Toute vêtue de noir, une robe serrée contre son corps svelte, Georgia déambulait à travers l’exposition. Flânant au grès des toiles, elle observait avec attention les milliards de petits détails qui jaillissaient des peintures, comme des milliers de bouquets de fleurs. Mais, elle n’était pas seulement venue en tant qu’amatrice d’œuvres d’arts, elle avait en réalité répondu à un appel d’offre du Centre National des Arts de la ville d’Ottawa il y a de cela quelques semaines, ils recherchaient une troupe de danseurs pour se produire lors d’une de leur soirée d’exposition, elle avait répondu à l’offre et avait eu le plaisir d’être sélectionnée. C’était un privilège de pouvoir travailler avec le Centre National des Arts et elle prenait cela comme une véritable opportunité. Avec sa troupe, ils avaient travaillé sur un petit spectacle de danse, ils avaient eu l’obligation de présenter une forme courte, d’environ une demi heure, et Georgia avait pris le partie d’une approche contemporaine, puisque après tout le contemporain était son style de prédilection. Évidemment, le Centre avait validé leur proposition avant la soirée.

Maintenant que Georgia était entourée des peintures présentées par le Centre National des Arts, elle trouvait que le spectacle de danse s’accordait très bien avec le parti pris de l’exposition. La plus part étaient des représentations abstraites, qu’elle aimait beaucoup, quelques unes étaient un peu plus réalistes, si elle devait choisir elle dirait qu’elle préférait le premier style, elle n’aimait pas tellement l’imitation, même s’il pouvait y avoir aussi de la beauté dans l’acte de reproduction, elle trouvait toujours qu’il y avait une espèce de monotonie dans le réel, qu’elle ne retrouvait pas dans l’abstrait. Elle s’était arrêtée devant une peinture, elle ignorait dans quel style exactement elle était peinte, l’art pictural n’étant pas vraiment sa spécialité, mais elle dirait que ce devait être du surréalisme. On y voyait des formes cubiques encastrées les unes dans les autres, de différentes couleurs, et bien qu’elle n’oserait pas toucher la toile, il semblait aussi que les matières des formes varient. Elle se tourna et continua sa progression à travers les différentes peintures de l’exposition. Elle aimait beaucoup ce genre d’événement, l’art était aussi une invitation au voyage pour elle et elle aimait voyager à travers la peinture, la danse, le théâtre et la musique. Et puis, ce genre de soirée était aussi une occasion de rencontrer des passionnés. Elle avait eu l’occasion de discuter déjà avec quelques personnes à son arrivée, elle ne connaissait pas encore très bien Ottawa alors ce genre de soirée l’aidait beaucoup à faire connaissance avec la population d’artistes de la ville. Qui sait, elle pourrait y rencontrer son futur manager par exemple, elle savait que la sociabilisation était importante dans ce genre d’endroit.

Elle s’arrêta devant un tableau, celui-ci était dans un style plus réaliste, il représentait un des festivals de la ville, quelque chose dans la construction de la peinture attirait son œil. La lumière et les couleurs étaient particulièrement bien travaillées. C’était un tableau vraiment impressionnant. Elle voulait s’approcher pour lire le nom du peintre mais une jeune femme se trouvait juste devant elle, regardant aussi à la peinture. Elle s’avança pour passer sur le côté de la jeune femme quand celle-ci prit un pas en arrière et les deux se heurtèrent brutalement. Georgia chancela un peu sur ses pieds tout en reculant, prenant garde à ne pas heurter quelqu’un d’autres derrière elle.

« Excusez-moi ! » Dit-il en même temps que l’autre fille. La jeune femme lui demanda si elle ne lui avait pas fait mal, Georgia sonda rapidement son corps avant de secouer la tête. « Non, ça va, il n'y a pas de mal, vous n’êtes pas blessée non plus ? » Demanda-t-elle en souriant.

