Depuis à peu près toujours, le sport avait été pour Georgia une petit bouffée d’air frais dans son quotidien. Elle aimait se dépenser, elle aimait ressentir l’effort dans son corps, elle aimait se sentir plus forte, plus sûre d’elle. Grande sportive, elle pratiquait la majeure partie du temps de la danse, mais, depuis son arrivée à Ottawa, elle avait aussi établi son petit rituel, en se rendant plusieurs fois par semaine à la salle de sport. Ce n’était pas toujours l’environnement idéal, temple de la masculinité, la salle de sport lui avait amené son petit lot de mauvaises rencontres, toujours des hommes, qui voulaient lui dire comment faire ce qu’elle faisait déjà très bien, merci, ou qui cherchaient à la séduire, ce qui ne l’intéressait pas vraiment plus. Elle ne venait pas à la salle pour faire des rencontres, encore moins pour des rencontres amoureuses, néanmoins, même si ce n’était pas son objectif premier, il était vrai que la salle pouvait être un lien de sociabilisation intéressante. De nature plutôt extravertie, Georgia allait facilement vers les gens, et bien qu’elle ne cherchait pas à se faire des amis en allant à la salle, elle y avait fait quelques rencontres, de gens qui pour la plus part elle avait trouvé facile d’apprécier, et qui même avec certains l’avait mené à se lier d’amitié, cela au fil des séances. Il y avait notamment cette femme, Auva, avec qui elle avait beaucoup discuté, et dont les rencontres à la salle de sport s’étaient progressivement transformés, se prolongeant sous la forme de rencontre autour d’un petit verre, ou d’un morceau, partagé après la séance. C’était un nouveau rituel dans le rituel pour ainsi dire, et elle trouvait se temps appréciable comme elle aimait la compagnie et que Auva était très certainement une personne fort agréable.

Aujourd’hui était l’un de ces jours où après la séance elles se retrouvaient pour un petit rendez-vous agréable. Une occasion de partager un bon moment entre amies et de découvrir un nouvel endroit qu’elle ne connaissait pas dans cette ville qui pour beaucoup lui était encore assez inconnue. Georgia nettoya la machine qu’elle venait d’utiliser et se dirigea vers l’espace dédié à l’exercice au sol, elle prit un tapis et commença à s’étirer. L’étirement était une étape importante de tout exercice physique, surtout pour elle qui était danseuse de profession, la musculation avait tendance à rigidifier les muscles alors que les exercices d’étirement et de yoga aidaient à les assouplir. Elle s’étira avec minutie, comptant bien une vingtaine de secondes pour chaque étirement, et s’étirant bien chaque partie du corps. Quand elle faisait du sport, tout comme lorsqu’elle dansait, elle était souvent dans sa bulle, les étirements faisaient partis de ce temps là où elle se renfermait sur elle-même et n’était plus attentive qu’à ses sensations physiques. Ne prêtant plus attention à ce qu’il se passait autour d’elle ni aux gens qui l’entouraient. Ses étirements finis elle rangea le tapis, récupéra sa serviette et sa gourde et se dirigea vers les vestiaires. En entrant elle fit un rapide tour visuel à la recherche d’Auva, mais la femme ne s’y trouvait pas encore, ou bien l’attendait déjà dehors. Elle se pressa, passant très rapidement sous la douche pour se nettoyer, et s’habillant en vitesse, avant de sortir. Elle retrouva Auva à l’extérieur, la jeune femme l’attendant patiemment sur sa moto, un casque à la main. Le temps était plutôt beau, pour un mois d’octobre, il faisait assez bon et un soleil radieux brillait haut dans le ciel au-dessus d’elles… Il y avait tout pour passer une excellente journée à l’extérieur ! Elle se demandait ce que Auva lui avait réservé cette fois-ci. Elle était assez impatiente de le découvrir. Auva s'excusa de l'avoir fait attendre et lui proposa de la prendre avec elle sur sa moto ou de lui donner l’adresse et qu’elles se rejoignent là-bas. Elle lui sourit en attrapant le casque.  

