Quand j'avais apprit que j'attendais un enfant, j'avais hésité : Nous étions jeunes, pas encore mariés, je n'avais même pas terminé mes études... L'avortement avait été une idée, tout comme le fait d'avoir recours à l'adoption pour lui offrir une vie meilleure. Puis nous étions allé à l'échographie obligatoire avant toute décision d'avortement et nous avions entendu son petit cœur. C'est là que j'ai su que je voulais la garder quoi qu'il advienne, que je voulais risquer qu'elle n'ait pas une vie merveilleuse pour que nous puissions être une famille. Hors nous avions quand même de la chance ici. Entre le fait d'être dans un pays développé, nous avions nos familles pour nous aider, nous avions un peu d'argent de côté. Nous ne roulions pas sur l'or mais nous pouvions lui offrir les bases d'une vie saine en plus de tout l'amour du monde. Si les choses avaient été différentes, j'aurais sûrement moins hésité, ne supportant pas l'idée qu'elle puisse un jour être malheureuse, même quand elle ne ressemblait qu'à une vague crevette dans mon ventre. Je souris donc doucement à mon amie, ne pouvant qu'imaginer ce qu'elle ressentait en comprenant sûrement mieux ses parents qu'elle.

« Je suis sûre que tes parents adoptifs comprendraient. Après tout, ils doivent même s'y attendre car il est légitime de vouloir savoir d'où on vient. » Affirmais-je sans trop de doutes même si je ne les connaissais pas. Mais elle n'en avait toujours dit que du bien. « Tu sais... Quand j'ai su que j'étais enceinte de Maddie, j'ai eu beaucoup de doutes et... J'ai eu très peur de ne pas pouvoir lui offrir l'enfance qu'elle méritait. Nous étions encore jeunes, je n'avais pas encore mon diplôme, nous n'avions pas trop d'argent, pas de travail... La garder était en fait très égoïste de notre part même si nous avions tout de même les moyens de faire relativement bien. » Avouais-je, peu certaine d'en avoir déjà parlé hors de ma famille, même à l'époque. Il faut dire que ce n'est pas une conversation facile... « Peut-être... Peut-être que tes parents biologiques ont été plus courageux que nous en t'offrant un plus bel avenir ? »

C'était souvent le cas, surtout dans les pays en voix de développement j'imagine. Quand on est dans une situation difficile, il est horrible d'y ajouter un enfant innocent. Cet enfant qu'on ne pourra pas rendre heureux et qui va subir nos erreurs au prix fort. C'est très courageux et très généreux au fond. Surtout que Georgia semblait être bien tombée avec cette famille dont elle me parlait souvent avec le sourire. J'ignorais les détails mais je ne pouvais que penser que c'était mieux ainsi. Après tout, le destin fait parfois bien les choses non ? Car, même si j'étais dans une situation délicate avec Saul, je ne regrettais pas Maddie, pas le moins du monde. C'était même la meilleure chose qui me soit arrivée...

« C'est déjà bien ! »

Souriais-je ensuite alors que la conversation s'était allégée. Nous étions à présent sur nos fidèles destriers, en chemin vers notre randonnée, profitant allègrement du temps encore doux de l'automne et du soleil qui chauffait nos visage. C'était si agréable de se sentir bercer par les pas des chevaux, surtout dans un tel cadre ! Une activité que je ne pratiquais pas assez même si nous tentions de venir souvent avec Maddie. Il allait falloir que je m'y mette plus sérieusement, ça faisait beaucoup de bien à mon âme et la charmante compagnie de mon amie aidait grandement.

« Si tu veux, je peux te prévenir la prochaine fois que nous venons avec Maddie ? C'est assez rare mais ça arrive et je pense que je vais tenter de faire ça plus régulièrement. » Proposais-je avec enthousiasme et sincérité. « Oh et d'ailleurs elle te passe le bonjour ! »

Les filles s'étaient déjà croisées même si elles n'avaient pas réellement eu le temps de faire connaissance. Maddie me rejoignait souvent à la salle après ses cours, même juste pour "venir me chercher". Nous étions proches toutes les deux, un rapprochement qui m'avait fait beaucoup de bien, surtout après l'emprisonnement de Saul qui avait bien faillit tout détruire entre nous. Mais c'était loin derrière à présent et j'en remerciais le ciel tous les jours. Sans ma fille je n'étais rien.

« Et sinon comment ça se passe au travail ? »

Demandais-je, toujours souriante. Georgia n'avait pas choisi une carrière facile et je l'admirais d'autant plus pour ça. Vivre de sa passion n'est pas donné à tout le monde, j'en savais quelque chose ! Et j'espérais réellement pour elle que son avenir soit aussi glorieux qu'elle le mérite.

with @Georgia Wells

Pando