Ruby Sylvia Mastens

I'm untouchable darkness, a dirty black river to get you through this. In the mouth of madness, down in the darkness

Caractère

« Bonjour Ruby, Ruby aux lèvres rubis, au rouge de rouge-gorge et au carmin si malsain. Ma chère Ruby. »

Ses lèvres s’étirent dans ce sourire imprégné de ces milles émotions. Ruby est insatiable dans sa façon d’être, dans son éloquence, dans ses sentences trop manipulatrices pour ne pas être tangibles. Elle prend soin d’elle, car elle sait que les dehors sont bien plus maîtres que les intérieurs. On est plus attirés par la couverture que ce que le livre a à dire. À jeter les poètes émérites, les romantiques désespérés, voilà la dure réalité. Tout n’est que première impression, et c’est bien celle-ci qu’elle attrapera d’une main ferme.

Ruby est politicienne avant d’être femme. Politicienne car elle est femme, jeune, dans la fleur de l’âge, de cette minorité qui se désespère des vieillards au sein du gouvernement. Elle a la réalité de ses jeunes comparses, et celle vile de ceux régnant sur le pays. Ruby a compris une chose dès son plus jeune âge : le monde n’est qu’un putain de spectacle, et le cynisme est l’arme des plus forts. Deux fils conducteurs qui l’ont amené à ce jeu des mensonges et du paraître, de l’égo surdimensionnés et de la brisure de sa réflection.

Elle est d’un humour noir à la hauteur de son côté bien antipathique. Elle a toujours montré un visage fort, car elle ne sait pas gérer la faiblesse. Elle verra le mauvais côté aux bons côtés, les bons côtés aux mauvais, et toute la qualité d’une tristesse pour arriver à ses faims sans fin. Depuis petite, Ruby a voulu mettre un pied dans ce milieu partagé entre népotisme et misogynie, pour changer la donne, pour ce pouvoir futile et humain, pour changer les choses.

Elle a vu l’injustice, dans un orphelin, dans un père manipulé, dans une mère violentée, une injustice que les autres ont toujours montré du doigt sans jamais la démonter. Ruby a décidé de s’y mettre, de serrer les poings, de se tenir droite, de ne pas fléchir, de ne pas aimer, et de garder cette fureur qui prend au coeur. L’antipathie est la meilleure arme contre ses propres cassures.

Ruby est une flamme, qui brûle à cent à l’heure, qui manigancera et observera. C’est un feu de cheminé au charme terrible et qui sait s’en servir. Elle aime le contrôle, et utiliser son corps n’est pas une chose invraisemblable à ses yeux, mais bien un outil. Elle est pourtant affectueuse, elle s’attache, un attachement qu’elle cachera toujours derrière un humour vache et une ironie de taureau.

Et quand rien ne va dans son sens ? Quand on perce cette armure terrible et ses masques de bêtises ? Tel un chien coincé contre un mur, ses colères rares sont d’une fureur surprenante. Car Ruby a raison même quand elle a tort, car tout doit se faire à son ordre, au temps imparti. Tout est calculé, tout est pensé, et si un électron libre se trouve dans ce labyrinthe de pensées, elle cherchera à le piéger.

C’est un petit bout de femme aux talons bien hauts, une petite grande dame qui cassera le vase le plus cher chez elle à rendre digne une certaine Cléopâtre.

Car Ruby est une reine, oui. Ou tout du moins elle en a bien souvent le comportement, parfois trop. Aimer, elle le peut. Mais son côté plus rationnel et égoïste lui dictera toujours son propre bien avant celui des autres. Car c’est à sa plus grande hauteur que l’on peut aider autrui à remonter la pente.

Elle sait se faire douce, pourtant. D’une douceur qui prend au coeur, d’une fragilité bien visée et pourtant non jouée. Ruby a des sentiments qu’elle sait pouvoir utiliser pour répondre à ceux des autres, dans un échange équilibré qu’elle utilisera pour arriver à ses envies. C’est une main de fer dans un gant de velours, un baiser clair sur un souffle court.

