Emily Jane Cardinal

We can complain because rose bushes have thorns, or rejoice because thorn bushes have roses.

Caractère

Emily est une jeune femme qui cache bien son jeu. En effet, à première vue, elle peut sembler séductrice voire même légèrement hautaine. Toujours très féminine, elle est consciente de ses atouts et sait en jouer. Ce n'est néanmoins qu'un masque qui cache une jeune femme déterminée et courageuse qui est prête à tout pour les siens mais aussi pour ses rêves. Bien qu'elle puisse se montrer rancunière, elle arrive le plus souvent à se maîtriser pour agir en subtilité. La vengeance est un plat qui se mange froid et elle l'aime glacée. Mais elle ne s'encombrera néanmoins pas d'une vengeance si elle peut avancer sans. Avec ses proches, quand elle est en confiance, c'est une femme douce et bienveillante mais cet aspect n'est pas facile à voir. Depuis le décès de son père, la jeune femme a en effet du mal à s'attacher. Sans compter les mésaventures qui la pousse aujourd'hui à ne jamais montrer ses faiblesses. Fière donc, pas nécessairement par choix mais il faut l'être pour se faire une place dans ce monde d'homme. Emily peut aussi se montrer autoritaire et exigeante (surtout envers elle-même d'ailleurs) car elle vise toujours le meilleur. Elle n'a pas peur des sacrifices et ne recule devant rien.

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Derrière l'écran

Histoire

« Maman t’avait dit de faire de vraies études. »

Suite à mon renvoi du garage, j’avais préféré retourner chez notre mère qui, de toute façon, avait toujours besoin d’aide. Puis je voulais mettre de l'argent de côté pour pouvoir ouvrir mon garage un jour, un rêve que je refusais de mettre de côté... Je n’étais pas fière bien sûr mais j’aimais ma famille. Enfin, hormis les quelques frictions entre nous mais quelle famille n’en avait pas ?

« Parce que le boulot de papa c’était pas un vrai boulot ? »

Lançais-je à ma cadette, la prenant de court. Elle se réfugia derrière une gorgée de café alors que notre mère soupirait de nous entendre nous chicaner une fois de plus. Elle vint ensuite nous rejoindre à la table de la cuisine en me caressant doucement l’épaule au passage.

« Ce que ta sœur veut dire c’est que tu n’as pas choisi une voie facile pour une femme. »

« Oui voilà. »

Reprit Laura, heureuse que quelqu’un ait pu justifier ses dires. Je sais que maman la préfère un peu à moi et c’est normal, elle a toujours tout bien fait, jamais la moindre bêtise, jamais un verre de trop... Une enfant parfaite à l’avenir tout tracé, pas comme moi pour qui l’avenir était de plus en plus incertain.

« Tu as rappelé Madame Desroches ? »

Demanda ma mère, sentant sûrement le regard assassin que je lançais à Laura, mes doigts serrés autour de ma tasse. Ce n’était pas le moment de me chercher des poux, pas déjà, j’avais trop mal pour être compréhensive ou patiente. Ce connard qui m’avait fait perdre mon poste par pure jalousie ! Et aussi parce que je n’avais pas voulu coucher avec lui... Mais qui le voudrait avec sa tête de rat ? En tous cas la matriarche Cardinal m’avait trouvé un contact pour m’aider dans ma quête de travail. J’avais besoin d’argent pour les aider mais aussi pour maintenir le train de vie que j’aimais.

« Oui, elle a tout ce qu’il faut et normalement je commence au restaurant lundi. Ce n’est qu’une petite mission d’un mois pour un remplacement mais elle va chercher autre chose de plus constant pour la prochaine fois. »

Répondis-je sans grand enthousiasme, mon regard perdu au fond de ma tasse à moitié vide. Dur de ne pas voir le monde comme ça avec la réputation que le garage s’était empressé de me faire... Je n’allais pas pouvoir retravailler dans la mécanique avant un moment et c’était bien ça le pire. Heureusement, il me restait la voiture de papa à terminer, j’aurais au moins un peu les mains dans le cambouis de temps en temps.