« Non, je n'ai pas attendu, t'inquiète pas. Et je viens sur le bolide ! » Répondit-elle sur un ton enjoué. « Alors, quel est le programme du jour ? » Demanda-t-elle en grimpant sur la moto. Elle savait qu’Auva ne lui dirait sans doute pas, préférant lui garder la surprise de la sortie du jour, mais elle pouvait toujours essayé… Qui ne tente rien n’a rien.

Georgia appréciait beaucoup l’enthousiasme et la fraîcheur d’Auva, sa personnalité douce et sa personne simple. Dès leur première rencontre, elles s’étaient rapidement liées d’amitié, il faut dire qu’il était assez aisé de se lier avec Georgia, la jeune femme avait un caractère doux et il était facile d’être son ami. Si elle vous adoptait, elle vous faisait rapidement sentir comme si vous étiez un membre de sa famille. Georgia aimait facilement. Elle n’aurait raté ces petits rendez-vous avec Auva pour rien au monde, c’était un véritable vent de fraîcheur, une petite bulle douce, au sein de son quotidien. Elle sourit alors qu’elle attrapait le casque et le posait sur sa tête, attachant soigneusement la sangle sous son menton avant de grimper à l’arrière de la moto. Elle n’était pas particulièrement fan de belles mécaniques et n’avait pas du tout l’œil pour ces choses là. Mais c’était un bel engin. Son ex petit ami avec lequel elle avait voyagé à travers les États-Unis avait eu une moto et ils avaient passé un bon bout de temps à rouler dessus, donc, même si elle n’en avait jamais conduit elle-même, elle n’était pas particulièrement effrayée par la perspective de monter dessus. Comme elle s’en était doutée, Auva ne lâcha pas le morceau quant à leur destination lorsqu’elle le lui demanda, lui gardant la surprise. Georgia aimait les surprises. Ça apportait toujours, un petit quelque chose, ça donnait un parfum particulier aux choses. Elle démarra et la moto fila à travers la rue. Georgia regarda avec un certain ébahissement le paysage de la ville défiler devant eux, peu à peu, les immeubles cédèrent leur place aux pavillons de banlieue et aux petites maisons simples, avant que la campagne ne s’établisse sous leur yeux. Le trajet fut assez long et lorsque Auva se gara dans le parking de ce qui semblait être un ranch Georgia, bien qu’habituée aux longs voyages, fut heureuse de pouvoir enfin se dégourdir les jambes. Elle sauta de la moto et ôta son casque, ce dernier avait écrasé ses cheveux qui ressemblaient maintenant à une étrange sculpture plate et hirsute, plus qu’à une véritable chevelure. Elle secoua la tête et passa ses mains dans ses cheveux, tentant de leur faire reprendre leur véritable forme. Une fois cela fait, elle regarda autour d’elle, au ranch et aux prairies peuplées d’équidés broutant joyeusement l’herbe verte. Auva lui expliqua que le ranch était leur première étape et qu’elle connaissait d’ici une superbe randonnée, qu’elles pouvaient faire à pied ou à cheval, selon sa convenance. Georgia s’approcha tranquillement de la barrière d’un des enclos à chevaux, observant avec fascination un cheval à la robe brune qui se trouvait à l’intérieur.

« J’adore l’idée. » Dit-elle en se retournant vers Auva, un sourire heureux s’était établi sur ses traits. Elle venait d’Alberta et elle aimait la nature et les chevaux, peut-être pas autant que la danse mais c’était tout de même très appréciable. Elle avait particulièrement aimé randonner dans les grands parcs des États-Unis quand elle avait été là-bas et cet endroit lui rappelait un peu cela.

« Est-ce qu’on peut emprunter les chevaux ? Ça fait une éternité que je ne suis pas montée à cheval… » Demanda-t-elle, pleine d’espoir. Cela faisait bien depuis son adolescence qu’elle n’avait pas monté à cheval et la perspective d’une promenade équestre dans la nature lui plaisait énormément.

« Cet endroit me rappelle le Yosemite… » Dit-elle en regardant aux escarpements bordés de forêts, ça avait l’air vraiment magnifique.  

