" Non pas spécialement  je voulais juste savoir si elle t'avais dit autre chose. "

Je finis par me lever suite à la réponse de ma sœur. Ses paroles me faisais du bien à entendre. Je l'enlaçais avant de me rasseoir. Je termine ma tasse de café, elle marquait un point, la relations que j'avais avec nôtre père était loin d'être calme, on était bien souvent dans le conflit. Dire qu'elle plus jeune je m'étais demandé si j'étais vraiment son fils devant la grande ressemblance avec l'un des amis de la mère. Je me m'y a y repenser quand Swan soulignait qu'il avait toujours été en colère.

" Tu sais que tu m'as manqué petite sœur. "

Je souriais de bon cœur. C'est la que notre mère arriva dans la cuisine, je grogna un coup quand elle m' ébouriffait les cheveux. Je me leva attrapant le verre de Swan et ma tasse. Je comptais bien aider à mettre la table.

" Je vais t'aider. T'as préparé quoi de bon 'man ? "

A nous trois, la table serait mise rapidement.

 J'esquivais un petit sourire devant la réaction de ma frangine, elle n'était pas bête, et à en juger comme elle était en train de me dévisager, elle se posait des questions. Mon accolade l'a certainement prise au dépourvu puisqu'il lui vallu quelques secondes avant de bouger. J'avais oublié à quel point c'était agréable d'être auprès de ses proches, de sa famille. Parfois je regrettais qu'il n'y est plus cette complicité que nous avions ado ou même gamins. Malheureusement le temps des années avaient joué, on avait fait nos vies, j'étais partis à l'armée, lui laissant croire depuis tout ce temps que ça venait de moi, hors c'était un juge qui m'avais proposé de m'y enrôler ou d'aller en prison.

Après lui avoir dis qu'elle me manquait, je pouffais à sa réflexion et déposa un baiser sur sa tête. Je me rappelais qu'à l'époque, on ne manquait pas une occasion d'user d'humour pour tout et n'importe quoi. Je manqua d'éclater de rire en même que Swan quand notre mère tenta de prononcer le mot brunch. A entendre tout ce qu'elle avait prévu, je me demandais si on n'était que quatre ou si elle avait invité du monde. En tout cas ça me mettais en appétit. Je m'apprêtais à lui répondre quand elle me donna une légère tape sur le ventre ... en plein sur ma blessure. Je retenus mon souffle tout en serrant la mâchoire. Pourquoi quant on a mal quelque part, tout le monde tape cet endroit précis ?

" Au moins ouais ! "

Répliquais-je à ma petite sœur en souriant. Je terminais de les aider à installer le couvert avant de m'écarter dans le couloir pour vérifier le pansement, je soulevais mon tee shirt, rien, je soupirais de soulagement, au moins ça ne s'était pas mis à saigner. C'est à ce même instant que j'entendis la voix de notre père, je retournais vers la famille, gardant en tête la promesse que j'avais faite à Swan. Rester calme, je devais garder mon sang froid.


" Je fais pas semblant, moi au moins je ne disparais pas quand il faut filer un coup de main. "

Répondis-je à notre père sur un ton très froid. J'avais promis de ne pas faire de vague mais pas de ne pas répliquer à ses attaques.