« C’est une bonne chose. Et je suis sûre que ça va se tasser avec le temps. Tu sais ce que tu vaux, quelqu’un te laissera refaire tes preuves un jour, il faut juste être patiente. »

Claire avait posé sa main sur la mienne pour que j’arrête de faire tourner ma tasse. Elle avait toujours eu cette voix rassurante et sûre qui pouvait tout vous faire croire. Mon cœur s’apaisa un peu et je pu même lui décrocher un sourire. Nous n’avions pas toujours eu une relation calme et sereine mais nous nous aimions et elle avait confiance en moi comme j’avais confiance en elle. Une mère forte et exemplaire que je souhaite à tout le monde.

« Oui sûrement... J'espère juste que ça arrive avant que Grace ne trouve un époux. »

Plaisantais-je en haussant les épaules. Grace est la petite dernière de la famille, elle avait déjà dix-sept ans à l'époque et j'en avais trente. Elle n'était pas un cas désespéré mais elle détestait beaucoup de choses et le mariage en faisait partie. Elle s'était d'ailleurs disputée avec Laura à cause de ça assez récemment, d'où le sourire sur le visage de ma mère et la grimace sur celle de ma cadette. J'aimais mes sœurs même si ce n'était pas toujours visible. Et Grace avait toujours été particulièrement proche de moi, un peu plus garçon manqué elle aussi, un peu moins sage...

Quoi qu'il en soit, ma déception se voyait aussi beaucoup moins que ce qu'elle aurait dû : J'avais travaillé dans pas mal de petit garages avant d'enfin me faire une place, j'avais travaillé dur pour leur prouver que je méritais ce job et tout s'était écroulé en un rien de temps. Mais pour aider ma mère et pour continuer à vivre comme j'aimais le faire, il fallait que je bosse, tant pis pour mon rêve. Pour l'instant en tous cas car il était hors de question que j'y renonce... Plutôt mourir !  


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« Alors ? »

Demanda ma mère qui m'avait attendu sur le perron avec un café à la main. Elle rentrait du travail, son air fatigué en disait long mais son sourire valait tout l'or du monde.

« Alors tu avais raison, j'ai le poste ! Bon, il ne faut pas crier victoire trop vite mais je commence dès demain. Heureusement que j'ai eu quelques occasions de m'entraîner pour ne pas perdre la main ! »

Parmi mes petits boulots, j'avais réparé quelques voitures ou quelques motos au black. Rien de très légal mais ça m'avait permis de garder la main et de m'éclater un peu. J'avais aussi terminé de retaper la voiture de mon père ce qui n'avait pas été si facile en vue de l'état de l'engin de départ. Mais elle roulait maintenant et elle était comme neuve.

« Tu vois, je t'avais dit que ça finirait par payer. Parfois il faut juste un peu de patience et de persévérance. »

L'optimisme de ma mère est ce qui nous avait toutes maintenues à flot après le décès de mon père... J'ignore encore comment elle faisait pour tenir le coup malgré tout ce que nous avions traversé.

« Trois ans ça ne s'appelle plus de la patience ! »

Soulignais-je avec un petit air narquois. J'avais du mal à être aussi sûre qu'elle mais j'avais foi en son instinct, elle ne se trompait jamais.  

« Mais Grace n'est toujours pas mariée ! »

Rétorqua-t-elle en se levant pour me prendre dans ses bras. Elle avait aussi une mémoire d'éléphant qui me surprenait toujours. Une sacrée femme que j'admirais beaucoup.


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« T'es sûre que ça va ? On dirait que t'a mangé un truc périmé... »

Grace était sur le pas de la porte de notre salle de bain, appuyée sur l'embrasure, les bras croisés sur la poitrine. Malgré ses vingt ans, elle avait toujours le don de ressembler à une ado rebelle. Un sacré caractère dans un sacré petit bout de femme, j'étais fière d'elle même s'il m'arrivait de m'inquiéter pour son avenir. En tous cas, pour l'instant, je n'étais pas inquiète, j'étais nauséeuse.