Ses parents avaient toujours voulu qu’elle expérimente des expériences très diversifiées, que ce soit le théâtre, la danse, l’art plastique, et aussi bien sûre l’équitation. Elle en avait fait pendant une ou deux années, au début de son adolescence, elle n’avait monté que des petits chevaux peu farouches, et même si ce n’était pas autant son truc que la danse, elle avait apprécié les balades au cœur de la nature en compagnie d’un animal aussi doux et noble que l’était le cheval. Elle avait trouvé la communion avec la nature et l’animal extrêmement apaisante et le lien qui se formait entre le cavalier et sa monture était quelque chose de vraiment précieux, ils développaient une relation rare d’harmonie entre eux. Elle avait grandi après tout dans une terre de montagnes et de forêt elle avait toujours été plus ou moins proche de la nature, même à Edmonton. Et au cours de ses voyages, elle s’était rapidement éloignée des villes, pour découvrir les grands espaces, tous ces paysages, de bois et de montagnes, de plaines et de lacs et de rivières, elle avait toujours adoré la nature… C’était aussi quelqu’un qui s’émerveillait facilement, un coucher de soleil sur les crêtes rouges du Nevada, une libellule aux ailes dorées sur les rives de la rivière Saskatchewan, la beauté d’une simple chute d’eau, le reflet des étoiles dans le lac Mirror… Tant d’instants, gravés en elle, de souvenirs aussi nettes que des photographies…

Auva la rejoignit devant la barrière et lui expliqua qu’elle avait demandé à son amie de leur garder deux chevaux. Georgia était autant excitée qu’un peu nerveuse, elle n’avait pas monté depuis longtemps et elle espérait que l’équitation fonctionnait un peu comme vélo, qu’on n’oubliait jamais vraiment…

« J’espère juste que je n’ai pas oublié comment on fait… » Se fit-elle la remarque à haute voix. Auva l’invita à la suivre jusqu’au box où étaient gardés les cheveux et elle lui emboîta le pas, pendant qu’elles marchaient Georgia fit la remarque que les environs lui faisaient beaucoup penser à quelques souvenirs de voyages. Auva se désola de n’avoir jamais pu visiter les grands parcs de l’Ouest américain.

« Il y a un début à tout. J’ai beaucoup voyagé quand j’étais adolescente, mes parents m’ont donné le goût du voyage. » Ils partaient souvent en vacances lorsqu’elle était jeune, visitant le Canada et les États-Unis, et après le lycée elle avait fais tout un tour avec son petit ami de l’Amérique du nord, c’était les meilleurs instants de sa vie, jusqu’à que tout tourne au drame. Vous croyez connaître quelqu’un, et puis un jour vous vous réveillez, et vous vous rendez compte que la personne que vous aimiez est un monstre… Alors qu’elles approchaient du ranch, une femme, sans doute la propriétaire, vint à leur rencontre. Bottes de cow-boy, veste à franches et chapeau, elle avait la panoplie complète. Elle les salua chaleureusement et les invita à aller voir les chevaux qu’elle avait préparé, c’était deux belles bêtes, un beige et un tout noir, ils étaient déjà harnachés, à la satisfaction de Georgia qui n’aurait sans doute pas su comment faire… Elle leur expliqua deux trois petites choses puis les laissa au choix de leur monture. Auva lui demanda si elle avait déjà monté et si elle avait besoin d’un petit tour de chauffe ou si elle était prête à partir tout de suite.

« Je suis montée un peu quand j’étais ado, mais ça fait longtemps… Un peu d’échauffement ne devrait pas faire de mal… » Répondit-elle. Elle était sûre de savoir encore comment faire, mais… Elle préférait faire preuve de prudence. On lui avait toujours dit que monter à cheval, ce n’était pas rien. Auva lui laissa choisir sa monture en première et Georgia regarda aux deux animaux dans l’enclos, les deux semblaient être de braves bêtes… Elle avait du mal à se décider. Elle aimait Shadow et son air ténébreux, mais en même temps Moka lui faisait penser aux boissons chaudes au coin du feu par une froide journée d’hiver…

« Si ça ne te dérange pas… je vais prendre Moka. » Répondit-elle. Va pour le cheval au nom de café ! Ce n’était pas parce qu’elle n’en buvait pas qu’elle ne pouvait pas en monter…

Georgia avait rapidement exprimé ses craintes et Auva la rassura, lui assurant que monter à cheval ça ne s’oubliait pas, tout comme faire du vélo. Elle trouvait néanmoins un peu plus aisé de tenir sur deux roues que de monter sur un animal qui faisait plus d’un mètre cinquante de haut et qui avait son propre libre arbitre. Néanmoins, la jeune fille espérait vraiment que c’était le cas. Elle hocha la tête, à moitié rassurée, à moitié encore un peu nerveuse. Elle savait qu’elle ne devait pas être trop tendue, parce que les animaux pouvaient le sentir et ça pouvait les perturber. Elle soupira doucement et essaya de reprendre le contrôle sur ses pensées. Elle sourit à Auva, peu sûre d’elle.