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Derrière l'écran

Histoire

« You are such a special girl. »

Sa mère a toujours eu le chic pour la faire sentir si spéciale. Aînée d’une fratrie de trois et seule fille de la bande, Ruby a dû se faire entendre face à ses petits frères jumeaux. Les trois ne manquaient de rien, mais la demoiselle a toujours eu un certain traitement de faveur de la part de sa mère. Cette dernière était une danseuse professionnelle canadienne. Une grande femme qui avait été l’étoile de bien des opéras et spectacles, jusqu’à devenir une professeure de danse, jusqu’à commencer à oublier petit à petit des choses, à court terme, à ne plus se rappeler où elle se trouvait, qui elle était, qui était Ruby.

« Who are you, and what are you doing in my house?! »

Un crève-cœur pour une demoiselle qui, dès ses douze ans, a dû faire face à cette maladie atteignant bien des êtres, dont sa mère. Qu’elle aurait aimé gifler cet Alzheimer qui lui volait sa mère. Ruby du prendre soin de ses petits frères, montrer l’autorité et la tendresse d’une mère. Son géniteur aida bien sûr à entretenir sa femme handicapée, excepté peut-être la fois où il dû la regarder, impuissant, se faire battre par un enfoiré.

C’était le premier coup de grâce. Aujourd’hui encore, la politicienne prend soin de sa mère, quand bien même cette dernière ne la reconnaît plus. Quelle frustration de la voir ainsi, de savoir que bien des familles doivent faire face à cette maladie.

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« If you are so clever, then beat me! »

Les jeux d’échec étaient leur moment à eux, à son père et elle. Grand parangon d’une compagnie de cigarettes, l’homme chérissait sa fille à l’éloquence égale à son charisme dès son plus jeune âge. Il l’aida dans ses études, il la couvrit de cadeaux, il la poussa dans ces challenges à se surpasser encore et toujours. Il la protégea tant qu’il l’eut pu, aussi, à défaut du petit garçon dont le père le faisait chanter.

Elle se rappelait de cet enfoiré oui, et comprenait le chantage dès son plus jeune âge. Papa avait beau vouloir la cacher de ce monde d’armes à feu et de violence, de ce chantage qui pesait sur lui, elle pouvait voir par l’interstice de ses doigts le monde d’ici bas. Papa essayait tant qu’il le pouvait de se dépêtrer de cette mafia qui le tenait en coupe. Il voulait protéger sa famille, et il serrait les mâchoires en courbant l’échine.

« You know, if you don’t do what we say, we will make sure your sweet Ruby becomes my whore. »

C’était le second coup de grâce. Là, l’injustice, le chantage, la laideur humaine qu’une petite fille ne devrait pas voir dans son monde de blancheur et de candeur. Elle garde toujours en tête les mots de cet homme et la couardise de son père : elle serait sa propre salope, de celles qui feront chanter plutôt que d’être ce rossignol en cage.

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« Don’t you see it? You could become anything! »

Trissia était excédée et impressionnée par les capacités de Ruby, par toute cette intelligence noire et glauque du monde et de ses mille aspects. Elle voyait en la jeune adolescente, une jeune amie, le potentiel d’une vie. Ruby voulait changer les choses, elle lui avait confié sa frustration, son ennui, sa rage. Trissia l’avait giflé de cette exubérance qu’elles partageaient, car Trissia voulait la pousser vers le haut.

Certainement la personne avec qui Ruby se sent le plus en confiance, sent la plus capable de toute chose. Trissia croit en la cause politique de Ruby et fit tout depuis leurs jeunes années pour parfaire son image. Trissia est le garde-fou de notre Ruby. Elle la connaît par cœur, subit ses colères, et la trahit pour mieux l’élever.