Au détour des tableaux de l’exposition Georgia s’était malencontreusement heurtée à une jeune femme, qui comme elle avait été plongée dans l’observation attentive d’un grand tableau représentant semble-t-il une scène d’un festival d’Ottawa, elle ne connaissait pas bien la ville et ses coutumes, à vrai dire, et ne serait dire à quelle fête il faisait exactement référence. Le tableau l’avait cependant captivée par sa lumière et ses couleurs, attirant son œil, assez peu expert. Alors qu’elle avait voulu se rapprocher, pour pouvoir lire le nom du peintre inscrit sous le tableau, la jeune femme qui s’était trouvée devant elle avait soudainement reculé, la heurtant de plein fouet. Elles s’étaient toutes deux immédiatement excusées, ce qui était assez coquasse à vrai dire. Heureusement, la jeune fille n’avait pas été blessée  et lui avoua qu’elle avait été un peu trop perdue dans ses pensées, face à ces œuvres à la beauté intrigante. Georgia pouvait tout à fait comprendre cela, elle avait été elle-même très absorbée par sa contemplation des tableaux, au point d’oublier un peu les gens autour d’elle, et soupçonnait que c’était ce qui avait du arriver à la jeune fille.

« Je comprends. » Dit-elle en jetant un coup d’œil aux peintures accrochées tout autour d’elle. « Quand on est réellement passionné, on peut vite être captivé et oublier tout ce qu’il y a autour, je dois admettre que des fois aussi je me sens dans ma bulle. » Ça lui arrivait surtout lorsqu’elle dansait, bien sûre elle devait tout de même faire attention à ces partenaires, mais parfois à travers la danse elle s’oubliait, l’espace de quelques instants, quelque chose en elle, de profondément enfoui, une force sauvage et naturelle, prenait le pas sur elle, et elle n’avait plus juste l’impression d’exécuter une chorégraphie, non, elle se sentait habitée par le mouvement. Elle était comme un feu allumé et entrain de brûler… Une flamme qui dansait, dans l’obscurité. Une étoile chancelante à travers la nuit… Elle sortit de ses pensées quand la jeune femme s’adressa de nouveau à elle, la questionnant à sujet des œuvres, qu’elle trouvait magnifiques, c’est vrai que l’exposition était particulièrement réussie, il y avait des œuvres vraiment très belles. Elle sourit en l’entendant dire qu’elle avait un faible tout particulier pour le réalisme, eh bien, c’était tout le contraire d’elle. Néanmoins elle rajouta que l’abstraction l’attirait tout de même un peu, malgré que sa préférence allait plutôt au réalisme. C’était une chose rare, elle avait rencontré beaucoup d’amateurs d’art qui se rangeaient souvent d’un côté ou d’un autre, et avait du mal avec l’autre genre.

« Oui, l’exposition est vraiment réussie. » Répondit-elle, avant de continuer. « Eh bien, je suis votre exacte opposée je pense, j’aime particulièrement l’abstrait, je trouve le réalisme… monotone, après je ne suis pas une spécialiste en art, mais, j’ai beaucoup aimé les effets de lumière et les couleurs dans cette peinture… Même si son style est assez réaliste, je la trouve particulièrement réussie... Je ne connais pas bien Ottawa, est-ce que vous connaissez le sujet exacte auquel elle fait référence ? » Poursuivit-elle en souriant.

La jeune fille était donc elle aussi une artiste, vraisemblablement une artiste peintre, Georgia avait beaucoup d’admiration pour la peinture, c’était un art dans lequel elle n’avait que très peu d’expérience et qu’elle admirait énormément et elle se demandait si la jeune femme était exposée ici ce soir. Elle aurait aimé très certainement voir des œuvres peintes de sa main. Elle trouvait toujours très intéressant de rencontrer des artistes et de voir leur travail, c’était toujours des discussions et des rencontres très enrichissantes. Depuis qu’elle était à Ottawa, elle n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer grand monde, mis à part la troupe avec laquelle elle se produisait ce soir, et elle était enthousiasmée par cette rencontre, même si elle ne savait encore rien de son interlocutrice, pas même son nom. Mais ça faisait en quelque sorte partie de sa personnalité, elle faisait toujours preuve d’un grand enthousiasme… Trop même parfois…