« Oui oui ça va c'est... C'est juste qu'on a un peu trop fait la fête hier soir. »

Répondis-je, espérant que passer un peu d'eau sur mon visage y change quelque chose. Ce n'était pas faux, nous avions bien célébré hier mais ce qui me rendait le plus malade était ce qui s'était passé ensuite... Quelle conne ! Parmi tous les hommes du garage il avait fallut que je cède sur le patron ! Je m'étais promis de ne jamais faire ça, de ne jamais mêler travail et vie privée mais là ? Je ne sais pas, trop de mois à se tourner autour, trop de tension, trop d'alcool... Et en plus c'est moi qui été venu le chercher, vraiment minable ! Il allait me virer c'est sûr ! Ou pire, se servir de ça pour me garder ? Je n'en savais rien mais je n'étais pas fière et je ne savais plus quoi penser.

« Un peu trop fêté hein ? Allé tu peux me le dire... C'est lequel ? »

Nous étions proche, trop à mon goût, en ce moment du moins. Elle n'avait jamais pu me mentir mais c'était réciproque, nous nous connaissions trop bien. Heureusement que Laura était dans sa bulle car elle aurait été tellement déçue ! En tous cas, si Grace était capable de voir ça, ma mère allait l'être aussi alors il fallait que je quitte la maison avant qu'elle ne me voit ! J'allais devoir faire vite... Ce qui semblait impossible dans mon état.

« Petite fouine, tu n'as rien de mieux à faire que de te moquer de ta vieille sœur ? Laisse moi tranquille, il faut que je me prépare ! »

Pour aller au garage et être virée... Mais je devais y aller. Après avoir gentiment poussé ma sœur hors de la pièce, je fermais la porte et tentais de me préparer, mes gestes se faisant de plus en plus nerveux. Je l'entendais rire derrière, elle devait faire des paris dans sa tête et, vu qu'elle squattait souvent au garage, il était probable qu'elle sache très bien qui occupait mon esprit en ce moment... Juste lui ! Pourquoi ne pouvait-il pas être aussi laid et détestable que mon ancien patron ?

Une fois prête mais toujours honteuse, je quittais la maison à pas de souris en esquivant ma mère. Grace s'était un peu calmée, sentant sûrement que cette affaire ne m'amusait pas le moins du monde. Elle savait ce qui s'était passé dans le précédent garage, s'était d'ailleurs l'une des rare à savoir la vraie raison de la colère de ce collègue... Puis elle n'était pas bête ma petite puce, bien moins qu'elle n'en avait l'air quand elle se moquait de la sorte d'ailleurs !

Quand j'arrivais au garage, mon cœur battait à tout rompre et je ne savais pas où me mettre. Personne ne semblait avoir de doute et nous étions tous un peu cuits de la veille. Un café de plus, deux trois blagues puis au boulot. À ma grande surprise, Deran ne me fit pas la moindre remarque et les choses reprirent leur cours comme si de rien n'était. Avait-il oublié ? J'en étais presque à espérer que oui, ce serait encore le plus simple. Pas de souvenirs, pas de problèmes, je pouvais vivre avec...

Mais il n'avait pas oublié. Au fond, j'en étais bien plus heureuse que je ne l'aurais pensé même si la peur continuait à me tordre le ventre. Je ne veux pas que les autres l'apprennent même si l'ambiance ici est bien différente que dans l'autre garage. Hors de question qu'ils pensent que j'ai le poste à cause d'une promotion canapé. Je suis là pour mon travail et mes capacités et je fais mes preuves tous les jours. Je ne compte pas les heures, je suis perfectionniste et je sais ce que je fais. Nous jouons à un jeu dangereux et je risque fort de m'y bruler les ailes mais... Il faut vivre dangereusement non ?

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