« Ouais, ça va aller. » Assura-t-elle. Qui essayait-elle de convaincre ? Elle secoua la tête. Alors qu’elle observait le paysage, vraiment magnifique, autour d’elles, elle se remémora quelques souvenirs de voyages, dont elle fit part à Auva. Elles partagèrent quelques expériences à ce sujet, Auva lui avouant qu’elle était aussi tombée dedans quand elle était plus jeune et lui expliquant qu’elle avait surtout voyagé sur le vieux continent. Georgia n’avait jamais quitté l’Amérique pour sa part, enfin, non, ce n’était pas tout à fait vrai, comme elle était venue d’Afrique quand elle était tout bébé. Mais elle aimerait un jour voyager dans le reste du monde, surtout, elle avait le souhait secret de se rendre sur la terre où elle était née, même si elle aimait sa patrie d’adoption, et ses parents, elle avait une certaine curiosité de l’endroit d’où elle venait et elle se demandait aussi qui étaient ses véritables parents et pourquoi ils l’avaient abandonnée… Elle avait imaginé toute sorte de choses à ce sujet, élaborant des théories. De par son naturel positif, elle ne pouvait pas simplement croire qu’on l’avait abandonnée parce qu’on ne voulait pas d’elle, elle pensait qu’il devait y avoir une raison à cela… Elle se tourna vers Auva.

« Comment c’est l’Europe ? Ça doit être magnifique… Personnellement j’ai toujours rêvé d’aller en Afrique, pour renouer avec mes origines… Même si je doute que je puisse retrouver la trace de ma famille en allant là-bas… » Dit-elle. Elle n’avait vraiment jamais essayé de chercher, mais des fois, l’envie se faisait simplement sentir. Elle ne savait pas vraiment comment elle se sentait à ce sujet, ni comment se sentiraient ses parents si ils savaient qu’elle voulait chercher ses géniteurs. Ils étaient assez bienveillants et ouverts à son avis pour comprendre qu’elle ait besoin de connaître ses racines, et même si un jour elle retrouvait ses vrais parents, elle espérait qu’ils savaient qu’ils resteraient toujours sa véritable famille. Elles se déplacèrent jusqu’aux enclos où attendaient patiemment Moka et Shadow, là Auva la rassura de nouveau, lui rappelant de ne pas se brusquer et de ne pas être nerveuse, à nouveau elle hocha la tête. Ça devrait aller. Auva lui proposa de choisir un cheval et après une rapide hésitation elle décida de prendre Moka. Elle lui laissa aller chercher son cheval. Elle entra lentement dans le box, essayant de chasser sa nervosité, et se dirigea calmement vers l’animal. Celui-ci ne bougea pas à son approche, il semblait assez calme et doux. Elle attrapa son licol et porta une main douce contre son cou. L’animal ne broncha pas et doucement elle commença à le caresser, murmurant des paroles calmes pour le rassurer. Auva lui demanda si elle voulait qu’elle reste un peu au sol le temps qu’elle se remette dedans et Georgia qui avait retrouvé un élan de confiance en elle secoua simplement la tête.

« C’est bon, ça devrait aller. » Dit-elle. Elle fit sortir l’animal du box, il la suivit docilement. Puis, elle grimpa délicatement sur son dos, installant ses pieds dans les étriers. Doucement, elle tapota son pied contre le flanc de l’animal et celui-ci se mit à avancer, avec le licol elle le fit tourner dans un sens puis dans l’autre, faisant un tour sur elle-même. Elle tira sur le licol pour faire stopper l’animal et se tourna vers Auva, portant une main douce contre le pelage de l’animal.

« Je pense que Moka et moi sommes prêts à partir en balade. » Sourit-elle.