« Au faite, je m’appelle Georgia. » Se présenta-t-elle en lui tendant une main amicale. La jeune fille lui dit qu’elle rêverait d’avoir un tel niveau un jour et Georgia ne pouvait que comprendre ce qu’elle voulait dire, elle aussi s’était mesurée à l’échelle des plus grands et rêvait d’égaler les étoiles… Mais, c’était un doux rêve, derrière lequel se cachait une somme colossale de travail qui lui restait à faire, si elle comptait un jour se hisser au rang des meilleurs… « Je comprends, je rêve aussi de devenir un jour une grande chorégraphe et d’aller danser dans le monde entier… Est-ce que vous avez des œuvres qui sont exposées ce soir ? Je serais très curieuse de voir vos peintures. » Demanda-t-elle l’air ravie. Elle ne savait pas pourquoi, mais son instinct lui disait que la femme était une jeune artiste pleine de promesse. La conversation glissa ensuite sur leur style de prédilection, les deux jeunes femmes paraissaient en tout point opposées, comme Georgia aimait l’abstrait et elle le réalisme, et là où cela aurait sans doute causé de la mésentente entre certaines personnes, Georgia était au contraire très intriguée et aimait débattre joyeusement, surtout quand il s’agissait d’art. Pour elle, ce n’était pas grave de ne pas être d’accord, et au contraire, elle trouvait que les visions de l’autre ne pouvaient être qu’une source d’enrichissement. La jeune fille semblait apprécier particulièrement le réalisme pour la minutie avec lequel il représentait le réel, elle s’attachait à tous les petits détails qui composaient une scène, elle admirait ces derniers et la qualité avec lequel le peintre les avait dépeint. Georgia hocha la tête, compréhensive, jetant un nouveau regard au tableau.

« C’est vrai que c’est un chef d’œuvre et une peinture très impressionnante, même pour moi qui ne suis pas particulièrement sensible au réalisme. » Répondit-elle. La où son interlocutrice appréciait admirer les détails, Georgia elle aimait se perdre dans la peinture, elle aimait l’explorer, voyager à travers elle, explorer ses sens, découvrir ses nombreuses facettes… Elle trouvait formidable comment un amas de lignes et de formes et de couleurs pouvaient faire jaillirent de l’émotion…

« C’est vrai que le travail des détails est incroyable… » Concéda-t-elle en admirant encore une fois le jaillissement des fleurs à travers la peinture. Il était rare qu’elle soit émue par une œuvre aussi réaliste, mais elle devait avouer qu’il y avait quelque chose, dans la composition de celle-ci, dans ses couleurs, le travail si délicat de la lumière, et dans ces fleurs qui jaillissaient à travers la peinture, c’était si beau… si pur. Elle interrogea la jeune fille sur le sujet de la peinture et cette dernière lui expliqua qu’il s’agissait de la représentation d’un festival très apprécié de la ville d’Ottawa, le festival des Tulipes, ou semble-t-il, la ville se parait de milliers de ces fleurs, au moment du printemps… Georgia était vraiment curieuse de voir cela, elle regrettait à présent d’être arrivée si récemment, elle aurait aimé être là au mois de mai, voir toutes ces fleurs, sentir leur parfum, voir toutes ces couleurs, ça devait être magnifique…

« Ce doit être magnifique… » La jeune femme lui souhaita de pouvoir en profiter l’année prochaine, et Georgia y comptait bien, elle lui demanda ensuite depuis quand était-elle arrivée ici.

« Je suis arrivée à Ottawa début septembre. » Répondit-elle. « Je suis venue tenter ma chance à la capitale après la fin de mes études, j’ai étudié l’art à Edmonton. Je suis danseuse. » Expliqua-t-elle.

« Enchantée alors… » Dit-elle en lui serrant la main. La jeune femme s’appelait donc Ezra, Georgia trouvait que c’était un nom original. Elle se demandait d’où cela pouvait-il venir. Elle l’interrogea ensuite, se demandant si elle pourrait voir quelques unes de ses toiles ici, mais Ezra lui répondit qu’elle n’était pas exposée ce soir, n’étant pas assez connue pour cela, et qu’elle n’était là qu’en tant que spectatrice, même si elle serait heureuse de pouvoir lui montrer ce qu’elle faisait un jour. Georgia adorerai ça ! Elle aimait découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes, et quoi de mieux pour elle de se rencontrer à travers l’art, c’était un milieu si riche ! Et puis, Ezra avait l’air tellement passionnée, Georgia était certaine qu’elle devait être très talentueuse ! Elle trouvait dommage qu’elle ne puisse pas encore être exposée à ce genre d’évènement, seulement parce qu’elle n’était pas assez connue… Mais elle supposait que c’était comme ça que cela fonctionnait, il fallait travailler dur pour se faire un nom et se faire connaître dans ce milieu, c’était un peu la même chose dans les arts vivants… Même si elle trouvait cela un peu moins difficile que dans la peinture.

