J'adorais le Hockey sous toutes ses formes et ce depuis l'enfance. Mon père m'avait mené à tous les match que nous avions pu voir et il payait une chaîne spéciale pour pouvoir les voir en direct depuis notre canapé. Il m'avait aussi offert mes premiers patins et m'avait mené sur la glace dès que l'occasion se présentait. À chaque vacances passée à Ottawa, je faisais un stage de quelques jours dans l'équipe junior locale dont mon père connaissait le coach. Une passion, un truc génétique qui coulait dans mes veines. Aujourd'hui encore, j'adorais enfiler mes patins et me perdre sur la glace, tout comme j'aimais faire des petits match amicaux avec les Weary ou avec qui voulait bien jouer avec moi. Rien de très professionnel mais ça ne m'avait jamais frustré, ce n'était pas mon rêve, je voulais juste jouer pour le plaisir.
Et c'est d'ailleurs pour le plaisir que je m'étais faufilée à un match d'entraînement des espoirs juniors d’Ottawa. J'avais entendu des éclats de voix, vu de l'agitation alors j'étais entrée. Au départ j'avais simplement prévu une petite promenade mais un petit match était tout aussi attrayant. Installée dans le public qui était assez rare en vue de l'aspect non-officiel du jeu, j'observais les jeunes joueurs se démener sur la glace. Ils étaient bons même si certains portaient un peu moins bien le nom d'espoir que d'autres. L'idée me fit sourire toute seule juste avant qu'un pincement ne s'empare de mon cœur : Si j'avais eu un enfant, il serait encore trop jeune pour jouer mais il serait là aujourd'hui, prêt à enfiler ses patins dès qu'il en aurait eu l'âge... Mon sourire s'effaça rapidement et il me fallut quelques secondes pour revenir sur terre. Décidément, je n'allais pas mieux, il allait vraiment falloir que je finisse par me soigner... Mais pas tout de suite, je n'avais pas terminé ma lutte.
Le match prit bientôt fin mais je restais un moment à ma place, observant sans vraiment les voir les enfants sortir peu à peu de mon champ de vision. Puis soudain mon attention fut attirée vers un petit garçon que d'autres semblaient avoir prit en grippe... Ce n'était pas l'esprit du hockey ça ! On règle ses problèmes sur la glace, pas après ! Je fronce les sourcils puis saute de mon siège pour m'approcher du petit groupe, les mains dans les poches mais sans avoir l'air trop sévère. Je ne suis pas le coach, je ne suis même pas la mère ou la sœur de l'un d'entre eux non plus. Cela ne m'empêche pas de ne pas aimer l'injustice et les petit caïds de pacotille. Un signe de la tête vers le plus grand d'entre eux qui a remarqué mon arrivée avant les autres.
« La jalousie est très mal vue au Hockey, on sait reconnaître un bon joueur et on sait être humble sinon on ne mérite pas sa crosse. »
Leur lançais-je simplement. Et BOUM, dans leur fierté. Il faut dire que le petit était effectivement doué, bien plus que le grand crétin qui avaient eu deux mains gauches pendant le match. Le grand me lance quand même un regard se voulant noir puis il disparaît avec sa petite clique, laissant le jeune homme seul avec moi. Toujours les mains dans les poches, je les regarde partir un moment avant de reporter mon attention vers le joueur restant. Ce n'est qu'alors que je réalisais qu'il était un habitué du Book'in Bar que je n'avais pas reconnu dans sa tenue de Hockey. Mon sourire s'élargit un peu plus alors que j'haussais les épaules avec un air sincèrement désolé.
« Je suis navrée, je n'aurais peut-être pas dû intervenir... » Avouais-je, réalisant soudain que ça ne jouerait peut-être pas en sa faveur... « Tu vas bien ? Hugo c'est ça ? »
Trop tard pour faire demi-tour de toute façon, le mal était fait... Mais au moins ils n'étaient plus là pour l'embêter et j'aurais la conscience plus tranquille. Et il est où l'entraîneur d'ailleurs ? Comment peut-il laisser se genre de chose se passer ? J'avais sûrement manqué un épisode à rêvasser comme une idiote... C'était terrible ces mini-crise d'angoisse qui me faisaient complètement me déconnecter du monde réel. Elles étaient moins fréquentes quand même mais ça restait pénible. J'irais mieux un jour, promis.