Cet endroit était vraiment magnifique. Si Georgia avait su qu’un si belle endroit se trouvait à seulement une heure de Ottawa, elle serait venue en balade ici bien avant. Les gens pensaient souvent qu’il fallait aller loin pour trouver de la beauté et du dépaysement, mais parfois il existait de vraies merveilles à seulement quelques pas de chez soit, il suffisait d’ouvrir les yeux et d’être un peu curieux. Et de la curiosité, la jeune Georgia en avait à revendre. Elle était ravie, vraiment, de pouvoir ainsi découvrir la ville, elle qui n’était pas d’ici, grâce aux conseils expérimentés d’Auva. Plus elle fréquentait la femme, plus elle appréciait leur amitié. Alors qu’elles parlaient de leur expériences de voyage, Georgia confia à Auva n’être jamais allée en Europe et vouloir aussi découvrir sa terre natale. Auva expliqua que l’Europe était vraiment très différente d’ici, qu’on y ressentait l’histoire à travers toutes ces vieilles pierres et ces vieux bâtiments. Georgia préférait la nature aux monuments, mais elle pouvait comprendre, et elle aimerait un jour avoir l’occasion de visiter ces vieux villages de pierres et ces beaux châteaux qu’elle n’avait vu que dans les films ou en photos. Auva la questionna, lui demandant si elle ne pourrait pas mener mener ses recherches depuis ici, en prenant contact avec l’agence qui s’était occupée d’elle. Elle haussa les épaules et plongea ses mains dans les poches de son jean, fixant le sol elle fit taper la pointe de sa chaussure dans un caillou qui alla rouler un peu plus loin.

« Je voudrais savoir, tu vois, d’où je viens, pourquoi… pourquoi on m’a laissée… Mais je me sens coupable et j’ai peur de faire du mal à mes parents en leur posant des questions… » Et pour connaître l’agence qui s’était occupée d’elle elle n’avait pas beaucoup de choix, elle devrait passer par ses parents. A moins d’éplucher toutes les agences d’adoption d’Afrique du Sud. Au moins, elle avait un pays de départ, c’était déjà un bon point, parce qu’elle se se voyait pas mener ses recherches sur un continent aussi grand que l’Afrique, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Déjà que, l’Afrique du Sud, ce n’était pas si petit… Mais, en réalité, le problème n’était même pas vraiment là, le problème c’était qu’elle n’était pas elle-même sûre de vouloir vraiment le savoir… Des fois, elle voulait, de tout son cœur, et d’autres fois, tout ce qu’elle pouvait faire c’était penser à ses parents et combien ils seraient déçus et tristes si ils savaient à quoi elle pensait. C’est pour ça, à cause de cette ambivalence, qu’elle n’avait encore rien tenté, rien entamé. C’était si facile de ne quasi pas y penser, de faire comme si c’était pas là, comme si ça n’existait pas. Elle relâcha un soupire, secouant ces pensées et se concentrant sur le moment présent, elles allaient passer une belle balade ! Elles se dirigèrent vers les box et après avoir choisi le cheval qu’elle monterait, Georgia le fit sortir de l’enclos et monta prudemment dessus sur son dos. Elle prit place sur sa selle, tenant doucement le licol entre ses mains et fit faire quelques mouvements au cheval, prenant de se familiariser avec lui. Elle sourit en voyant que Moka répondait bien au mouvement qu’elle voulait et assura à Auva qu’ils étaient fin prêts pour partir en balade. Son amie qui l’observait d’un œil attentif félicita ses qualités de cavalière et lui demanda si elle montée longtemps.

« J’ai du en faire pendant deux ans, quelque chose comme ça. » Dit-elle en haussant les épaules. Ce n’était pas grand-chose, vraiment. Elle avait fait quelques mois d’équitation, pour tester, comme ces parents voulaient lui faire expérimenter beaucoup d’activités diversifiées, en vérité elle avait beaucoup apprécié le travail en symbiose avec l’animal, mais elle avait du s’arrêter à un moment pour se concentrer sur sa formation de danse. Elle ne regrettait pas, évidemment, la danse était toute sa vie, mais, parfois, ça lui manquait. Aborder ces fantastiques paysages sur le dos d’une monture aussi noble et aussi gracieuse que le cheval…