« Je trouve ça dommage… ils devraient laisser plus de place aux jeunes créateurs je trouve… » Répondit-elle. « J’aurais adoré voir vos œuvres… » Mais peut-être le pourrait-elle plus tard, sait-on jamais, elles seraient peut-être amenée à se revoir, Georgia aurait apprécié, elle aimait bien Ezra, elle semblait être une jeune femme douce et discuter avec elle était très intéressant. Elles échangèrent sur la peinture du festival, parlant de ce qu’elles appréciaient particulièrement dans cet œuvre. Ezra s’attachait beaucoup aux détails, tandis que Georgia voyait l’œuvre plus dans sa globalité. Elle appréciait le rendu total du jeu des couleurs et de la lumière. C’était vraiment une toile très impressionnante, même si elle n’était pas dans un style qu’elle aimait particulièrement. Ezra lui dit qu’il fallait de la patience et beaucoup de temps et de travail pour arriver à réaliser une telle œuvre et Georgia hocha la tête. Elle voyait très bien la sommes colossale de travail que cela pouvait représenter, même si elle ne peignait pas elle-même…

« Je ne sais pas si j’aurais autant de patience… » Plaisanta-t-elle. Et puis, même si elle était assez patiente pour travailler sur une telle toile, elle n’avait pas du tout le niveau en peinture qu’il fallait pour produire une telle œuvre. Encore une fois, ses qualités de peintre laissaient grandement à désirer. Elle était beaucoup plus à l’aise dans la danse. C’était son milieu de prédilection. La danse lui demandait peut-être moins de patience, mais il fallait aussi beaucoup travailler pour arriver à un bon résultat… Lorsqu’elle lui demanda ce que représentait la toile, Ezra lui parla du festival dont il était question dans le tableau, et si ce dernier devait être une indication, Georgia trouvait que ce devait être vraiment magnifique… Ezra semblait étonnée qu’elle ne semble pas connaître le festival des tulipes, qui avait effectivement l’air d’être un moment important dans la vie sociale d’Ottawa. Georgia lui expliqua qu’elle venait de loin, et qu’elle était arrivée à la capitale tout récemment. Ezra sembla étonnée qu’elle vienne d’aussi loin, elle hocha la tête quand elle lui demanda si Edmonton se trouvait bien dans la province d’Alberta, c’était bien ça. Elle lui dit que pour elle, et de ce qu’elle en avait vu dans les séries télé, c’était plus une région de chevaux, que de danse. Cela la fit sourire gentiment.

« Eh bien, c’est vrai qu’il y a pas mal de chevaux, mais y a aussi des écoles d’art, du moins en ville ! » Plaisanta-t-elle. « J’ai toujours vécu là-bas. Mais j’ai beaucoup voyagé pendant mon adolescence… » Rajouta-t-elle, enfin, ce n’était pas tout à fait vrai, elle était née en Afrique du Sud, mais elle avait été adoptée quand elle était bébé et elle ne se rappelait pas du tout de cette époque là. Ezra lui demanda si ça n’avait pas été trop dur de quitter son entourage et elle haussa les épaules.

« Un petit peu… Mais ce n’est pas un problème, je vais les revoir ! » Répondit-elle. Ezra s’excusa pour sa question indiscrète et lui expliqua que sa mère vivait à Toronto et lui manquait énormément. « Il n’y a pas de souci. » Répondit-elle à ses excuses, sa curiosité ne la dérangeait pas. « Je comprends, mais vous allez la revoir… » Tenta-t-elle de la rassurer. Sa curiosité était aussi piquée, comme elle n’avait parlé que de sa mère, elle se demandait ce qu’il en était de son père et du reste de sa famille, mais elle ne voulait pas mettre les deux pieds dans un sujet potentiellement sensible alors elle garda ses questions pour elle.