C’est elle qui la fit étudier encore et encore, maigrir, mentir, analyser, se perfectionner. Elle la poussa aux actions humanitaires dès le lycée pour son profil de politicienne futur. Car si Ruby s’élevait dans les hautes sphères, elle s’élevait. Un échange purement égoïste mais dont toutes deux ont bien conscience. Le garde-fou fera tout pour maintenir sa reine au plus haut, quitte à briser les parts trop faibles de celle-ci.

« He is a nobody… If you follow him, you will become a nobody. »

C’était le troisième coup de grâce. Ruby avait un chemin tout tracé, décisif, pour répondre à ses idéaux, pour défaire cette injustice, pour faire entendre ceux qu’on n’écoute pas, quitte à détruire les parts trop frêles d’elle-même. Ruby ne serait pas personne, Ruby régnerait.

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« Ruby ? I wasn't sure it was you, crap you've grown.. Sorry, that's inappropriate sorry, why'd you be crying ? It's suppose to be fun to climb up here and see the world from above. »

Fils de l’homme qui a battu sa mère, ami et hésitation, arbre aux racines bien profondes dans la vie de la trentenaire. Vidarr, ah, Vidarr. Il ne cessera jamais de la surprendre, et quand bien même leurs chemins se séparaient, ils ont toujours su se rejoindre. Elle a beau le voir comme une épine dans son pied, il s’agit d’une épine qu’elle ne peut ou veut se débarrasser.

C’était comme si la destinée mettait sur sa route cet enfant chapardeur de la vie et amoureux du drame. Il était cette hésitation chez elle, si décisive. Il venait de l’orphelinat à son balcon, allant en ces escapades nocturnes et candides. Ruby en devint possessive, et sachant bien le lien de regret entre son père et Vidarr… Elle se devait de pousser ce garçon plus proche d’elle. Ruby le voulait, telle une enfant avec son jouet. Elle avait donc partagé ce zeste d’information avec son géniteur, avec ce couple d’amis cherchant à adopter. Rien de direct, tout était inconscient et finement joué.

Mais plus Ruby cherchait à contrôler cet électron libre et à le changer en cette image à laquelle il devait répondre pour être à ses côtés, et plus cet électron libre la surprenait et la tirait de ce chemin bien dessiné. Trissia l’avait mise en garde. Trissia avait raison, mais Ruby ne voulait tout simplement pas l’écouter. L’attraction était là, vile, terrible, effroyable même. Il était à elle et pourtant, ce lien ne dépassait jamais cette limite dessiner par la jeune femme. Elle était trop fière, trop peureuse peut-être, incapable de se sortir de l’image qu’elle avait en tête. Vidarr était tout ce qui entacherait sa carrière et sa façon de devenir. Pour autant, elle ne pouvait pas clore ce chapitre, quand bien même les mots durs prononcés, quand bien même cette gifle terrible qu’elle lui avait octroyé.

« I’d never ask of the high princess any mercy, and just 'cause you decided to take interest in my life doesn't mean you own me. You said it enough times already, I'm trash and you're white gold. You're too selfish to think about others, or to even love someone as low as me. You don't even know what that word is… »

C’était le quatrième coup de grâce. Ruby régnerait, seule. Ruby s’élèverait, seule. Ruby était trop fière et ne pouvait pas changer celui qu’elle voulait obtenir. Ruby avait des sentiments et elle devait les enterrer pour avancer. Car Ruby ne pouvait pas sombrer. Ce n’était pas dans son caractère, pas dans ses valeurs.

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Elle passa par bien des étapes pour arriver en début 2020 au Parlement. Revenue d’une mission de 6 mois à l’étranger, la sénatrice avait tout à organiser et à gérer, dont un futur mariage avec un canadien qui ferait augmenter son influence auprès du peuple. Ce n’était pas de l’amour. Il n’y avait jamais d’amour dans l’équation de Ruby, elle avait bien compris que cette notion résulterait en une destruction de ses mathématiques et ses règles. L’amour serait enterré au profit du pouvoir. Madame trouvait ce dernier nettement moins effrayant que le premier. Il était alors si facile de comprendre cette vérité bien perçante : Ruby était une putain de fragile.

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