La jeune femme rougit légèrement sous ses compliments et Georgia lui sourit amicalement. Elle était honnêtement très curieuse de son travail et aurait beaucoup aimé avoir la chance de pouvoir voir une de ces œuvres. Ezra lui expliqua les difficultés à se faire exposer dans ce genre d’endroits, et Georgia comprit ce qu’elle voulait dire, effectivement il fallait faire un tri et ils prenaient le meilleur et la plus part du temps l’excellence rimait aussi avec expérience… Néanmoins elle lui expliqua qu’il existait des expositions plus petites, de moindre ambition que celle-ci, dans lesquels il leur arrivait de montrer leur travail. Oh, Georgia aurait beaucoup aimé voir ça, elle se demandait si Ezra accepterait de la tenir au courant de la tenue de ce genre d’évènements. Elle lui posa la question.

« Oh, j’aimerai beaucoup assister à ce genre d’expositions… Vous pensez que vous pourriez me tenir informé si jamais vous alliez être exposée ça me ferait vraiment plaisir de voir votre travail. » Lui demanda-t-elle d’un ton enjoué. Ça lui ferait vraiment très plaisir. Elles poursuivirent en parlant de la toile qui les avait toutes deux attirées et du festival qu’elle représentait. Georgia ne se rendait pas compte de la quantité de travail qu’une telle toile représentait, mais Ezra semblait en avoir plutôt une bonne idée. Elle lui parla des petits détails nombreux de la toile et de la précision et de la patience qu’il fallait pour arriver à un tel niveau, une patience qu’elle disait ne pas avoir. Georgia comprenait bien, la danse demandait aussi beaucoup de patience, d’application, et un grand sens du détail, et ce n’était pas toujours facile de réunir les trois… Elle hocha la tête en lui répondant.

« J’imagine que ça doit être difficile… Je n’ai qu’assez peu d’expérience de la peinture… » Dit-elle, il lui était déjà arrivé de peindre quelques fois, mais elle n’avait sûrement pas assez pratiqué pour produire quoique ce soit de bon… Ses peintures étaient souvent un fouillis de formes et de couleurs qui se fondaient dans un flou étrange et irrégulier… Au moins, elle pouvait dire qu’elle créait des choses singulières… Mais certainement pas d’un grand intérêt. Son talent et son intérêt principal avait toujours été à la danse et c’était le domaine dans lequel elle excellait. Enfin, du moins, elle l’espérait. Elle rêvait de devenir une grande chorégraphe, mais il lui restait encore beaucoup de travail à faire pour y parvenir, tout comme la jeune Ezra, les deux femmes étaient finalement assez proches… La conversation glissa sur leur famille respectivement, les deux femmes venaient visiblement d’assez loin, elle d’Alberta et Ezra de Toronto qui n’était qu’à quelques heures de route.  Elle lui expliqua qu’elle voyait assez régulièrement ses parents, enfin sa mère, son père lui semblait toujours assez absent du tableau et Georgia n’osait pas l’interroger sur le sujet… Elle avait apparemment vécu toute sa vie avec sa mère et elle ne pouvait que supposer que son père était soit mort, soit était parti lorsqu’elle était jeune. Mais cela ne la regardait certainement pas. Elle se sentait assez proche néanmoins de la jeune femme, ayant été abandonné à la naissance et n’ayant jamais connu ses véritables parents… Même si ses parents adoptifs étaient des gens très aimants et pour lesquels elle avait beaucoup d’affection. Ezra lui demanda aussi si le fait d’être dans une troupe de danse, une sorte de substitution finalement à la famille, l’aidait à mieux supporter l’éloignement. A nouveau, elle hocha la tête.

« Quand j’ai commencé à envisager de déménager à Ottawa j’ai répondu à plusieurs castings pour rejoindre une troupe de danse ici, j’ai finalement trouvé la troupe avec laquelle je suis ce soir, même si je n’y suis pas depuis très longtemps, on se connaît déjà bien, on est un petit peu comme une sorte de famille… » Répondit-elle, et c’était tellement facile pour elle de traiter les gens comme sa propre famille, elle se sentait si proche rapidement des autres, elle les aimait tellement entièrement…

« J’imagine que vous devez être très proche de votre mère… j’ai toujours été très proche de mes parents adoptifs aussi. » Finit-elle.